Migrants: Sarkozy critiqué, Hollande l'appelle à la "maîtrise"

  • François Hollande lors d'une conférence de presse, le 19 juin 2015 à Bratislava, la capitale de la Slovaquie
    François Hollande lors d'une conférence de presse, le 19 juin 2015 à Bratislava, la capitale de la Slovaquie AFP - KENZO TRIBOUILLARD
  • Nicolas Sarkozy à L'Isle-Adam le 18 juin 2015
    Nicolas Sarkozy à L'Isle-Adam le 18 juin 2015 AFP - FRANCOIS GUILLOT
  • "Notre vie n'a jamais été aussi bien remplie", dit cet écriteau sur le sac où un migrant a rangé ses effets personnels, le 19 juin 2015 dans camp à l'air libre à Paris
    "Notre vie n'a jamais été aussi bien remplie", dit cet écriteau sur le sac où un migrant a rangé ses effets personnels, le 19 juin 2015 dans camp à l'air libre à Paris AFP - JOEL SAGET
  • Un canot pneumatique utilisé par des migrants, abandonné sur la côte de l'île grecque de Lesbes, le 18 juin 2015
    Un canot pneumatique utilisé par des migrants, abandonné sur la côte de l'île grecque de Lesbes, le 18 juin 2015 AFP - LOUISA GOULIAMAKI
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Centre Presse Aveyron

En comparant jeudi soir l'afflux de migrants en Europe à une grosse fuite d'eau, Nicolas Sarkozy a provoqué l'ire de la gauche, jusqu'au président la République qui l'a appelé à la "maîtrise", mais a aussi suscité un certain embarras dans son propre camp.

Depuis Bratislava (Slovaquie), François Hollande a appelé "tout le monde" à faire preuve de "gravité" et de "maîtrise" dans les débats sur l'immigration. En cause, les propos prononcés par l'ancien chef de l'Etat jeudi soir en réunion publique à L'Isle-Adam (Val-d'Oise).

S'attaquant à la Commission européenne et à sa proposition de répartir les demandeurs d'asile entre les pays de l'Union, Nicolas Sarkozy a comparé l'afflux de migrants (près de 1.800 morts en Méditerranée depuis le début de l'année) à une grosse fuite d'eau.

Dans "une maison, il y a une canalisation qui explose, elle se déverse dans la cuisine. Le réparateur arrive et dit: +j'ai une solution. On va garder la moitié pour la cuisine, mettre un quart dans le salon, un quart dans la chambre des parents et si ça ne suffit pas, il reste la chambre des enfants+", a-t-il lancé, rééditant une métaphore déjà testée devant de nouveaux adhérents des Républicains, et dans un procédé scénique proche du one-man-show.

Récemment, son ancienne garde des Sceaux, Rachida Dati, avait expliqué qu'un ancien chef de l'Etat n'était pas là "pour faire des sketches".

- Stratégie 'délibérée' -

Le gouvernement et la gauche ont très vite réagi. Manuel Valls a estimé que "la vie politique mérit(ait) mieux que ces phrases stigmatisantes et qui ne sont pas au niveau".

Les jeux de mots sur le mot "fuite" se sont multipliés. "Nicolas Sarkozy a de la fuite dans les idées, il continue son numéro de stand up de mauvais goût (...) Il semblerait qu'il prend des cours de blagues bêtes et méchantes auprès de Jean-Marie Le Pen", a renchéri la porte-parole du PS Corinne Narassiguin, avant de signer avec les trois autres porte-parole un communiqué intitulé: "Avec Sarkozy, c'est la République qui prend l'eau".

Jean-Luc Mélenchon (PG) s'est fendu d'un tweet mordant: "Chance: si Sarkozy a une fuite de cerveau, il ne peut pas y en avoir partout". Et le vice-président du FN, Florian Philippot, tweetait également: "Si l'immigration est +une grosse fuite d'eau+ comme dit Sarkozy, il est lui l'un des faux plombiers qui nous a fourni un tuyau crevé..."

A droite, les réactions se sont fait attendre. Le délégué à la riposte des Républicains, Roger Karoutchi, a regretté que "les bien-pensants de gauche" fassent "haro sur Sarkozy" pour sa "parabole".

Nouvelle porte-parole de l'ex-UMP, Lydia Guirous est venue à la rescousse et a ciblé le chef du gouvernement.

"Aujourd'hui, Manuel Valls est le Premier Ministre de son 49-3 et ses postures de vierge effarouchée à chaque sortie de l'opposition n'amusent plus que lui", a-t-elle affirmé.

Idem pour Guillaume Larrivée, secrétaire national à l'immigration: Manuel Valls "conteste désormais jusqu’au droit du président des Républicains, Nicolas Sarkozy, à s’exprimer librement dans le débat public!"

Le centriste Yves Jégo (UDI), ex-ministre de Nicolas Sarkozy, a lui appelé à "élever le débat": "On ne peut pas traiter les migrants n'importe comment pour se faire applaudir en meeting".

"Tout ça est délibéré chez lui. Des sorties comme ça, il y en aura dix autres... C'est sa stratégie. On verra bien au bout du compte...", décrypte un ancien ministre de droite.

"Dommage que ce soit lui qui ait cassé la canalisation en faisant la guerre en Libye sans savoir que faire après la guerre. Et sa blague est encore plus malheureuse quand on pense à la tragédie des milliers de personnes qui se sont noyées dans les eaux de la Méditerranée", a réagi sur son compte Facebook Sandro Gozi, secrétaire d'Etat italien aux Affaires européennes.

Source : AFP

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