Ce thé qui renforce l’image de marque "Aubrac"

  • Émile Griffoul sur l’une de ses parcelles cultivées, à Lasbros.
    Émile Griffoul sur l’une de ses parcelles cultivées, à Lasbros. DL
  • Loïc Rossignol, éleveur en bovin viande de race aubrac, et président des producteurs de thé d’Aubrac.
    Loïc Rossignol, éleveur en bovin viande de race aubrac, et président des producteurs de thé d’Aubrac. DL
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Centre Presse Aveyron

Patrimoine. Devant le succès croissant que rencontre le thé d’Aubrac, cueilleurs et producteurs redoublent d’efforts tandis que Nasbinals agrandit sa grange au thé. Un nouvel atout pour l’Aubrac...

Il y a déjà une race, un fromage et un couteau qui portent haut l’image de marque de l’Aubrac. Sans oublier un chef multi-étoilé qui a su à son tour élever à son firmament l’art de marier authenticité et modernité. Autant d’acteurs locaux qui ont investi dans les ressources naturelles d’un terroir au caractère bien trempé. Ils ont pu gagner la partie en sachant conjuguer inventivité, exigence et savoir-faire. Comme on invente de nouvelles formes d’art.

Et c’est désormais à partir d’une plante que semble se dessiner une nouvelle draille vers un regain de notoriété. Depuis la nuit des temps, cette petite plante à l’apparence bien modeste se plaît bien sur ce haut plateau rude et basaltique. Les plus anciens se souviennent qu’ils la cueillaient déjà enfants, pour en faire l’infusion qu’on partage le soir en famille. Utilisée comme un remède également, y compris à l’étable quand il s’agit d’apaiser un veau souffrant.

Alors que ce printemps est déjà bien avancé, le calament à grandes fleurs (ou calamintha grandiflora, selon son appellation botanique) déploie en ce moment même ses délicates feuilles, avant que n’éclate bientôt la couleur vive et violacée de ses fragiles fleurs.

Une renaissance

Car c’est ici, en sous-bois, et plus que partout ailleurs en France ou dans le monde, qu’aime vivre cette plante emblématique de l’Aubrac, et ceci bien qu’elle n’y soit pas endémique. Aujourd’hui, ce ne sont plus désormais que des particuliers qui viennent faire cueillette de ce médicament maison au parfum mentholé, aussi doux que légèrement suave. Une grosse poignée de cueilleurs professionnels en tire une partie de leur revenu, avec l’autorisation de l’Office national des forêts.

Mais cette plante connaît en outre, depuis ces 5 dernières années, comme une sorte de renaissance, depuis qu’un cueilleur passionné (Émile Griffoul, lire ci-dessous) et un professeur du lycée agricole de Saint-Chély-d’Apcher sont parvenus avec succès à l’apprivoiser. Depuis, la plante ne pousse pas seulement en sous-bois. Elle prospère aussi en beaux massifs d’un vert éclatant sur des parcelles cultivées. Et cette nouvelle production est ainsi venue offrir un revenu complémentaire fort appréciable à près d’une vingtaine d’agriculteurs (lire par ailleurs).

Des cueilleurs vigilants

Bref, après la vache, le couteau et le fromage, le thé d’Aubrac est en passe de devenir le nouveau produit emblématique du pays. Celui dont les randonneurs toujours plus nombreux à sillonner ces montagnes emporteront à la faveur d’une étape dans leur paquetage. Celui que les touristes et vacanciers ramèneront dans leur bagage, comme un souvenir qui prolonge et approfondit un séjour passé ici. D’autant qu’ils pourront désormais en découvrir les multiples déclinaisons, que ce soit en apéritifs, liqueurs, sirops, pâtisseries ou en guise de produits cosmétiques.

Car ce sont des cueilleurs passionnés, des agriculteurs, des enseignants, des chercheurs ou encore des restaurateurs qui se sont fédérés, parfois de manière informelle, pour donner au thé d’Aubrac une nouvelle dimension. Et manifestement le pari est en passe d’être gagné. La demande s’accroît pendant que l’offre s’organise et se développe. À Nasbinals, la grange au thé est sur le point de connaître un nouvel élan. Reste désormais à veiller à ce que cette marchandisation n’abîme pas ce petit joyau patrimonial.

Sur ce plan-là, les cueilleurs réunis au sein du syndicat des Simples entendent bien exercer toute leur vigilance. Car le dépôt de la marque thé d’Aubrac en a fait tiquer plus d’un. Certes, les producteurs locaux ont voulu se protéger de la sorte d’un prédateur extérieur, qui, comme à Laguiole, aurait voulu voler le nom local de la plante. Mais il ne faudrait pas qu’en sens inverse, une marque ne vienne affaiblir ses plus ardents défenseurs...

Émile Griffoul sur l’une de ses parcelles cultivées, à Lasbros.
Émile Griffoul sur l’une de ses parcelles cultivées, à Lasbros. DL

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