Troisième procès Outreau à Rennes, un épilogue nécessaire ?

  • Daniel Legrand à la sortie du tribunale le 5 juin 2015 à Rennes
    Daniel Legrand à la sortie du tribunale le 5 juin 2015 à Rennes AFP - DAMIEN MEYER
  • Jonathan Delay à la sortie du tribunal le 5 juin 2015 à Rennes
    Jonathan Delay à la sortie du tribunal le 5 juin 2015 à Rennes AFP - DAMIEN MEYER
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Centre Presse Aveyron

Le troisième procès d'Outreau, dont les deux premiers volets il y a dix ans ont ébranlé l'institution judiciaire, s'est achevé vendredi à Rennes avec un second acquittement de Daniel Legrand.

"Inutile" comme l'ont martelé à plusieurs reprises les avocats de la défense? Ou au contraire nécessaire pour clore définitivement l'affaire?

QUESTION: S'agit-il du même acquittement qu'en 2005 pour Daniel Legrand ?

REPONSE: Condamné en tant que majeur en 2004 à Saint-Omer, puis acquitté par la cour d'assises d'appel de Paris un an plus tard, comme 12 autres personnes, Daniel Legrand a cette fois été déclaré innocent pour les faits dont il était accusé avant ses 18 ans.

A l'origine de ce nouveau procès, l'association Innocence en danger a, en 2013, rappelé au parquet général de Douai (Nord) que les viols présumés pour lesquels il n'avait pas encore été jugé risquaient d'être prescrits.

"Cette association qui se prétend de défense des enfants maltraités, que nous n'avions jamais rencontrée, ni au temps de l'instruction à Boulogne-sur-mer, ni à Saint-Omer, ni à Paris en 2005 (...) veut nous expliquer l'affaire d'Outreau que nous, nous connaissons depuis bientôt quinze ans. Tout ça n'est pas très raisonnable, pas très sérieux", a souligné Hubert Delarue. Comme ses cinq collègues de la défense, celui-vi a dénoncé du premier au dernier jour de ce nouveau procès, entamé le 19 mai, son "inutilité" et son non sens, renonçant même à plaider.

"On ignore parfaitement pourquoi Daniel Legrand avait pu être condamné à Saint-Omer et pourquoi il avait été acquitté à Paris. On va avoir une décision motivée, c'est ce qui est le plus important", avait insisté pour sa part, peu avant le verdict, Me Patrice Reviron, l'un des avocats des parties civiles, qui avec ce procès voulait "qu'on vide tout ce qu'il y a à vider".

Q: Un procès pour crever l'abcès ?

R: Trop jeunes lors des deux premiers procès, Jonathan Delay, 21 ans, Dimitri Delay, 23 ans, Chérif Delay, 25 ans, tous trois parties civiles à ce nouveau procès, ont pu "dans des conditions décentes (...) s'exprimer. Ils ont pu exprimer leur douleur, leur sincérité", a fait valoir l'avocat de deux de ces désormais jeunes hommes, Me Léon Lef Forster.

"Je me promenais avec un poids depuis dix ans, je l'ai déposé à la barre et je suis parti sans", a déclaré Jonathan, peu après le verdict d'acquittement de l'homme qu'il a accusé, pour la première fois à Rennes, de l'avoir violé quand il était enfant.

Mais quand on lui pose la question de l'"utilité" de ce procès, le jeune homme répond: "Je ne sais pas".

"J'ai une pensée émue pour ces pauvres gosses qu'on a instrumentalisés, qu'on a manipulés et qui aujourd'hui sont dans une situation de plus grande difficulté, de plus grande souffrance, car on leur a fait miroiter des choses", a estimé Me Hubert Delarue. Son client, Daniel Legrand, "ne pouvait pas être (condamné) car tout le monde savait que ce gamin était innocent, tout le monde savait", a-t-il répété.

Q: Outreau, l'épilogue, enfin ?

R: Avec ce "nouveau verdict d'innocence", Daniel Legrand "est définitivement blanchi", a tonné un autre de ses avocats, Julien Delarue. Les parties civiles n'ont pas la possibilité de faire appel sur le plan pénal de l'arrêt rendu vendredi à Rennes, ce qui met un point final à cette affaire. Et le parquet général ne devrait pas, sauf très grande surprise, contester l'acquittement de Daniel Legrand, réclamé avec véhémence par l'avocat général jeudi.

"Le dossier d'Outreau est clos, il est fermé. (...) C'est terminé, il n'y a plus d'Outreau, pour plus personne", s'est réjoui Frank Berton, autre avocat de la défense.

"Cette décision rendue aujourd'hui permet de clore l'affaire d'Outreau, c'est une évidence", a aussi reconnu Me Patrice Reviron, qui défendait Jonathan Delay.

Les parties civiles peuvent néanmoins faire appel au civil, dans un délai de dix jours.

Et la défense de Daniel Legrand va "demander réparation" auprès de la Chancellerie pour "le délai déraisonnable sur lequel on a jugé" le jeune homme, dix ans après son premier acquittement, a indiqué Me Hubert Delarue.

Source : AFP

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