Attentat en Isère: l'enquête se resserre autour des connexions syriennes de Yassin Salhi

  • Yassin Salhi entre des policiers lors de la perquisition à son domicile le 28 juin 2015 à Saint-Priest
    Yassin Salhi entre des policiers lors de la perquisition à son domicile le 28 juin 2015 à Saint-Priest AFP - Philippe Desmazes
  • Carte de localisation du domicile de Yassine Salhi, qui a reconnu avoir décapité son patron Carte de localisation du domicile de Yassine Salhi, qui a reconnu avoir décapité son patron
    Carte de localisation du domicile de Yassine Salhi, qui a reconnu avoir décapité son patron AFP - L. Saubadu/P. Defosseux, pld/rdc
  • Photo fournie le 27 juin 2015 par l'association Les Marronniers-Les Voisins d'en haut d'Hervé Cornara retrouvé décapité près du site de la société américaine Air Products de Saint-Quentin-Fallavier en Isère
    Photo fournie le 27 juin 2015 par l'association Les Marronniers-Les Voisins d'en haut d'Hervé Cornara retrouvé décapité près du site de la société américaine Air Products de Saint-Quentin-Fallavier en Isère Les marronniers-Voisins d'en haut/AFP/Archives
  • Rassemblement devant la mosquée le 28 juin 2015 à Villefontaine
    Rassemblement devant la mosquée le 28 juin 2015 à Villefontaine AFP - ROMAIN LAFABREGUE
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Centre Presse Aveyron

L'enquête sur le jihadiste français présumé Yassin Salhi, qui a décapité son patron avant de commettre un attentat près de Lyon (centre-est) vendredi, se resserre autour des connexions syriennes du suspect, qui dément avoir agi par motivation religieuse.

Alors que la mise en scène de son crime a jeté l'effroi en France, rappelant les exactions commises par le groupe Etat Islamique (EI), Yassin Salhi a contesté pendant sa garde à vue "toute religiosité dans son passage à l'acte", a indiqué lundi une source proche du dossier.

Toutefois, a-t-elle poursuivi, "il ne s'explique pas" sur le fait que la tête de sa victime a été retrouvée fixée à un grillage et encadrée de deux drapeaux frappés de la "chehada", la profession de foi musulmane.

Il a aussi crié "Allah akbar !" ("Dieu est le plus grand !") vendredi aux pompiers qui l'ont maîtrisé quand il tentait d'ouvrir des bouteilles de gaz dans une usine de Saint-Quentin-Fallavier, en région lyonnaise.

Yassin Salhi est désormais interrogé dans les locaux de la police antiterroriste près de Paris, où il a été transféré dimanche.

Les enquêteurs ont établi que le macabre selfie envoyé vendredi vers un numéro canadien avec l'image de la tête de sa victime - son employeur âgé de 54 ans avec lequel il avait eu un différend deux jours avant son acte - avait pour destinataire un homme dans les zones de jihad irako-syriennes.

Ils pensent avoir identifié un jihadiste français combattant dans la région. Ce dernier, prénommé Yunes-Sébastien, est parti en novembre 2014 en Syrie, rejoignant les rangs de l'EI dans le secteur de Raqa, selon des sources proches du dossier.

Yassin Salhi connaissait depuis 2006 Yunes-Sébastien, qui appartenait comme lui à une mouvance islamiste évoluant dans l'est de la France, a déclaré lundi l'une de ces sources.

"C'est un parmi d'autres", a répondu à l'AFP une source antiterroriste, interrogée sur l'importance de cet homme dans les rangs jihadistes français.

En garde à vue avant d'être relâchées, la soeur et la mère de Yassin Salhi ont affirmé que ce dernier s'était lui-même rendu en Syrie en 2009, soit avant la guerre, selon une source proche du dossier.

- Dimension personnelle ? -

Faute d'éléments matériels, les enquêteurs n'ont pu corroborer pour l'instant ces affirmations. Ils n'ont pas réussi à mettre la main sur le passeport de Yassin Salhi au cours d'une perquisition dimanche à son domicile de Saint-Priest, dans la banlieue lyonnaise.

Cet homme était connu depuis le milieu des années 2000 pour son radicalisme, qui lui avait valu d'être fiché entre 2006 et 2008 par les services de renseignement. Il avait de nouveau été repéré entre 2011 et 2014 pour ses liens avec la mouvance salafiste à Lyon.

Les premier éléments de l'enquête ont soulevé la question de l'éventuelle dimension personnelle de son acte.

"Il y a sans doute (chez le suspect, ndlr) des motivations dont la réalité est personnelle, mais il y a une symbolique qui, elle, emprunte tout aux images les plus affreuses, les plus abjectes du terrorisme", a déclaré lundi le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve sur la radio Europe 1.

Un salarié de l'entreprise où il était chauffeur-livreur a fait état d'un différend d'ordre professionnel entre Yassin Salhi et son patron, Hervé Corona, que le suspect a reconnu avoir tué sur un parking avant de perpétrer son attentat.

Les deux hommes auraient eu une altercation après que Yassin Salhi avait fait tomber une palette de matériel informatique, s'attirant une remarque d'Hervé Cornara. Il travaillait depuis mars dans l'entreprise gérée par M. Cornara.

Selon divers médias, Yassin Salhi a aussi évoqué devant les enquêteurs des problèmes conjugaux.

La France, déjà frappée en janvier par des attentats jihadistes au lourd bilan de 17 morts, fait face à "une menace terroriste majeure", a averti dimanche le Premier ministre socialiste Manuel Valls. "La question n'est pas de savoir s'il y aura un nouvel attentat, mais quand", a-t-il averti.

Intervenant dans une émission d'informations de trois grands médias français, M. Valls a parlé de "guerre de civilisation" face "au terrorisme islamiste".

Source : AFP

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