Yémen: grave crise humanitaire, pas de répit dans les violences

  • Des réfugiés yéménites arrivent dans un camp du HCR à Obock, près de Djibouti
    Des réfugiés yéménites arrivent dans un camp du HCR à Obock, près de Djibouti AFP - TONY KARUMBA
  • Des combattants yéménites partisans du président Abd Rabbo Mansour Hadi tirent en direction de rebelles chiites Houthis dans une rue d'Aden, dans le sud du pays, le 8 avril 2015
    Des combattants yéménites partisans du président Abd Rabbo Mansour Hadi tirent en direction de rebelles chiites Houthis dans une rue d'Aden, dans le sud du pays, le 8 avril 2015 AFP/Archives - SALEH AL-OBEIDI
  • Des combattants yéménites partisans du président Abd Rabbo Mansour Hadi patrouillent dans une rue d'Aden, dans le sud du pays, le 12 avril 2015
    Des combattants yéménites partisans du président Abd Rabbo Mansour Hadi patrouillent dans une rue d'Aden, dans le sud du pays, le 12 avril 2015 AFP - SALEH AL-OBEIDI
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Centre Presse Aveyron

Pénuries, exode et centaines de morts. La situation devient intenable au Yémen où les organisations humanitaires ont appelé lundi les protagonistes à "minimiser" la souffrance des civils au 19e jour de l'opération menée par l'Arabie saoudite contre les rebelles chiites.

Aden, la deuxième ville du pays, a vécu ses heures les plus violentes depuis le début le 26 mars de la campagne aérienne de la coalition arabe menée par Ryad qui entend empêcher les rebelles chiites Houthis de prendre le pouvoir au Yémen, son voisin.

Outre les victimes des frappes, au moins 30 personnes sont mortes dans la nuit de dimanche à lundi dans les combats entre Houthis et partisans du président Abd Rabbo Mansour Hadi.

Les raids ont visé des barrages et des positions rebelles aux entrées de la cité portuaire, ainsi que le complexe présidentiel tenu par les rebelles, dernier refuge de M. Hadi avant sa fuite vers l'Arabie saoudite fin mars.

Après 19 jours de combats, la population d'Aden commence à manquer de tout, en premier lieu de nourriture, et de nombreuses familles ont choisi l'exil.

"Les écoles, les universités et des entreprises publiques et privées ont fermé", explique un militant pro-Hadi, Metaz al-Maisouri. "De nombreux ouvriers et employés ont été licenciés par leurs patrons qui ne pouvaient plus les payer".

Plus au nord, à Daleh, 43 personnes sont mortes depuis dimanche selon un responsable. Et lundi, trois enfants ont péri dans la chute d'un obus sur leur maison, selon un militant.

- Combats, Snipers, violations -

Des centaines de personnes sont mortes à travers le pays, et des milliers ont été blessées depuis la mi-mars, selon l'ONU.

Les pertes des Houthis et de leurs alliés, des militaires restés fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, restent largement inconnues, mais les images des raids, diffusées par la coalition, laissent supposer un grand nombre de victimes.

A la frontière yéméno-saoudienne, où Ryad a renforcé ses troupes, ce sont des centaines de Houthis qui sont morts depuis le 26 mars selon les saoudiens.

Face à la situation, Human Rights Watch (HRW) a imploré la coalition arabe de prendre "les mesures nécessaires pour minimiser la souffrance des civils", et lui a demandé, ainsi qu'à Washington, d'enquêter sur des "violations présumées des règles en temps de guerre", dont le bombardement d'un camp de déplacés.

"Le nombre alarmant de civils tués et la crise humanitaire devraient pousser la coalition et les Houthis à sérieusement considérer de protéger les civils", a dit Philippe Bolopion, directeur du plaidoyer chez HRW.

Pour l'heure, la population vit dans la peur. "Nous ne pouvons pas quitter notre domicile en raison des snipers", raconte Adwaa Moubarak, 48 ans. "Il y a des combats à tous les coins de rue et j'ai forcé mes enfants à rester à la maison car plusieurs de mes voisins ont été tués par des tireurs Houthis".

Dans ce contexte, le personnel de Médecins sans frontières (MSF) connaît des difficultés pour se déplacer et accéder aux habitants ayant besoin d'assistance médicale, a précisé Marie-Elisabeth Ingres, l'une de ses responsables.

- Confrontation Ryad/Téhéran -

La crise est identique à Sanaa, selon la porte-parole de la Croix-Rouge internationale, Marie-Claire Feghali, présente dans la capitale yéménite.

Partis en septembre 2014 de leur fief de Saada (nord), les Houthis, liés à l'Iran, ont pris sur plusieurs mois le contrôle de Sanaa, de régions du centre et de l'ouest, ainsi que de portions du sud.

M. Hadi a appelé à l'aide, qui est venue de la coalition arabo-sunnite.

L'Arabie saoudite sunnite accuse l'Iran chiite, son rival, d'envoyer des armes aux rebelles, et Téhéran condamne la campagne aérienne qui "viole les lois internationales".

A Téhéran, des centaines de personnes ont manifesté devant l'ambassade saoudienne pour protester contre les frappes au Yémen, scandant des slogans hostiles à l'Arabie saoudite, au roi Salmane et à sa famille, selon l'agence Fars.

M. Hadi a, dans une tribune publiée par le New York Times, estime que les violences dans son pays sont générées par "la soif de pouvoir de l'Iran", appelle les rebelles au dialogue, et salue l'aide de la coalition arabe.

Le conflit a en outre fait des dizaines de milliers de déplacés, alors que plusieurs milliers d'étrangers ont déjà été évacués du pays par voie aérienne ou maritime.

Pas moins de 16.000 personnes sont, pour le moment, dans l'incapacité de quitter le Yémen, selon l'Organisation internationale pour les migrations.

Source : AFP

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