Fabrice Landes, l’homme de l’ombre

Le sport est fait d’hommes de l’ombre. Le rugby, lui, de ses codes, ses traditions, ses «valeurs» pour d’autres. Comme sur le terrain, l’entraîneur des lignes arrière est en retrait de celui qui guide les avants. Sans une âme de leader ou un fort caractère, il ne s’impose que rarement face à son acolyte, se montre discret dans la presse et n’intervient qu’en interne. Il est pourtant au duo ce qu’un copilote est à un équipage de rallye.

Elément essentiel à la réussite de l’équipe

Essentiel. Fabrice Landes fait partie de ces gens-là comme décrivait, sans nul autre pareil, Jacques Brel. Le nouveau cycle du Sporting cet été s’est ouvert avec un nom, Frédéric Delfau. Son homologue, lui, a pris place sur le banc sans faire de bruit, de vagues. Tel un adjoint. Pas celui qui sert juste à tenir le bouclier ou bien à poser les coupelles à l’entraînement mais comme un élément essentiel à la réussite de l’équipe.

D’ailleurs, cela fait des mois qu’à chaque discussion avec un membre du Sporting, on nous répète toujours la même chose : «Faites un article sur Fabrice, il fait un travail exceptionnel !» Dont acte. «C’est sa toute première expérience en tant qu’entraîneur et on est totalement satisfait. Il a une très bonne qualité d’analyse, il est posé et les joueurs louent son excellent travail de technicien», affirme même le patron Jean-Luc Delaneau. 

Trois saisons avec la réserve

Des louanges, il n’en manque pas quand on évoque cet amoureux du Sporting, pourtant élevé au grain de... Figeac. L’esprit decazevillois, comme il aime dire, l’a rapidement envoûté. «Quand j’étais à Figeac, j’en entendais parler mais je pensais que c’était des conneries, une légende. Finalement, j’ai ressenti ce véritable esprit», sourit-il. Voilà désormais plus de 10 printemps que l’ex-ouvreur fait parti de cette grande famille du SCD. Sans jamais la quitter si ce n’est lors d’une petite parenthèse du côté de Maurs, à la fin de sa carrière, pour suivre son mentor, Bruno Sastourné.

«Je ne suis pas carriériste»

C’est d’ailleurs sous ses ordres à Decazeville, dans les années 2005-2006, que Fabrice Landes a attrapé le virus de l’entraîneur. Il a d’abord commencé à exercer cette fonction dans le Cantal. Avant de retrouver sa famille et prendre en charge l’équipe réserve. Avec réussite car cette dernière a souvent connu les phases finales et a surtout alimenté l’équipe fanion de joueurs... Après trois saisons de bons et loyaux services, Fabrice Landes s’est vu proposer de monter en grade cet été. Il n’a pas refusé.

«On avait détecté chez lui de nombreuses qualités comme entraîneur», justifie Jean-Luc Delaneau loin d’être mécontent de son choix. Fabrice Landes, lui non plus, n’est pas mécontent. «Je suis un passionné et je me régale malgré la pression. Dès que je n’y trouverai plus mon plaisir, j’arrêterai. Je ne suis pas carriériste», avoue le quadragénaire, géomètre dans la vie civile. En attendant, c’est le fruit de son travail quotidien au Sporting qu’il va mesurer dimanche pour le grand retour du club en phases finales.

«On n’y est pas pour grand-chose. Les joueurs méritaient la qualification lors des trois dernières saisons également. Le groupe avait déjà des bases solides quand nous sommes arrivés cet été. On a juste apporté quelques retouches», reconnaît-il en toute humilité et avec son flegme si caractéristique. Et si complémentaire de l’enthousiasme débordant de Frédéric Delfau. Quand on dit que l’eau et le feu font bon ménage.