Incapable de survivre seul, Alcatel-Lucent se résout à être absorbé par Nokia

  • Le patron d'Alcatel-Lucent, Michel Combes, à Paris le 15 avril 2015
    Le patron d'Alcatel-Lucent, Michel Combes, à Paris le 15 avril 2015 AFP - THOMAS SAMSON
  • Données d'Alcatel-Lucent et Nokia à l'annonce de leur fusion Données d'Alcatel-Lucent et Nokia à l'annonce de leur fusion
    Données d'Alcatel-Lucent et Nokia à l'annonce de leur fusion AFP - I.Vericourt/V.Lefai
  • Le PDG de Nokia Rajeev Suri en conférence de presse à Paris le 15 avril 2015
    Le PDG de Nokia Rajeev Suri en conférence de presse à Paris le 15 avril 2015 AFP - THOMAS SAMSON
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Centre Presse Aveyron

Incapable de survivre seul face au géant chinois Huawei et au suédois Ericsson, l'équipementier en télécommunications franco-américain Alcatel s'est résolu à être absorbé par le finlandais Nokia, une décision qui marque la fin d'une histoire vieille de plus d'un siècle.

"Au moment où le monde est en train de basculer dans le numérique, la constitution d'un véritable champion européen, comme il en existe aux Etats-Unis ou en Chine, était devenue une nécessité", a plaidé mercredi le directeur général d'Alcatel-Lucent, Michel Combes, lors d'un point-presse de présentation de l'accord.

En fait de "fusion" ou de "rapprochement", termes utilisés en public par les dirigeants des deux groupes, il s'agit bien d'un rachat en bonne et due forme, conclusion de discussions entamées il y a près de deux ans mais qui se sont accélérées depuis janvier.

Via une offre qui valorise Alcatel-Lucent à 15,6 milliards d'euros, Nokia détiendra en effet 66,5% du capital de la nouvelle entité qui doit être formée avec l’équipementier franco-américain au premier semestre 2016.

Avant d'officialiser son intérêt, le groupe finlandais, qui avait récupéré 5,4 milliards d'euros en acceptant de vendre son activité de téléphonie mobile à Microsoft en septembre 2013, attendait de voir les premiers résultats du plan stratégique Shift, lancé par Michel Combes en juin 2013.

M. Combes "a eu le mérite de rendre la mariée plus belle en réduisant les très fortes pertes récurrentes nées de l'échec de la fusion entre Alcatel et Lucent en 2006", souligne un analyste.

Dans le cadre du plan Shift avaient aussi été planifiées 10.000 suppressions de postes sur 2013-2015, dont 600 en France. Il compte aujourd'hui 53.000 salariés dans le monde, dont 8.000 en France.

Le nouveau géant des télécommunications aura donc pour seule bannière Nokia Corporation, il sera basé en Finlande et dirigé par les actuels patrons de l'équipementier nordique: Risto Siilasma à la présidence du conseil d'administration, Rajeev Suri à la direction générale.

"Nous sommes ravis d'avoir trouvé un accord avec Alcatel-Lucent qui possède une histoire aussi longue et glorieuse que la nôtre et de les accueillir dans la famille Nokia", a expliqué Rajeev Suri.

- Emploi 'garanti en France' -

C'est donc la fin pour la marque Alcatel, liée à la fondation en 1928 de la Société alsacienne de constructions atomiques, de télécommunications et d'électroniques mais dont l'origine indirecte remonte également à la création de la SACM en 1871, quelques années après la création celle de Nokia en 1865.

Le président François Hollande s'est déclaré favorable au "rachat" d'Alcatel-Lucent par Nokia, mais il a posé deux conditions: que l'emploi soit "garanti en France" et que la recherche soit "augmentée".

Les deux groupes s'y sont engagés: le patron d'Alcatel-Lucent, Michel Combes, a précisé sur la chaîne BFM Business que le nouveau groupe avait promis "d'augmenter de 25%" les activités de recherche et développement en France, en embauchant "500 chercheurs de plus", pour les faire passer à 2.500.

Comme l'a rappelé le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, Nokia va également créer un fonds de financement des startups de 100 millions d'euros.

Cette opération "est tout le contraire d'un affaiblissement industriel de la France", a estimé Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement.

Cependant, le Parti communiste a dénoncé une "fusion financière qui va affaiblir l'industrie et jouer contre l'intérêt de la France et de l’emploi".

Quant au PDG d'Orange, Stéphane Richard, il s'est dit "surpris de la rapidité et de la brutalité" de l'opération.

Une suite d'errements intervenus dans la gestion de l'ancien fleuron tricolore associés à l'explosion de la bulle internet au début des années 2000 l'avait poussé à un mariage malheureux avec Lucent.

Alors que le cours de Bourse du seul Alcatel flirtait avec les 100 euros en septembre 2000, il avait dégringolé sous les quatre euros deux ans plus tard.

La concurrence accrue au plan mondial avait rendu quasiment inéluctable une prise de contrôle entraînant la disparition d'une grande partie des liens existant encore avec l'Hexagone.

"Alcatel-Lucent ne réalisait plus qu'environ 5% de son chiffre d'affaires en France", rappelle un autre analyste.

"Cet accord est le couronnement de deux années passées à redresser un groupe qui était menacé de faillite", a résumé Michel Combes, qui a convaincu Nokia de faire l'acquisition globale de son entreprise, et non pas de la seule activité mobile.

Rentable, la filiale de câbles sous-marins ASN est cependant vouée à rester hors du nouvel ensemble, sans doute par le biais d'une introduction en Bourse.

"Le nom Nokia est un beau nom qui représente une aventure technologique intéressante", a affirmé Michel Combes, qui a d'ores et déjà indiqué qu'il n'occuperait pas la fonction de vice-président du conseil d'administration de la future entité combinée, réservée à Alcatel dans le cadre du projet de transaction.

Source : AFP

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