Thales: Henri Proglio jette l'éponge et dénonce une "campagne" de Bercy

  • Henri Proglio le 1er janvier 2015 au Salon mondial du nucléaire, au Bourget, près de Paris
    Henri Proglio le 1er janvier 2015 au Salon mondial du nucléaire, au Bourget, près de Paris AFP/Archives - STEPHANE DE SAKUTIN
  • Emmanuel Macron, le 29 avril 2015 au Palais de l'Elysée, à Paris
    Emmanuel Macron, le 29 avril 2015 au Palais de l'Elysée, à Paris AFP/Archives - STEPHANE DE SAKUTIN
  • Façade des bureaux de Thalès à Toulouse, photographiée le 23 janvier 2013
    Façade des bureaux de Thalès à Toulouse, photographiée le 23 janvier 2013 AFP/Archives - Remy Gabalda
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Centre Presse Aveyron

Henri Proglio a renoncé mardi à la présidence non exécutive de Thales, à la veille de l'Assemblée générale qui devait le désigner à ce poste, après six mois de psychodrame entre les principaux actionnaires, l'Etat et l'avionneur Dassault, autour de la gouvernance du groupe de défense.

L'ancien patron d'EDF et de Veolia a fait cette annonce fracassante dans un entretien au journal Le Monde, en dénonçant une "campagne" de Bercy contre lui "pour des considérations politiciennes".

"J'en ai assez du soupçon, de l'humiliation", a déclaré M. Proglio. "Il faut arrêter de me prendre pour un guignol, un espion, un goinfre, un traître…", a-t-il ajouté.

M. Proglio répondait ainsi au ministère de l'Economie, qui juge que ses relations notamment avec l'agence publique russe de l'Energie atomique Rosatom, sont de nature à créer des "conflits d’intérêts".

"Il était normal que nous demandions à Henri Proglio de choisir entre des fonctions éminentes de dirigeant même non exécutif à la tête de Thales et des engagements réels, rémunérés auprès de grands acteurs du secteur militaire et civil, en particulier nucléaire, russe", a déclaré Emmanuel Macron, en marge d'une signature dans le cadre du plan d'investissement Juncker.

"Cela ne nous paraissait pas compatible. C'est un problème d'éthique et de conflit d'intérêt", a-t-il ajouté, assurant: "Je n'ai pas alimenté de campagne, j'ai du respect pour l'homme, pour le dirigeant qu'il a été à la tête de Veolia et d’EDF".

Estimant que M. Proglio "a lui-même tiré les conséquences sans que nous lui demandions de renoncer", M. Macron a assuré que ce qui importait était "la stabilité et le développement de Thales" avant tout.

Il a également laissé entendre que sa position était soutenue par le président de la République François Hollande et le Premier ministre, Manuel Valls.

Concernant son futur salaire chez Thales, à propos duquel il avait également été mis en cause, M. Proglio a assuré au Monde qu'il n'avait "jamais rien réclamé".

"Je m'en suis remis au comité des rémunérations de Thales. On m’avait dit que ce serait 360.000 euros. Ce devait être finalement 140.000 euros, que j'avais acceptés. J'avais seulement fait part de mon mécontentement car, là aussi, on ne respectait pas la parole donnée. Ce n'était pas une question de montant", a-t-il dit.

Quoi qu'il en soit, cette décision signifie que l’actuel PDG de Thales, Patrice Caine, qui devait céder son poste de président du groupe à M. Proglio tout en demeurant directeur général exécutif, pourrait conserver pour l'heure ses fonctions actuelles à la tête du groupe d'électronique de défense.

"Des contacts seront pris dans les prochaines heures" pour organiser le remplacement de M. Proglio, a simplement indiqué M. Macron.

Interrogé par l'AFP, le groupe de défense s'est refusé à tout commentaire. Dassault a également refusé de commenter.

Le renoncement de M. Proglio intervient après six mois de psychodrame autour de la gouvernance du groupe, née après le départ inattendu de son PDG d'alors, Jean-Bernard Lévy, pour EDF.

Cette décision prise par l'Elysée avait agacé Dassault Aviation, qui l'avait apprise par la presse alors que l'avionneur est lié par un pacte d’actionnaire avec l'Etat autour de Thales.

L'Etat détient 26,36% de Thales et Dassault Aviation 25,28%.

Après des semaines de dissensions, les deux actionnaires étaient parvenus à un accord le 23 décembre dernier en vertu duquel M. Caine était nommé PDG de Thales en attendant la désignation de M. Proglio comme président non exécutif en assemblée générale.

M. Caine devait dans ce schéma conserver ses fonctions de directeur général.

Mais d'autres difficultés étaient apparues concernant l'équilibre entre l'Etat et Dassault au sein du conseil d’administration de Thales, qui avaient conduit à repousser la tenue de l'assemblée générale, initialement prévue début février. Le gouvernement souhaitait "pérenniser la prédominance de l'Etat au sein du concert le liant (…) à Dassault Aviation."

L'Etat et Dassault se sont accordés à la mi-avril pour désigner chacun un membre supplémentaire au conseil d'administration, soit 6 pour le gouvernement, 5 pour Dassault Aviation sur un total passant de 16 à 18.

Source : AFP

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