Samuel, chauffeur UberPOP: "Je ne fais rien de mal"

  • Samuel est chauffeur UberPOP et compte le rester, le 26 juin 2015 à Paris
    Samuel est chauffeur UberPOP et compte le rester, le 26 juin 2015 à Paris AFP
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Centre Presse Aveyron

Samuel est chauffeur UberPOP depuis le printemps, et compte bien continuer à arrondir ses fins de mois grâce à l'application honnie des chauffeurs de taxis. Avec une conviction: "Je ne fais rien de mal."

Quand nous dormons, cet homme de 29 ans, "négociateur immobilier" le jour, gagne de l'argent en convoyant ses passagers. En toute illégalité selon les autorités.

Ses horaires de prédilection? "Entre une heure et neuf heures du matin", de la fermeture des bars à celle des boîtes de nuit, raconte ce célibataire, sans enfants.

"Quelques soirs par semaine" et les nuits de week-end, au volant de sa Mégane vert-de-gris, Samuel scrute l'écran de son smartphone où tombent les réservations de l'un des 400.000 utilisateurs d'UberPOP.

"Quand on a besoin de sous, on ne dort pas beaucoup", philosophe le jeune homme, qui dit gagner jusqu'à 80 euros par soir de semaine et 100 euros par jour de week-end.

Sans charges ni impôts sur les sociétés certes, mais avec, selon ses calculs, 20% de ses gains reversés au géant américain Uber. Sans compter les frais d'essence.

"On a tous besoin de compléter nos revenus en fin de mois", et l'argent d'UberPOP permet de payer l'entretien de la voiture, explique Samuel, diplômé d'un master en droit privé. Il affirme qu'il déclarera les sommes gagnées aux impôts en fin d'année.

- Se faire discret -

Samuel affirme avoir voulu parler aux journalistes "en toute spontanéité", pour "rétablir la vérité": "Nous ne sommes pas des voyous, et nous faisons du bien à l'économie", assure-t-il.

La preuve? "Je fais le plein tous les cinq jours, et non plus toutes les trois semaines."

Samuel est toutefois sans illusion sur le géant américain Uber, engagé dans une bataille politique, judiciaire et médiatique pour faire reconnaître la légalité d'UberPOP.

"C'est nous qui bossons et prenons les risques", tandis que la société engrange sa redevance, reconnaît le chauffeur. Mais lui qui a commencé il y a six ans par le covoiturage, atteignant "le statut +d'ambassadeur+ sur Blablacar", dit y trouver son compte.

"Je ne fais de mal à personne, je rends juste service aux gens" et "les trajets sont conviviaux, on se tutoie souvent", affirme-t-il.

La nuit, "le métro est fermé, les taxis refusent les trajets trop courts, les trajets trop longs, ne veulent pas aller en banlieue", souligne cet habitant de Seine-Saint-Denis, qui estime que les taxis professionnels "creusent leur propre tombe".

Contrairement aux VTC, Samuel comme les autres chauffeurs UberPOP n'a pas suivi les 250 heures de formation nécessaires pour obtenir un agrément, et n'est pas assuré professionnellement.

Alors que le président de la République veut faire dissoudre UberPOP et que près de 3.000 taxis ont manifesté jeudi, parfois violemment, leur opposition à ce service, Samuel ne compte pas s'arrêter.

"Avec tout ce qui se passe, on essaie de se faire discret, pour ne pas se faire repérer par les taxis ou la police." Pas de costard impeccable comme ceux des chauffeurs de VTC, Samuel conduit en jean et chemise de tous les jours. Son passager monte à l'avant.

En cas de contrôle, le jeune homme, écœuré "d'être considéré comme un délinquant", risque un an de prison, 15.000 euros d'amende, la suspension de son permis et la confiscation de sa voiture.

Source : AFP

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