Référendum grec: les Européens lancent la bataille pour le "oui"

  • Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker lors d'une conférence de presse à Bruxelles, le 29 juin 2015
    Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker lors d'une conférence de presse à Bruxelles, le 29 juin 2015 AFP - John Thys
  • Chronologie de la crise financière grecque depuis 2010
    Chronologie de la crise financière grecque depuis 2010 AFP - G. Handyside/J. Storey
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Centre Presse Aveyron

A six jours d'un référendum à haut risque, les Européens ont lancé lundi la bataille du "oui", tentant de convaincre les Grecs de ne pas tourner le dos à l'euro au moment où le pays, au bord du gouffre financier, a dû fermer ses banques.

"Un +non+ voudrait dire (...) que la Grèce dit +non+ à l'Europe", a lancé à Bruxelles le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, critiquant très vivement le gouvernement de gauche radicale d'Alexis Tsipras et se disant "trahi" par la Grèce.

"Je demanderai aux Grecs de voter oui", a-t-il dit, "parce que les Grecs fiers d'eux-mêmes et de leur pays doivent dire oui à l'Europe".

Comme lui, après la rupture brutale des négociations entre Athènes et ses créanciers, plusieurs dirigeants européens, dont la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président français, François Hollande, ont fait le pari du "oui", liant le résultat du vote de dimanche au maintien ou non de la Grèce dans la zone euro.

Car depuis samedi, la crise qui oppose le gouvernement grec à ses créanciers, Union européenne et Fonds monétaire international, a pris une tournure dramatique et inédite dans l'histoire de l'union monétaire.

Réagissant à l'annonce surprise par Alexis Tsipras d'un référendum le 5 juillet sur le plan d'aide financière proposé par les créanciers en échange d'une série de réformes, la zone euro a décidé de ne pas prolonger l'assistance à Athènes, rendant la Grèce responsable de la rupture des négociations.

Le pays, dont les caisses sont vides, risque dès lors le défaut de paiement puisqu'il doit rembourser avant mardi soir quelque 1,5 milliard d'euros au FMI. Au-delà, se profile le scénario noir d'une possible sortie de la zone euro, le "Grexit" redouté par toute l'Europe.

Pour préserver le pays d'un effondrement bancaire, le gouvernement grec a décidé de verrouiller le secteur financier et mis en place un contrôle des capitaux.

Les banques resteront fermées jusqu'au 7 juillet, une décision qui a déstabilisé les Bourses mondiales sans toutefois les faire paniquer.

Paris a terminé la séance en baisse de 3,74%, Francfort a perdu 3,56% et Londres 1,97%. A New York, Wall Street a ouvert en baisse, le Dow Jones perdant 0,41%.

La Bourse d'Athènes s'est mise à l'abri des secousses en fermant pour une semaine.

- Euro contre drachme -

Alors que le gouvernement grec, refusant de soumettre le pays à une austérité accrue, a rejeté les propositions de réformes des créanciers, en particulier sur la TVA et les retraites, le référendum prend le caractère d'une consultation sur le maintien ou non dans la zone euro, bien qu'Athènes réfute cette interprétation.

Malgré l'échec des négociations, les portes ne semblaient pas définitivement fermées lundi. Dans une conversation téléphonique, François Hollande et le président américain, Barack Obama, sont tombés d'accord "pour favoriser une reprise des discussions" sur la crise grecque.

Angela Merkel s´est dite aussi prête à de nouvelles négociations avec la Grèce "après le référendum". "Je continue de répéter que, de notre côté, la porte est encore ouverte", a lancé le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, affirmant qu'il était encore "concevable" d'éviter un "Grexit".

"Si l'euro échoue, l'Europe échoue", a mis en garde Angela Merkel.

Et pour le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, "le référendum grec ne sera pas un derby Commission européenne contre Tsipras, mais euro contre drachme. C'est ça le choix".

"Jouer une démocratie contre 18 n'est pas une attitude qui convient à la Grèce", a lancé Jean-Claude Juncker, très tendu, lors d'une conférence de presse à Bruxelles. "En Europe, aucune démocratie ne vaut plus qu'une autre et dans la zone euro, il y a 19 démocraties, non une contre 18 et non 18 contre une".

"Il ne faut pas se suicider parce qu'on a peur de la mort", a-t-il affirmé, en guise de mise au point.

Le gouvernement grec lui a répondu de façon lapidaire en mettant en cause sa "sincérité", qualité jugée "nécessaire" dans une négociation, selon le porte-parole du gouvernement, Gabriel Sakellaridis.

- Appel au "sang-froid" -

En Grèce, où le gouvernement a appelé la population au "sang-froid", la population apprenait à vivre avec de l'argent de poche: les retraits aux guichets automatiques seront limités, jusqu'au 6 juillet inclus, à 60 euros par jour.

Lundi midi, les distributeurs automatiques ont recommencé à être approvisionnés, entraînant des files d'attente.

Les touristes, qui alimentent un moteur vital de l'économie du pays et toute personne possédant une carte de crédit d'un pays étranger, ne sont pas concernés par la limitation des retraits.

Les Grecs, eux, ne cachaient pas leur inquiétude face à ce saut dans l'inconnu: "demain c'est le jour de la paie. Mais maintenant les banques sont fermées et le patron n'a pas d'argent... Comment on va faire? Il faut qu'on paie nos factures", s'alarmait Sofia Chronopoulos, une vendeuse de tissus à Athènes.

Dimanche à la télévision, Alexis Tsipras avait assuré d'un ton ferme que "les dépôts des citoyens dans les banques grecques étaient absolument garantis", tout comme le versement des salaires et des retraites.

Source : AFP

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