Les drogues changent de visage

  • La production d’herbe de cannabis s’est intensifiée ces dernières années sur le continent.
    La production d’herbe de cannabis s’est intensifiée ces dernières années sur le continent. AFP DESIREE MARTIN
Publié le
Centre Presse Aveyron

Consommation. Des substances plus pures, un cannabis en expansion, un trafic d’héroïne en mutation et une diversité croissante de nouveaux produits de synthèse: l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) s’inquiète d’un marché des drogues en constante évolution en Europe.

Plus de 80 millions de personnes, soit près d’un quart de la population adulte de l’Union européenne, ont déjà consommé des drogues illicites, rappelle l’OEDT dans son rapport annuel.

Il constate une «hausse sensible» de la teneur et de la pureté des drogues, du cannabis aux cachets d’ecstasy ou à la cocaïne et l’héroïne. En cause : l’innovation technique et la concurrence sur le marché. Ainsi, la production d’herbe de cannabis s’est intensifiée ces dernières années sur le continent.

D’abord du fait de petits cannabiculteurs soucieux d’un produit de qualité, puis par des réseaux de type mafieux, attirés par les bénéfices, poussant les producteurs de résine, majoritairement marocaine, à améliorer leur produit pour rester attractifs.

La France est cannabis

Les teneurs moyennes en principe actif de l’herbe ont doublé en cinq ans et celles de la résine en dix ans. Le cannabis reste la drogue la plus consommée en Europe, et sa consommation est notamment en hausse en France, en Bulgarie et dans les pays nordiques.

C’est désormais le produit le plus fréquemment cité par les patients européens qui entament un traitement thérapeutique en lien avec leur consommation. Il représente aussi 80% des saisies de drogues, et la consommation ou possession de cannabis représentent plus de 60% de toutes les infractions liées à la drogue en Europe.

L’héroïne n’est plus la star

À l’inverse, l’héroïne, principal opiacé consommé en Europe, est en déclin, même si elle représente toujours une part importante de la mortalité liée aux drogues et compte 1,3 million d’usagers «problématiques». Les saisies ont également diminué. Mais l’Observatoire s’inquiète de l’augmentation récente de la production d’opium en Afghanistan, ce qui pourrait entraîner une plus grande disponibilité sur le marché. À cela s’ajoute une mutation du trafic d’héroïne vers l’Europe.

Ces changements s’accompagnent d’une diversification des produits importés (morphine, opium, produits synthétiques) et des modus operandi des trafiquants. La concurrence est également foisonnante sur le marché des stimulants, où la cocaïne reste la plus fréquemment consommée devant les amphétamines, l’ecstasy et un nombre croissant de drogues de synthèse, dont les cathinones, de plus en plus courants. Il met en garde aussi contre «les nouvelles substances psychoactives» (NSP), chaque année plus nombreuses - 101 ont été détectées en 2014 - vendues comme «euphorisants légaux» ou drogue de substitution, mais parfois mortelles.

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