René Bounhol, un doyen dans la quille

  • Même s’il a dû renoncer à la 1re manche super vétéran, René Bounhol reste fidèle depuis plus de 75 ans au quillou.
    Même s’il a dû renoncer à la 1re manche super vétéran, René Bounhol reste fidèle depuis plus de 75 ans au quillou. Maxime Raynaud
Publié le , mis à jour
Maxime Raynaud

Portrait. À 87 ans, le super vétéran d’Arvieu est le plus âgé des joueurs en activité en Aveyron. Un personnage attachant qui voue une passion viscérale au quillou.

C’est une histoire d’amour comme on en voit peu. Une relation fusionnelle entre un homme et son sport. À 87 ans, René Bounhol est aux quilles ce qu’un arbre multicentenaire est à une place de village : un monument qui ne serait plus tout à fait le même sans son emplacement.

Du doyen du quillou aveyronnais, de cette symbiose entre cet homme et ce bout de bois, c’est encore Paulette, sa femme, qui en parle le mieux. « René, ça a toujours été les quilles avant tout le reste. Même avant les fêtes de famille, les communions, les mariages, etc. Après une opération, la première chose qu’il demande au docteur, c’est s’il peut rejouer aux quilles », sourit-elle.

La raison est simple. Cette passion a pris corps avant bien des choses dans la vie de René Bounhol. Né à Girman, lieu-dit à quelques encablures d’Arvieu, ce fils de couvreur lui-même monté sur les toits par la suite, a touché aux quilles dès l’âge de 11 ans.

18 ans sans manquer une seule manche !

Pour ne plus jamais les quitter. Le bonhomme est même allé jusqu’à établir une performance : 18 ans sans manquer la moindre manche du championnat de l’Aveyron ! « Il n’y avait pas de foot, pas de boules, raconte le plus âgé des super-vétérans, qui ne rate en revanche jamais la messe dominicale. À part garder les vaches, il n’y avait rien à faire. Mais tous les bistrots avaient leur propre jeu de quilles. Nous, les plus jeunes, on se les fabriquait avec des branches de noisetier. Et petit à petit, on a créé une équipe. C’était une occasion de rencontrer les jeunes des alentours ».

Depuis, René Bounhol n’a jamais cessé, transmettant le virus à l’un de ses fils, Jean, joueur de la quadrette Élite de Moyrazès. Gilles, lui, a récemment été élu maire d’Arvieu. Mais son père n’a toujours pas lâché le quillou.

Malgré le temps qui passe, les évolutions du matériel ou les changements de mentalité, le doyen, pourtant « râleur » dès lors qu’il pose le pied sur le sable du quillodrome, n’est pas du genre à ressasser. Au contraire. « Auparavant, il n’y avait pas ou très peu d’arbitres. C’était un peu n’importe quoi, se marre le papy quilleur qui a participé bénévolement à la fabrication du premier complexe couvert du Trauc dans les années 1960. Maintenant, c’est autre chose. C’est devenu la compétition. Mais ça ne me déplaît pas ».

Il aurait pourtant de quoi. Car malgré des années à pratiquer, à se perfectionner, René Bounhol serait un peu « un Poulidor » de la quille, selon son épouse. Toujours placé, rarement titré, abonde-t-il malgré des lauriers nationaux par équipes avec Arvieu ou des récompenses individuelles.

Qu’importe. Ce qui intéresse René Bounhol est un mélange de plaisirs bien plus simple. « Quand je tape la quille, j’ai l’impression d’avoir 20 ans, j’oublie le poids des années, avoue-t-il. Et puis, c’est avant tout un moyen de retrouver les amis. »

Les plus belles histoires d’amour sont, en fait, parfois les plus simples.

 

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