Grèce : deux sondages donnent le non vainqueur au référendum

  • Le drapeau grec flotte sur l'Acropole à Athènes, le 5 juiller 2015
    Le drapeau grec flotte sur l'Acropole à Athènes, le 5 juiller 2015 AFP - ARIS MESSINIS
  • Des isoloirs dans un bureau de vote à Athènes, le 5 juillet 2015
    Des isoloirs dans un bureau de vote à Athènes, le 5 juillet 2015 AFP - ANGELOS TZORTZINIS
  • Une citoyenne grecque retourne une urne pour comptabiliser les votes du référendum à Athènes, le 5 juillet 2015
    Une citoyenne grecque retourne une urne pour comptabiliser les votes du référendum à Athènes, le 5 juillet 2015 AFP - LOUISA GOULIAMAKI
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Centre Presse Aveyron

Deux sondages publiés à l'issue du référendum en Grèce dimanche ont donné vainqueur le non à la proposition des créanciers du pays, et le reste de l'Europe se montrait fébrile en attendant les résultats officiels.

Le vote a pris fin à 19h00 locales (16h00 GMT). Deux sondages réalisés par téléphone, samedi et dimanche pour Mega, dimanche pour Star, et rendus publics à la clôture du scrutin, donnaient l'avantage au non, crédité de 49,5% à 53,5% par Mega, contre 46,5% à 50,5% au oui, et de 49% à 54% par Star, contre 46% à 51% pour le oui.

Des résultats de sondage serrés, pouvant éventuellement se retourner en cours de soirée, et qui témoignait de la difficulté de la question posée aux électeurs.

Panos Kammenos, le ministre de la Défense, président du parti ANEL qui gouverne en coalition avec Syriza, le parti de gauche radicale du Premier ministre Alexis Tsipras, a rapidement manifesté sa satisfaction, tweetant : "Le peuple grec a montré qu'il ne répondait pas au chantage, n'était pas terrorisé et menacé, la démocratie a gagné".

Dans la rue, les réactions de Grecs intimidés par l'enjeu étaient mesurées. Nika Spenzes, 33 ans, chômeuse, comme sa mère, estimait, après avoir voté non, que "même si le non a gagné, elle n'était pas heureuse, avec un pays dans cet état de chômage et de pauvreté". Pour elle, "une victoire du non ne signifiait pas plus d'espoir qu'avant pour la Grèce".

-- Renforcer les autres mouvements --

Giorgios Dedeglicas, 76 ans, qui fait du bénévolat, était pour sa part "heureux" de cette apparente victoire du non, jugeant que c'était "un résultat gratifiant, après tout ce terrorisme médiatique", qui "allait renforcer les autres mouvements" comme Podemos en Espagne.

Sur le papier, à en croire le gouvernement d'Alexis Tsipras, qui appelait au non, il s'agissait de dire un simple oui ou non à la dernière proposition de réformes mise sur la table par les créanciers du pays (UE, FMI, BCE), le 25 juin.

Mais, selon l'interprétation qu'en ont faite depuis la semaine dernière les créanciers, le choix pourrait aboutir plus gravement à la sortie de la Grèce de l'euro, une monnaie à laquelle trois Grecs sur quatre se disent très attachés.

Alors que la campagne électorale éclair avait eu lieu avec des banques fermées pour la semaine, de crainte d'une panique bancaire, et des retraits limités à 60 euros par jour et par personne, augmentant l'anxiété des Grecs, M. Tsipras avait cherché à rassurer, notamment les 10% d'indécis, dimanche.

"Aujourd'hui est un jour de fête et de joie", a-t-il dit, évoquant "son optimisme" et la perspective "d'un nouveau chapitre pour l'Europe, demain".

Le référendum, annoncé le 27 juin seulement, a été lancé après cinq mois de discussions infructueuses, entre le gouvernement grec, arrivé au pouvoir fin janvier, et les créanciers du pays.

Ceux-ci ont accordé depuis 2010 à la Grèce 240 milliards d'euros d'aide ou promesses de prêts, mais n'ont rien versé depuis près d'un an, les Grecs refusant les réformes socialement difficiles proposées par les créanciers.

L'enjeu a rendu fébriles les Européens aussi, dimanche.

La France et l'Italie ont pris une posture plus favorable à la Grèce.

-- Une autre monnaie en cas de non? --

"Il est évident que, le jour d'après, on devra se remettre à parler", a ainsi lancé Mattéo Renzi, président du Conseil italien. Evoquant la photo AFP d'un retraité en pleurs devant une banque de Thessalonique, qui a fait le tour du monde cette semaine, il a affirmé que "la Grèce ne peut finir ainsi".

De son côté, le ministre français de l'Economie Emmanuel Macron a assuré que "quel que soit le vote (en Grèce) nous devons dès demain reprendre des discussions politiques", et non céder à la tentation d'"écraser un peuple".

Athènes a annoncé dès les premiers résultats une "intensification des initiatives à partir de ce soir pour arriver à un accord".

"La première à savoir" qu'il faut rediscuter, selon M. Renzi, et la clé de voûte des négociations, semblait plus que jamais Angela Merkel, la chancelière allemande, prise entre son souci de cohésion de l'euro et une opinion publique allemande de plus en plus hostile à la Grèce.

Mais aucun signe n'était venu d'Allemagne dimanche en début de soirée.

En revanche, d'autres pays intransigeants ont retendu le débat. Le premier ministre espagnol Mariano Rajoy a ainsi espéré "que la Grèce restera dans l'euro", donnant corps au doute. Comme le Premier ministre estonien Taavi Roivas, qui a tweeté : "le oui, c'est espoir et zone euro. Le non, dra(ch)me et nouveaux ennuis".

Le président du Parlement européen Martin Schulz, premier la semaine dernière à souhaiter ouvertement en finir avec "l'ère Syriza", a été aussi le premier à dire clairement dimanche, sur une radio allemande, que "si les Grecs votent non, ils devront prendre une autre monnaie après le référendum".

Source : AFP

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