Sur 107 FM, Radio Temps Rodez montre l’exemple

Faire entrer la radio dans l’école, il y a longtemps que c’est fait. En revanche, faire entrer la radio (un journal, une web radio ou un blog) dans tous les collèges et lycées de l’Hexagone, et ce dès la rentrée 2015, c’est une autre histoire. C’est pourtant le souhait qui a été émis par le ministère de l’Éducation nationale au lendemain des attentats qui ont endeuillé la France en janvier.

Un acte terrible dont la véracité avait été remise en cause par de nombreux jeunes relayant «la théorie du complot» qui enflait sur la toile. Face à ce constat qui se répand à la vitesse d’un clic, il devenait urgent d’agir. «L’information est prise beaucoup plus au sérieux quand elle émane des jeunes qui la produisent», explique le président de Radio Temps Rodez (RTR 107FM) Pierre-Étienne Vanpouille.

«Il n’est pas question de laisser faire les jeunes comme ils le souhaitent» 

Faire des directs, produire de l’info ou une quelconque émission via un média géré par des jeunes réclame beaucoup de sérieux et d’exigence. «J’imagine que de nombreux chefs d’établissement ne seront pas très enthousiastes à l’idée, mais ouvrir un média où les jeunes peuvent s’exprimer se révèle être un outil extraordinaire à plus d’un titre», ajoute celui qui en a fait l’expérience, lorsqu’il était proviseur au lycée Louis-Querbes de Rodez.

C’est d’ailleurs à cette période qu’est née RTR. «Bien sûr, il n’est pas question de laisser faire les jeunes comme ils le souhaitent. Ils devront être accompagnés et encadrés par des professionnels des médias dans tout le processus de création et au-delà pendant des années. Le temps nécessaire à l’instauration d’une relation de confiance.» 

Développer son sens critique 

«Mais au final, poursuit-il, tout le monde est gagnant. Les relations profs-élèves s’en trouvent enrichies. Les jeunes gagnent en objectivité. Ils développent leur sens critique, s’expriment plus facilement en public et ont davantage confiance en eux.» Des qualités que Pierre-Étienne Vanpouille, fort de plusieurs années d’expérience au sein de RTR, a pu observer à maintes reprises. Les chefs d’établissements tentés par l’aventure pourront s’appuyer sur l’expertise et l’expérience des 600 radios associatives du territoire comme RTR.

Rendez-vous multiples

Des radios associatives réunies au sein du Syndicat national des radios libres (SNRL) dont Pierre-Étienne Vanpouille est le conseiller national. C’est d’ailleurs à ce titre qu’il a voulu transposer dans la réalité les souhaits émis par le gouvernement. Pour l’aider dans cette démarche, l’ancien proviseur peut compter sur Éric Lucas, un grand promoteur de la radio libre lui aussi, mais également délégué national à l’Éducation et la coopération au SNRL.

Ensemble, depuis quelques semaines, ils multiplient les rendez-vous d’un ministère à l’autre (culture, éducation...), afin «de signer la convention qui permettrait d’installer un cadre de travail de référence». Et jeudi 11 juin, c’est à l’Assemblée nationale qu’ils seront attendus pour présenter leurs travaux au conseiller aux affaires culturelles de Claude Bartolone. «Déjà plus d’une centaine de radios associatives ont affiché leur volonté d’être associées à la démarche», conclut Pierre-Etienne Vanpouille, confiant. La balle est désormais dans le camp des politiques...