Elections en Espagne: les "indignés" aux portes de Madrid et de Barcelone

  • Le leader de Podemos, Pablo Iglesias (d), à côté du candidat du parti antilibéral pour la région de Madrid, José Manuel Lopez, le 24 mai 2015 à Madrid
    Le leader de Podemos, Pablo Iglesias (d), à côté du candidat du parti antilibéral pour la région de Madrid, José Manuel Lopez, le 24 mai 2015 à Madrid AFP - GERARD JULIEN
  • Ada Colau, de la liste "Barcelona en Comu" (Barcelone en commun), pendant une conférence de presse, le 25 mai 2015 à Barcelone
    Ada Colau, de la liste "Barcelona en Comu" (Barcelone en commun), pendant une conférence de presse, le 25 mai 2015 à Barcelone AFP - JOSEP LAGO
  • Manuela Carmena, candidate de "Ahora Madrid" pour la mairie de Madrid, à Madrid le 24 mai 2015
    Manuela Carmena, candidate de "Ahora Madrid" pour la mairie de Madrid, à Madrid le 24 mai 2015 AFP - PEDRO ARMESTRE
  • Esperanza Aguirre, candidate du parti populaire (PP) pour la mairie de Madrid, le 19 mai 2015 à Madrid
    Esperanza Aguirre, candidate du parti populaire (PP) pour la mairie de Madrid, le 19 mai 2015 à Madrid AFP - Gerard Julien
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Centre Presse Aveyron

Après des années de crise et d'austérité, les électeurs espagnols ont adressé un sévère avertissement à la droite, qui semblait lundi en passe de perdre plusieurs bastions régionaux, alors que les "indignés" pourraient remporter Barcelone et Madrid.

Après la victoire de la gauche radicale Syriza en janvier en Grèce, le coup de semonce est clair, à six mois des législatives: quatre ans après la naissance du mouvement des indignés, les Espagnols ont exprimé lors des municipales et régionales leur ras-le-bol de l'austérité et de la corruption gangrénant la politique.

A Barcelone, la liste de l'"indignée" Ada Colau, une militante anti-expulsions, est arrivée en tête devant celle du maire nationaliste sortant Xavier Trias.

A Madrid, la liste de "Ahora Madrid" dirigée par une ancienne juge de 71 ans, Manuela Carmena, et comprenant notamment Podemos, est deuxième après celle du Parti populaire (PP) sortant (20 conseillers contre 21). Elle pourrait gouverner avec l'appui des socialistes (neuf sièges), Ciudadanos arrivant quatrième (sept sièges).

La Bourse a réagi avec nervosité à la nouvelle, combinée aux inquiétudes grandissantes sur les problèmes de liquidité de la Grèce, perdant 2% à la clôture.

Des réserves qui tranchaient avec la joie des partisans des indignés, comme Antonio Sama, 53 ans, un syndicaliste de gauche manifestant devant la mairie de Madrid et qui estimait que Manuela Carmena apporterait "un souffle d'air frais".

La magistrate, ancienne militante communiste, s'est montrée convaicue de l'appui des socialistes pour conquérir la mairie, tenue par la droite depuis 24 ans.

A Barcelone, d'autres ont célébré la victoire d'Ada Colau, 41 ans, également soutenue par Podemos. "Le désir de changement a vaincu la campagne de la peur, de la résignation", a-t-elle lancé avec des larmes de joie.

- Pactes en vue -

Ces indignés seront cependant vite rattrapés par la réalité des tractations qui suivront ces résultats.

Ada Colau doit être investie par le conseil municipal et peut être renversée par une coalition d'opposants. A Madrid, le PP affirme que la liste qui obtient le plus de voix a le droit de gouverner.

Pedro Sanchez, secrétaire général du PSOE (25% des voix au niveau national), a lui estimé que les Espagnols voulaient un coup de barre à gauche, et assuré que son mouvement ferait en sorte qu'il y ait "des gouvernements progressistes".

Sur l'ensemble du pays, le PSOE et le PP n'ont plus que 52% des suffrages contre 65% en 2011.

Pour la droite, le camouflet est clair.

Le parti "va perdre le gouvernement de communautés autonomes (régions) très importantes... et des villes de province", a admis sur la radio Cadena Ser la candidate à la présidence de la région de Madrid, Cristina Cifuentes, de l'aile modérée du PP: les électeurs veulent "que nous changions de comportement et davantage de proximité".

Le PP, qui dirigeait 13 régions sur 17, a perdu 2,5 millions d'électeurs même s'il reste premier en termes de voix (27%).

Il pourrait être chassé du pouvoir dans six régions: en Estrémadure (ouest), où le PSOE est en tête, et dans cinq autres par le jeu des alliances: Aragon (nord), Cantabrie (nord), Castilla La Mancha (centre), les Baléares (est) et enfin son bastion de Valence (est), gangréné par la corruption.

Le chef du gouvernement Mariano Rajoy s'est pourtant dit sûr d'être reconduit au pouvoir à la fin de l'année.

"Je suis absolument convaincu qu'aux prochaines élections les Espagnols vont reconnaître l'effort" du gouvernement pour surmonter la crise, a-t-il dit.

Et il a écarté "tout type de changement au gouvernement et au sein du parti" après le revers de dimanche.

Podemos, créé en janvier 2014 par un groupe enseignants en sciences politiques, a gagné une troisième place dans une dizaine de régions.

"Notre main est tendue mais ceux qui voudraient s'entendre avec nous doivent savoir que la manière de faire de la politique doit changer", a déclaré lundi son chef Pablo Iglesias.

L'autre jeune formation, Ciudadanos (centre droit), a revendiqué une "troisième place au niveau municipal" et s'est dit ouvert aux négociations, tout en refusant d'entrer dans des gouvernements de coalition si son parti ne les dirige pas.

Source : AFP

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