Gros plan. L’étalon Dormane est mort à l’âge de 31 ans au haras de Rodez. Un cheval exceptionnel à plus d’un titre, avec une descendance qui marque les esprits sur tous les terrains hippiques du monde.
Peut-être un jour sera-t-il érigé en statue. En attendant, sa photo trône dans bien des écuries et son nom est accolé à quelques-uns des plus performants pur-sangs anglo-arabe de la planète. Et pour cause, il est leur père. Il s’appelle Dormane. Le 8 juin dernier, cet étalon hors norme s’est éteint à l’âge de 31 ans dans le haras de Rodez où il jouissait d’une paisible retraite. Un âge canonique pour un cheval.
Né dans les Landes en 1984, au haras de Mandore, chez Jean-Marc Watrigant, il a été acheté par les Haras nationaux en 1988. Et choisi par François Parreau, alors directeur à Rodez, pour assurer les besoins en reproducteurs du haras. Sans vraiment le savoir, il avait flairé le très bon coup.
«Ce cheval, à première vue, n’avait rien de plus que les autres. Il avait réussi une carrière de courses exemplaire mais pas exceptionnelle et n’avait même pas un côté arabisant très prononcé», raconte l’actuel directeur du haras, Henri Albert. Mais rapidement, les performances de ses descendants ont fait de Dormane la mascotte du lieu, volant la vedette à la Chartreuse et au magnifique marronnier, qui donnent au haras de Rodez un cachet unique.
La promesse d’un box tapissé de velours
Si les juments de la région ont eu droit à ses faveurs, des propriétaires débarquaient du monde entier pour faire saillir leurs juments par Dormane. Ils venaient d’Europe, mais aussi des États-Unis, d’Arabie Saoudite et des Émirats Arabes Unis. Il se raconte même que deux émirs s’étaient présentés au haras de Rodez pour acheter l’étalon. Cash! Ils avaient une mallette pleine de billets dans les mains. Ils s’étaient d’ailleurs étonnés des conditions dans lesquelles vivait l’étalon, installé le plus naturellement du monde dans un des box du haras, à l’instar de ses congénères. Eux, ils promettaient à Dormane un box tapissé de velours !
C’est dire la réputation qui était la sienne. «Mais les haras-c’est ainsi et tant mieux-n’ont pas vocation à vendre des chevaux», sourit Henri Albert, pas mécontent d’avoir côtoyé ce cheval durant ces deux dernières années à Rodez. «Un cheval très agréable à vivre, très facile. C’est d’ailleurs ceux-là qui ont une belle longévité. Il n’a jamais connu de maladie, il a vraiment eu une belle vie», lance-t-il. Yves Berroche, technicien et référent chevaux Arabes «course» et endurance au haras national de Rodez a, lui, joliment rendu hommage au «dernier grand sire» comme il l’appelle, dans un article publié sur le blog des haras. «Partout où il est passé, il a fait l’unanimité, de par sa gentillesse et son charisme. Dormane a fait 25 années de «monte», avec un peu moins de 2000 juments servies, et à ce jour, il compte une paternité de plus de 1300 produits».
Des semences congelées vendues récemment 150 000 euros
Et de nouveaux descendants devraient encore porter haut le nom de Dormane. Ces jours-ci en effet, lors d’une vente aux enchères spécialisée, une récolte congelée des semences de Dormane a été vendue par les Haras nationaux aux prix de 150 000 euros. De quoi assurer encore de belles descendances à cet étalon. Comme les Sakalia, Darike, Passem lotois, Dorwan du Cayrou, Magid Star ou Kaolino, des chevaux que les amateurs de course hippiques connaissent bien pour leurs performances.
Et ce, d’autant qu’il est un des rares, voire le seul étalon reconnu pour des semences tout aussi performantes pour les produits en course plate, en endurance et en sports olympiques. Dans quelques jours, une plaque honorera sa mémoire et sa vie ruthénoise. Et la cour des écuries du haras de Rodez portera son nom.
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