Octuple infanticide: le spectre de l'inceste fait irruption au procès

  • Dominique Cottrez à l'ouverture de son procès le 25 juin 2015 à Douai
    Dominique Cottrez à l'ouverture de son procès le 25 juin 2015 à Douai AFP - PHILIPPE HUGUEN
  • Pierre-Marie Cottrez, le mari de Dominique Cottrez, au procès de leur mère le 25 juin 2015 à Douai
    Pierre-Marie Cottrez, le mari de Dominique Cottrez, au procès de leur mère le 25 juin 2015 à Douai AFP - PHILIPPE HUGUEN
Publié le
Centre Presse Aveyron

Jusque-là quasi invisible, le spectre de l'inceste avec le père a fait subitement irruption vendredi au procès pour octuple infanticide de Dominique Cottrez devant les assises du Nord à Douai.

Vendredi matin, l'époux Cottrez avait été placé par la Cour face à son indifférence vis-à-vis de la gestion du foyer.

L'après-midi, le débat a bifurqué vers la question de l'inceste du père Oscar Lempereur, à la faveur du témoignage des trois soeurs de Mme Cottrez.

"Savez-vous qui est +Biquette+?", demande Me Frank Berton, avocat de Dominique Cottrez, à la soeur la plus proche en âge de celle-ci, Marie-France Lempereur, 56 ans.

Aucune réponse. "Un mouton: à huit ans, c'était le cadeau du papa après le premier rapport sexuel" avec Mme Cottrez, assène le médiatique avocat de sa voix de stentor, dans un silence de mort.

Dominique Cottrez avait fini par invoquer à l'instruction les agressions sexuelles subies à 8 et 12 ans, puis une relation incestueuse au long cours avec son père, comme motif pour étrangler les huit bébés nés dans la clandestinité entre 1989 et le début des années 2000, et qui avaient été retrouvés en 2010.

Mais aucune preuve tangible n'a jamais été apportée au dossier. Seul le mystère de l'enterrement des deux seuls corps de bébés dans le jardin de la maison des parents, que Dominique Cottrez ne s'attribue pas, pointe dans cette direction.

Des éléments évoqués à l'audience suggèrent l'existence d'un grave secret de famille.

Le père aurait dit à Marie-France à l'approche de sa mort, en 2007: "Qu'est-ce qu'on va faire, qu'est-ce qu'on va devenir?"

Et Me Berton rappelle que Marie-France, elle encore, écrit à sa soeur avant que celle-ci ne parle d'inceste à l'instruction: "Je sais que tu mens, tu couvres papa et maman, ce n'est rien ils sont morts maintenant. Tu dois dire toute la vérité, tu ne dois pas avoir peur."

La frêle Marie-France Lempereur répète aujourd'hui inlassablement, droite comme un piquet: le père et Mme Cottrez, "c'est vrai qu'ils s'aimaient bien tous les deux, mais pas à ce point-là".

- Deux clans -

La version est partagée par Jacqueline, l'aînée: cet inceste, "je ne peux pas le croire, ce n'est pas possible, (notre père) n'était pas affectueux, jamais il ne nous touchait, nous embrassait".

"Mais il y a des écoutes téléphoniques où on vous entend vous et votre mari parler de la possibilité d'une relation incestueuse", lui fait remarquer Anne Segond.

"On en avait déjà parlé dans la presse à l'époque, non?", se défend Jacqueline Lempereur, confuse.

"Tu l'as dit à la juge (d'instruction), tu l'as dit!", explose Dominique Cottrez, jusque-là si renfermée à l'audience.

Démêler le vrai du faux est d'autant plus compliqué qu'apparaît rapidement à l'audience l'existence de deux clans au sein de la famille, depuis une scission survenue au moment du partage de l'héritage des parents. La querelle d'intérêts opposés semble prédominer alors sur la vérité.

Jacqueline et Marie-France évoquent ce qu'elles vivent comme une trahison de Dominique Cottrez, qui selon elles a tout fait pour être proche de son père et ainsi s'arroger la ferme familiale.

Et Nicole, qui juge aujourd'hui à 65 ans "possible" l'inceste, a été hébergée pendant trois ans par sa soeur Dominique à partir de 2007...

La relation incestueuse a-t-elle eu lieu? "Je n'ai aucune certitude, tout est possible", déclarait l'avocat de L'enfant bleu - Enfance maltraitée, Me Yves Crespin, lors d'une suspension d'audience, résumant la confusion de l'assistance.

A l'audience, semblant s'adresser à tous les sceptiques à travers Marie-France, Me Marie-Hélène Carlier, avocate de l'accusée, a quant à elle questionné: "Est-ce que vous croyez qu'elle serait capable de salir son père qu'elle adorait, de dire des contre-vérités? Votre père, vous, vous n'avez pas dû beaucoup l'aimer".

Source : AFP

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?