Sarkozy critiqué pour sa saillie sur les migrants

  • Nicolas Sarkozy à L'Isle-Adam le 18 juin 2015
    Nicolas Sarkozy à L'Isle-Adam le 18 juin 2015 AFP - FRANCOIS GUILLOT
  • Le Premier ministre Manuel Valls et le secrétaire général du PS Jean-Christophe Cambadelis au Congrès de Poitiers le 7 juin 2015
    Le Premier ministre Manuel Valls et le secrétaire général du PS Jean-Christophe Cambadelis au Congrès de Poitiers le 7 juin 2015 AFP/Archives - MEHDI FEDOUACH
  • Roger Karoutchi le 17 juillet 2014 à Paris
    Roger Karoutchi le 17 juillet 2014 à Paris AFP/Archives - Bertrand Guay
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Centre Presse Aveyron

En comparant jeudi soir l'afflux de migrants en Europe à une grosse fuite d'eau, Nicolas Sarkozy a provoqué l'ire de la gauche mais aussi un certain embarras dans son propre camp, parfois sceptique sur sa stratégie clivante.

Manifestement, Rachida Dati n'a pas été entendue. Le 5 juin, elle estimait qu'un possible candidat à l'Elysée, ancien président de la République de surcroît, n'était "pas là pour faire des sketches".

"Il a été un grand président de la République, ce n'est pas de son niveau", lançait son ancienne garde des Sceaux après une sortie de M. Sarkozy surnommant son successeur François Hollande d'un cinglant "moi, je".

Rebelote sur le même ton jeudi soir. En réunion publique à l'Isle-d'Adam (Val d'Oise), Nicolas Sarkozy s'est cette fois-ci attaqué à la Commission européenne et à sa proposition de répartir les demandeurs d'asile entre les pays de l'Union, comparant l'afflux de migrants (près de 1.800 morts en Méditerranée depuis le début de l'année) à une grosse fuite d'eau.

Dans "une maison, il y a une canalisation qui explose, elle se déverse dans la cuisine. Le réparateur arrive et dit: +j'ai une solution. On va garder la moitié pour la cuisine, mettre un quart dans le salon, un quart dans la chambre des parents et si ça ne suffit pas, il reste la chambre des enfants+", a-t-il lancé, rééditant une métaphore déjà testée devant de nouveaux adhérents des Républicains.

"Il n'y a plus d'argent, plus d'emplois, plus de logements mais ils ont trouvé un truc (...); ils ont considéré que la solution au problème de l'immigration, c'était pas de réduire, c'était de répartir", a également déclaré l'ancien président.

D'évidents procédés scéniques, proches du one-man show, sont à l’œuvre: utilisation d'une métaphore audible de tout-un-chacun (la fuite d'eau) pour aborder un problème international de première ampleur, recherche de la connivence du public face aux institutions (Bruxelles et son "truc"), sans oublier des plages de silence pour générer les rires de l'assistance.

- "De la fuite dans les idées" -

Le gouvernement et la gauche ont très vite réagi. Manuel Valls a estimé que "la vie politique mérit(ait) mieux que ces phrases stigmatisantes et qui ne sont pas au niveau".

"Pédagogie vulgaire", a dénoncé le ministre Jean-Marie Le Guen, pour qui cette sortie est "un manque de respect, à la fois évidemment pour les personnes concernées (...) mais aussi un manque de respect pour les Français".

"Nicolas Sarkozy a de la fuite dans les idées, il continue son numéro de stand up de mauvais goût (...) Il semblerait qu'il prend des cours de blagues bêtes et méchantes auprès de Jean-Marie Le Pen", a renchéri la porte-parole du PS Corinne Narassiguin, tandis que Jean-Luc Mélenchon (PG) s'est fendu d'un tweet mordant: "Chance: si Sarkozy a une fuite de cerveau, il ne peut pas y en avoir partout".

"L'inconscient de parle: il a peur de la fuite d'eau de ses électeurs vers le FN !", a ironisé le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, sur twitter.

A droite, un silence poli régnait. Le délégué à la riposte des Républicains, Roger Karoutchi, a juste regretté que "les bien-pensants de gauche" fassent "haro sur Sarkozy" pour sa "parabole".

Mais le centriste Yves Jégo (UDI), ex-ministre de Nicolas Sarkozy, a lui appelé à "élever le débat": "On ne peut pas traiter les migrants n'importe comment pour se faire applaudir en meeting".

"C'est franchement pas du niveau d'un ancien président. Il nous refait le coup du +gros rouge qui tache+", comme en 2009 en plein débat sur l'identité nationale, se désole un élu LR de Paris. "Ca plaît à ses groupies aux meetings, mais au-delà ?", s'interroge-t-il.

"Tout ça est délibéré chez lui. Des sorties comme ça, il y en aura dix autres... C'est sa stratégie. On verra bien au bout du compte...", déclare un ancien ministre de droite.

Cet épisode intervient après la relance, par plusieurs membres des Républicains (Eric Ciotti, Brice Hortefeux), du débat sur le droit du sol, qui va faire l'objet d'un "groupe de travail". L'ex-UMP organisera prochainement une convention sur l'immigration après avoir consacré la première du genre aux religions en général et à l'islam en particulier.

Source : AFP

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