Mexique: quand votre nom devient votre pire ennemi

  • Des civils armés montent la garde à l'entrée de la ville de Chilapa, dans le sud du Mexique, le 10 mai 2015
    Des civils armés montent la garde à l'entrée de la ville de Chilapa, dans le sud du Mexique, le 10 mai 2015 AFP/Archives - Pedro Pardo
  • Un civil armé monte la garde à l'entrée de la ville de Chilapa, dans le sud du Mexique, le 10 mai 2015
    Un civil armé monte la garde à l'entrée de la ville de Chilapa, dans le sud du Mexique, le 10 mai 2015 AFP/Archives - Pedro Pardo
  • Des civils armés patrouillent à bord d'une voiture de la police municipale à Chilapa, dans le sud du Mexique, le 10 mai 2015
    Des civils armés patrouillent à bord d'une voiture de la police municipale à Chilapa, dans le sud du Mexique, le 10 mai 2015 AFP/Archives - Pedro Pardo
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Centre Presse Aveyron

A Chilapa, s'appeler Nava, Sanchez ou Carreto peut être très risqué : une dizaine de personnes portant des noms identiques à ceux d'un leader de cartel et d'un ex-chef de la police locale ont disparu lors de l'occupation en mai de cette ville du sud du Mexique par une milice armée.

Ces disparitions auraient eu lieu après l'arrivée d'environ 300 hommes armés prétendant faire partie d'un groupe d'auto-défense. Ils ont occupé la commune de 120.000 habitants durant cinq jours, sans que les autorités n'interviennent.

Durant cette période, au moins 14 hommes, âgés pour la plupart entre 15 et 25 ans, ont disparu sans laisser de trace, selon un décompte effectué par des proches des victimes et remis à l'AFP.

Les autorités confirment enquêter sur des plaintes déposées pour enlèvement et portant sur dix personnes, tout en refusant d'indiquer les noms des personnes disparues.

Selon leurs proches, ces habitants auraient été enlevés à cause de leur patronyme.

"Il est extrêmement dangereux de s'appeler Nava ou Sanchez à Chilapa", souligne José Diaz, un enseignant devenu le porte-parole des familles de disparus.

Sur la liste des disparus figurent notamment Alexandro Reyes Nava, un conducteur de camion de 21 ans, qui partageait l'un des noms de Zenen Nava Sánchez, alias "El Chaparro", chef présumé de Los Rojos, un cartel luttant pour le contrôle de cette région.

Le jeune homme avait prévenu le 10 mai ses parents qu'il allait voir sa petite amie. "Mais il n'est jamais revenu", raconte sa sœur Melissa, dans un restaurant situé devant la place principale de Chilapa.

- Trois frères d'une même famille -

Quatre autres jeunes dont les parents portent le nom de famille de Sanchez ou Nava ont disparu durant cette période. L'un d'eux venait de quitter la pizzeria où il travaillait.

On trouve également trois frères d'une même famille, les Carreto Cuevas, Miguel (23 ans), Juan (20 ans) et Victor (15 ans), aperçus pour la dernière fois alors qu'ils se rendaient à Chilapa pour vendre une vache. Deux de leurs proches, Crispino Carreto Gonzalez et son fils Samuel, sont aussi portés disparus.

Ils portaient le nom de l'ex-chef de la police locale, Carreto Gonzalez, démis de ses fonctions en juillet dernier et qui aurait pu entretenir des liens avec le cartel de Los Rojos.

Selon certains témoins, les hommes armés qui ont investi la ville agitaient leurs fusils et des machettes en criant: "Livrez-nous la tête d'+El Chaparro+ et nous partirons!". Ils pourraient, selon certains, entretenir des liens avec un cartel rival de Los Rojos : les Ardillos.

Selon le leader de ce groupe armé, José Apolonio Villanueva, leur "visite" à Chilapa visait à obtenir une entrevue avec le maire car il y a "beaucoup de victimes dans nos communautés", a-t-il expliqué dans un entretien téléphonique.

Niant toute implication dans l'enlèvement de ces jeunes, il rejette également toute appartenance au cartel des Ardillos.

Située sur une route du trafic de drogue, la localité de Chilapa de Alvarez est proche des montagnes du Guerrero, où sont cultivées de grandes quantités de pavot.

En novembre dernier, onze corps décapités et carbonisés avaient été découverts près de cette commune tandis qu'en janvier, 10 autres corps étaient retrouvés.

Source : AFP

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