Jean-Claude Luche : «J’ai l’impression que l’Aveyron est en train de brûler»

  • Jean-Claude Luche propose la création de «contrats de ruralité».
    Jean-Claude Luche propose la création de «contrats de ruralité». José A. Torres
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Charles Leduc

Politique. Relevant les effets de la réorganisation des services publics et des baisses de dotations, le président du Département tire le signal d’alarme. Il veut mobiliser les territoires ruraux de France.

«Inquiétude», «exaspération». Jean-Claude Luche est «très en colère». Interpellé lors de la dernière commission permanente du conseil départemental, son président ne mâche pas ses mots. «J’ai l’impression que l’Aveyron est en train de brûler. Et je vois des feux s’allumer partout !» lâche-t-il, assurant qu’il tiendrait des propos identiques si le gouvernement était de droite.

Les raisons de son agacement : la suppression de huit postes d'enseignants, celle de la trésorerie de Najac, de plusieurs bureaux de postes dans le département, la baisse générale des dotations de l’État, de celles allouées aux Maisons familiales rurales, le redéploiement des gendarmeries, etc. Et de marteler une nouvelle fois : «En clair, il y a le feu partout, et je ne peux pas entendre que l’on traite l’Aveyron comme n’importe quel autre territoire de France»

Des «zones franches» souhaitées

Car Jean-Claude Luche met en avant la spécificité de son département. Une spécificité qu’il retrouve dans une dizaine d’autres: la ruralité. Dans l’Hexagone, «il y a, en moyenne, 102 habitants au kilomètre carré, contre 32 en Aveyron», explique-t-il, pour justifier son appel en faveur de la mise en place de «zones franches». Lui souhaite, en effet, que l’on prenne en compte cette particularité aveyronnaise, et que l’État ne s’appuie pas uniquement sur une notion de rentabilité.

Pour restructurer les services publics, par exemple. «Il faut réfléchir à ce que l’on peut faire pour le monde rural», déclare celui qui assure être déjà intervenu en tant que parlementaire (au Sénat, notamment). «Mais ce sont des discours qui ne sont pas entendus», regrette-t-il. «On nous délaisse complètement. Je suis démuni.»

«Redonner confiance»

Aujourd’hui, le président du conseil départemental reconnaît ne pas avoir la solution magique pour inverser la tendance. «Il faut réfléchir très sérieusement à une union des territoires au même profil», avance-t-il, espérant d’ailleurs «créer le mouvement» en prenant maintenant la parole. Dans la foulée, il confie qu’il va «essayer de mobiliser (ses) collègues parlementaires». En gardant toujours à l’esprit l’idée d’un «traitement spécifique» pour les territoires ruraux : «Au même titre qu’il existe des contrats de ville, il faut instaurer des contrats de ruralité».

Il propose même une piste pour «redonner confiance» aux départements concernés qui, souligne-t-il, participent déjà à l’effort en ces temps de difficultés budgétaires: «Nous allouer 100 millions d’euros, ce qui n’est pas grand-chose au niveau national, pourrait créer une dynamique». L’appel lancé se veut pressant. «De grâce, que l’on ne continue pas d’allumer des feux. Nous sommes à la limite de la rupture», clame le président du Département. «À un moment, ce sera irréversible». 

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