Offre sur Bouygues Telecom: Drahi à Bercy mardi, syndicats et consommateurs inquiets

  • Patrick Drahi à Paris, le 7 avril 2014
    Patrick Drahi à Paris, le 7 avril 2014 AFP/Archives - Fred Dufour
  • SFR aurait fait une offre pour racheter Bouygues Telecom
    SFR aurait fait une offre pour racheter Bouygues Telecom AFP/Archives - Philippe Huguen
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Centre Presse Aveyron

Le patron du groupe Altice, maison-mère de Numericable-SFR, Patrick Drahi se rendra mardi à Bercy pour rencontrer le ministre Emmanuel Macron, hostile à son offre de 10 milliards d'euros pour racheter Bouygues Telecom qui suscite aussi l'inquiétude des syndicats comme des associations de consommateurs.

Le gouvernement français a déjà fait part de son opposition au projet, par la voix du ministre de l'Economie qui a dit redouter des conséquences négatives pour "l'emploi, l'investissement et le meilleur service aux consommateurs", une position qu'il devrait répéter à l'homme d'affaires franco-israélien mardi.

Des inquiétudes qui rejoignent celles exprimées par les associations de consommateurs qui craignent une hausse des prix ainsi qu'une baisse de la qualité du service. "Le passage de quatre à trois opérateurs entraîne toujours une hausse des prix", a ainsi déclaré à l'AFP, Cédric Musso, de l'UFC-Que Choisir.

Les syndicats des deux opérateurs n'ont également pas tardé à réagir, s'inquiétant des conséquences sur l'emploi, en soulignant qu'"il y a du doublon à la pelle" dans les effectifs des deux groupes.

Cette offre audacieuse qui propulserait Numericable-SFR au premier rang de la téléphonie mobile en France devant l'opérateur historique Orange, a fait bondir les valeurs télécoms en Bourse. Bouygues, maison-mère de l'opérateur gagnait 13,71%, Numericable-SFR 13,98%, Orange 6,8% et Iliad 12,71% vers 14H30 à la Bourse de Paris, tandis qu'Altice cotée à Amsterdam prenait 13,99% à la même heure.

Un peu plus tôt dans la journée, Altice et Bouygues avaient confirmé, par des communiqué séparés, l'offre de rachat. Le groupe industriel prévoit de réunir les membres de son conseil d'administration mardi pour l'étudier.

"Aucune négociation n'est en cours" à ce stade, a précisé néanmoins Bouygues dans un communiqué.

L'offre de rachat a également été confirmée par Altice, sa filiale Numericable-SFR. Le groupe Iliad (Free) de l'entrepreneur Xavier Niel a de son côté indiqué être entré en "négociations exclusives" avec Numericable-SFR "pour l'achat d'un portefeuille d'actifs", une transaction soumise au succès du rachat.

Selon le Journal du Dimanche, qui a dévoilé l'affaire, Free pourrait ainsi récupérer une partie des fréquences, antennes et boutiques de Bouygues Telecom.

Aucune des entreprises ne précise le montant des sommes en jeu. Mais selon des déclarations de sources proches du dossier à l'AFP, Patrick Drahi a mis sur la table 10 milliards d'euros pour racheter Bouygues Telecom.

- Inquiétudes sur l'endettement -

Interrogé lundi matin sur la radio RFI, le ministre des Finances Michel Sapin a exprimé des réserves sur cette possible opération, appelant à prendre en compte "l'intérêt général".

"Parce que si c'est pour tout concentrer et faire monter tous les prix, je pense que personne ne serait gagnant", a estimé M. Sapin.

"Ce sont de très grosses opérations entre des grandes entreprises françaises (...) dans des domaines qui sont absolument fondamentaux pour la vie quotidienne mais aussi pour le développement économique de notre pays. Donc par définition l'Etat s'y intéresse et doit donner son opinion", a-t-il ajouté.

Une telle offre, si elle aboutit, chamboulera profondément le paysage des télécoms français et surtout celui de la téléphonie mobile, qui était passé de trois à quatre opérateurs en janvier 2012 avec l'arrivée fracassante de Free Mobile. L'Autorité de la concurrence devra se prononcer sur cette transaction.

L'homme d'affaires Patrick Drahi, à la tête d'un empire des médias et des télécommunications comprenant notamment les publications L'Express et Libération, avait déjà réussi en mars 2014 à s'emparer de SFR à l'issue d'une longue bataille avec Bouygues Telecom, en le rachetant à Vivendi pour 13,36 milliards d'euros.

Le ministre des Finances s'est montré également très réticent sur le montage financier de l'opération, qui pourrait être réalisée grâce à un emprunt auprès de la BNP Paribas. "Il faut faire attention à ne pas fonder un empire sur le sable de l'endettement", a-t-il mis en garde.

Dans sa frénésie d'acquisitions, Patrick Drahi a en effet accumulé une dette de 33 milliards d'euros à ce jour.

Source : AFP

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