Charleston: incarcération du tueur présumé, prêt à la "guerre raciale"

  • Le juge James Gosnell prend la parole, le 19 juin 2015 à Charleston, lors de l'a comparution par écran interposé de Dylan Storm Roof, auteur présumé de la tuerie à l'église Emanuel African Methodist Episcopal Church
    Le juge James Gosnell prend la parole, le 19 juin 2015 à Charleston, lors de l'a comparution par écran interposé de Dylan Storm Roof, auteur présumé de la tuerie à l'église Emanuel African Methodist Episcopal Church POOL/AFP - Grace Beahm
  • Dylann Roof, l'auteur présumé de la tuerie de Charlestone, le 19 juin 2015
    Dylann Roof, l'auteur présumé de la tuerie de Charlestone, le 19 juin 2015 CHARLESTON COUNTY SHERIFF/AFP - Handout
  • Une femme apporte des fleurs devant l'Emanuel African Methodist Episcopal Church, le 18 juin 2015, au lendemain de la fusillade qui a fait neuf morts
    Une femme apporte des fleurs devant l'Emanuel African Methodist Episcopal Church, le 18 juin 2015, au lendemain de la fusillade qui a fait neuf morts AFP - BRENDAN SMIALOWSKI
  • Une famille vient se recueillir devant l'église Emanuel, le 19 juin 2015 à Charleston
    Une famille vient se recueillir devant l'église Emanuel, le 19 juin 2015 à Charleston AFP - BRENDAN SMIALOWSKI
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Centre Presse Aveyron

Dylann Roof, 21 ans, décrit comme un nostalgique de l'apartheid, s'est vu signifier vendredi lors d'une audience émouvante son incarcération pour le massacre de neuf Noirs à Charleston (sud-est des Etats-Unis), un acte évoqué comme du "terrorisme intérieur" par la justice fédérale.

Coupe au bol et regard fixe, en uniforme rayé de prisonnier, le jeune homme a comparu par écran interposé à 14H15 locales (18H15 GMT) devant une cour de Charleston pour une audience de pure forme sur son incarcération, à laquelle assistaient des familles de victimes.

Certaines d'entre elles, des sanglots dans la voix, ont évoqué leurs proches tout en affirmant "pardonner" au jeune homme. "Repentez-vous, confessez-vous à celui qui compte le plus, le Christ", a ainsi indiqué Anthony Thompson, dont l'épouse Myra, 59 ans, a été tuée.

"Vous m'avez fait du mal, vous avez fait du mal à beaucoup de gens mais je vous pardonne, je vous pardonne", a déclaré la fille d'Ethel Lance, 70 ans.

Le jeune homme, impassible et flanqué de deux gardes lourdement armés, avait auparavant été inculpé pour l'assassinat de neuf personnes et "détention d'arme à feu dans le cadre d'un crime violent".

Le ministère de la Justice a annoncé qu'il allait enquêter pour savoir si cet acte était non seulement un crime motivé par la haine, comme il l'avait qualifié auparavant, mais aussi un "acte de terrorisme intérieur".

Dans une déclaration préliminaire suscitant rapidement des critiques sur les réseaux sociaux, le juge James Gosnell a déploré les neuf victimes, ajoutant "qu'il y a aussi des victimes de l'autre côté, du côté de la famille du jeune homme".

Arrêté jeudi, Dylann Roof est accusé d'être l'auteur de la pire tuerie raciste aux Etats-Unis depuis des décennies, en ouvrant le feu avec un pistolet semi-automatique mercredi soir sur les participants à une soirée de lecture biblique à l'Emanuel African Methodist Episcopal Church, la plus vieille église de la communauté noire de la ville.

Le pasteur de la paroisse, Clementa Pinckney, élu démocrate du Sénat local, a été tué ainsi que deux autres hommes et six femmes, âgés de 26 à 87 ans.

Selon son mandat d'arrêt, Dylann Roof a proféré des "propos racistes incendiaires" à un survivant, après avoir sagement assisté à une heure d'étude biblique avant de se lever, l'arme à la main.

Le document ne donne pas de précisions mais une survivante, Sylvia Johnson, a rapporté à CNN des propos lancés à une victime qui tentait de le raisonner: "Vous avez violé nos femmes, et vous prenez le contrôle du pays. Je dois faire ce que j'ai à faire".

Le jeune homme avait ensuite déclaré aux policiers qui l'interrogeaient qu'il voulait "déclarer une guerre raciale", selon CNN citant une source policière anonyme.

- "Crime de haine raciale" -

Vivant dans une petite ville rurale, ayant très tôt quitté l'école et chômeur, le jeune homme traînait, solitaire et apparemment sans faire beaucoup de vagues, selon la presse.

Mais c'est son apparente nostalgie de l'apartheid qui donnait de premières explications à son geste.

Sur son profil Facebook, Dylann Roof apparaît vêtu d'un blouson où sont cousus l'ancien drapeau de l'Afrique du Sud du temps de l'apartheid, symbole du régime ségrégationniste, et de la Rhodésie (devenue Zimbabwe), des régimes admirés par les groupuscules promouvant la suprématie des Blancs.

Selon un de ses amis, Joey Meek, à ABC News, Dylan Roof "était obsédé par la ségrégation" et ruminait son coup, selon ce qu'il lui avait dit, depuis six mois, et "voulait faire quelque chose de spectaculaire (...) qui relance la guerre raciale".

Un autre, Dalton Tyler, 21 ans, a expliqué qu'il voulait un retour à la ségrégation et "provoquer une guerre civile".

Après l'audience, la procureure Scarlett Wilson a indiqué qu'il était trop tôt pour parler peine de mort. Les familles des victimes "sont ma première préoccupation, elles méritent de connaître les faits, de débattre de la peine de mort, mais il est trop tôt pour avoir ce débat", a-t-elle dit.

La peine de mort avait été réclamée quelques heures plus tôt par Nikki Haley, gouverneure républicaine de Caroline du Sud.

Cornell Brooks, le président de la NAACP, organisation historique de défense des Noirs, a dénoncé ce "qui n'est pas qu'un massacre de masse, pas que de la violence par les armes, mais aussi un crime de haine raciale".

Il a demandé, comme des parlementaires noirs, la mise à bas du drapeau confédéré, "emblème de haine" et du sud esclavagiste, qui flotte toujours sur une esplanade devant le parlement de Caroline du sud.

Le ministère de la Justice a annoncé l'envoi accéléré de 29 millions de dollars pour la Caroline du sud d'un programme d'aide aux victimes, dont une partie ira à celles de la tuerie.

Ce massacre a bouleversé les Etats-Unis et Charleston, ville historique et touristique, qui devait organiser pendant le week-end de nombreux hommages.

C'est un nouveau coup dur pour la communauté noire éprouvée depuis l'été dernier par la mort de plusieurs hommes noirs désarmés tués par des policiers blancs et une nouvelle fusillade dans un pays marqué par la violence des armes.

Source : AFP

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