Irak: un raid rase une importante "usine" de voitures piégées de l'EI

  • Des membres d'une unité de mobilisation populaire lors de combats contre des militants de l'EI le 27 mai 2015 à Sayed Ghareebau nord de Bagdad
    Des membres d'une unité de mobilisation populaire lors de combats contre des militants de l'EI le 27 mai 2015 à Sayed Ghareebau nord de Bagdad AFP/Archives - MOHAMMED SAWAF
  • Un combattant Peshmerga au milieu carcasses de voitures après un attentat du groupe Etat islamique à Kesarej en Irak, le 18 décembre 2014
    Un combattant Peshmerga au milieu carcasses de voitures après un attentat du groupe Etat islamique à Kesarej en Irak, le 18 décembre 2014 AFP/Archives - Safin Hamed
  • Un enfant irakien dont la famille a fui Ramadi, porte un jerrican d'eau dans un camps de réfugiés, le 18 mai 2015 à Bzeibez à la frontière de Bagdad et Anbar
    Un enfant irakien dont la famille a fui Ramadi, porte un jerrican d'eau dans un camps de réfugiés, le 18 mai 2015 à Bzeibez à la frontière de Bagdad et Anbar AFP/Archives - AHMAD AL-RUBAYE
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Centre Presse Aveyron

Une frappe a détruit mercredi en Irak l'un des plus importants sites de fabrication de voitures piégées du groupe Etat islamique (EI), une arme dévastatrice de plus en plus utilisée par l'organisation jihadiste dans son offensive en territoire irakien.

Des responsables irakiens ont affirmé que le raid avait tué un nombre indéterminé de jihadistes, mais aussi de civils.

Ils ont ajouté que la frappe avait été menée par la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis, qui a défendu sa campagne aérienne contre l'EI malgré les avancées jihadistes en Irak et en Syrie voisine ces dernières semaines.

Un rapport quotidien de la coalition a fait état d'une frappe "près de Hawija contre un site VBIED (engin explosif improvisé placé dans des véhicules)", mais sans que l'on soit certain qu'il s'agisse du même site.

Cette installation, à l'entrée de la ville de Hawija, à 225 km au nord de Bagdad, servait au groupe ultraradical sunnite à piéger des véhicules, dont des Humvee blindés, selon les responsables irakiens. "C'était la plus grande" de l'EI, a affirmé un colonel.

L'explosion causée par le raid était tellement puissante qu'elle a été entendue jusqu'à Kirkouk, 55 km plus au nord. Sur des photos que l'AFP a pu consulter et qui auraient été prises sur place, on peut voir une vaste zone recouverte de débris, dont des pièces de véhicules.

L'EI a de plus en plus recours à ces "camions bombes", bourrés de tonnes d'explosifs, dans ses offensives en Irak qui lui ont notamment permis de prendre Ramadi, capitale de la province occidentale d'Al-Anbar, le 17 mai.

Au fur et à mesure qu'il avance dans des régions irakiennes, l'EI s'est emparé de véhicules blindés, de transports de troupes et de chars abandonnés par les forces irakiennes dans leur retraite, qu'il piège ensuite pour commettre des attentats.

- 'Une génération' pour détruire l'EI -

Lundi, trois kamikazes de l'EI ont mené une attaque au véhicule piégé contre une base de la police au nord de Bagdad, qui a fait 47 morts.

Ces "camions bombes" sont difficiles à stopper. Après la chute de Ramadi, Washington a envoyé 2.000 lance-roquettes anti-char AT4s pour aider les Irakiens à les neutraliser.

Alors que les forces irakiennes, soutenues par des milices chiites et des tribus sunnites, tardent à lancer leur contre-offensive pour reprendre Ramadi, le Premier ministre Haider al-Abadi a admis qu'entrer dans la ville était risqué à cause de ces "camions bombes".

"Les dégâts sont plus importants que ceux provoqués par une bombe d'une demi-tonne larguée par un avion de combat", selon un expert occidental.

D'ailleurs le recours à cette tactique a forcé Bagdad et l'allié américain à revoir leur stratégie, qualifiée d'"échec" par M. Abadi lors d'une réunion de la coalition antijihadistes à Paris mardi.

Mais le numéro deux de la diplomatie américaine Antony Blinken a défendu la stratégie de la coalition qui a mené 4.000 raids depuis août 2014: l'EI contrôle "25% de moins de l'Irak", beaucoup de matériel a été détruit et plus de 10.000 jihadistes ont été tués, ce qui "va finir par avoir un effet".

Le général John Allen, le coordinateur américain de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis, a lui averti qu'il faudrait "probablement une génération ou plus" pour vaincre la "menace mondiale" que représente l'EI.

- 'Guerre de l'eau' -

A Ramadi, les forces irakiennes devront également faire face à une autre forme de guerre lancée par l'EI, celle de l'eau.

Le groupe a fermé les vannes d'un barrage dans la région qui régule le cours de l'Euphrate, et la baisse du niveau du fleuve en aval provoque des coupures dans l'approvisionnement de zones encore sous contrôle gouvernemental à Al-Anbar. Cela permettrait aussi aux jihadistes de traverser le fleuve plus facilement pour atteindre d'autres régions.

L'EI "mène désormais une sale guerre de l'eau", a dénoncé Sabah Karhout, chef du conseil provincial d'Al-Anbar.

En Syrie, pays ravagé par la guerre depuis 2011, l'EI a poursuivi son offensive sur la ville de Hassaké (nord-est) où il a fait exploser au moins cinq voitures piégées, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Les jihadistes sont "aux portes de Hassaké", a précisé l'ONG ajoutant que les combats acharnés qui s'y déroulent depuis le 30 mai avaient fait de nombreux morts dans les deux camps: 27 du côté gouvernemental et 26 jihadistes.

La chute de cette ville donnerait au groupe EI le contrôle d'un deuxième chef-lieu de province après Raqa (nord) l'an dernier.

Affaiblie, l'armée recourt de plus en plus aux attaques par hélicoptère avec largage de barils explosifs sur les zones rebelles. Au moins 37 personnes, dont dix enfants, ont été tués dans des attaques dans le nord du pays, a précisé l'ONG.

Par ailleurs, Human Rights Watch a affirmé avoir "des preuves solides" que le régime a largué des barils de gaz toxiques dans le nord du pays.

Le chef du Front Al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda, a affirmé mercredi soir que le califat que veut instaurer son rival, le groupe Etat islamique (EI), était "illégitime" et assuré qu'une réconciliation entre les deux formations jihadistes n'était pas d'actualité.

Le Front Al-Nosra a enregistré récemment plusieurs victoires notables sur les forces gouvernementales dans la province d'Idlib (nord-ouest).

Source : AFP

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