Alexandre Geniez : «La première semaine, de la survie»

  • «Il me tarde d’être à Rodez (17 et 18 juillet)», confie le natif du piton.
    «Il me tarde d’être à Rodez (17 et 18 juillet)», confie le natif du piton. José A. Torres
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Maxime Raynaud

Entretien. Le grimpeur flavinois de la FDJ s'est élancé ce week-end pour son second Tour de France personnel, après 2013. Nous l’avons rencontré à quelques jours de ce départ pas comme les autres.

  • SON ÉTAT DE FORME APRÈS SA CHUTE AUX CHAMPIONNATS DE FRANCE

Comment avez-vous récupéré de vos blessures, après votre chute sur le contre-la-montre du championnat de France, il y a une semaine et demie ?

Ce n’est pas dramatique. Je sors des radios (entretien réalisé lundi, NDLR) et ce n’est rien de méchant. C’est seulement une entorse de l’acromio-claviculaire (épaule), de niveau 1. Avec un «strap», ça va passer. J’avais des douleurs mais ça va de mieux en mieux.

Avez-vous craint pour votre participation au Tour de France ?

Sur le coup, et même le lendemain, je me suis dit que ça allait être compliqué. Mais dimanche, j’ai vu que j’arrivais à rouler. Au départ, je ne serai peut-être pas à 100% mais je serai remis.

  • SA SÉLECTION TARDIVE 

Vous avez appris votre sélection pour le Tour au tout dernier moment. Ce contexte renforce-t-il votre motivation?

C’est certain. Et c’était très bien pour moi de partir dans l’idée que je n’allais pas au Tour. Je me disais: «Si j’ai récupéré (du Giro), j’irai». Du coup, ce n’est que du bonus.

Vous évoquez la récupération. L’an passé, vous disiez que c’était impossible d’enchaîner Giro-Tour...

C’est vrai. Pour moi, si je jouais le Giro jusqu’au bout, je n’allais pas au Tour. Mais lors des derniers entraînements, j’ai eu de supers sensations. Finalement, c’est possible. Maintenant, je verrai en course. Mon entraîneur m’avait conseillé de couper, de vraiment débrancher après l’Italie, de ne pas trop manger, de ne pas penser vélo. C’est difficile à gérer après un grand Tour.

  • SON RÔLE D’ÉQUIPIER

Passer de leader sur le Giro à équipier sur le Tour, est-ce compliqué à gérer ?

Non. D’avoir été leader en Italie va beaucoup m’apporter pour être équipier. Ce n’est pas évident lorsque tu es équipier de savoir exactement ce que veut le leader, il peut y avoir du stress sur des grosses journées.

Ne s’habitue-t-on pas à avoir des gens qui roulent pour soi ?

(Rires) Non, mais ils ne roulent pas que pour vous! C’est vrai qu’on s’habitue à avoir du monde autour mais un final, c’est un final. Il faut toujours se faire mal aux pattes (rires).

Que signifie concrètement être équipier ?

D’être à côté de Thibaut (Pinot) quand il en aura besoin, c’est-à-dire en montagne, quand il n’y aura plus forcément grand monde, pour l’épauler. Ça passe par le replacer au pied des cols, au sommet, le protéger lorsqu’il y a du vent pour qu’il garde ses forces.

Conservez-vous des ambitions ?

Dans ce cas, ses ambitions personnelles, il faut les ranger. L’objectif, c’est faire du bon boulot pour Thibaut et faire qu’il soit content à l’arrivée. Une arrivée au sommet, je ne peux pas aller gagner. Et je ne prendrai pas non plus une échappée.

  • SON LEADER THIBAUT PINOT

Dans quel état de forme est Thibaut Pinot pour ce Tour ?

Il est dans une très bonne forme. Ce qu’il a fait au Tour de Suisse (4e après avoir été leader, NDLR), c’est vraiment grand.

Donc l’objectif de la FDJ est qu’il aille chercher un résultat au moins aussi bon que l’an passé (3e du général) ?

S’il est dans les cinq, je pense qu’il sera content. C’est sûr, un podium, ce serait génial. Je lui souhaite de revivre la même chose qu’en 2014. En tout cas, il est plus en forme que l’an passé à la même époque. J’espère que ce n’est pas trop tôt.

  • FROOME, SON FAVORI

Qui seront les favoris de ce Tour ?

(Il souffle) Il y en a. Alberto Contador, Vicenzo Nibali... Nibali a vraiment une équipe hyper forte et peut refaire le coup de 2014 sur les pavés. Mais je miserais plus sur un Christopher Froome ou un Contador. Nairo Quintana, c’est peut-être pour un podium mais aller gagner, je ne crois pas. Il faut voir sur les pavés même s’il est très fort en montagne et descend bien. Mais si Contador fait le doublé, ce serait énorme. Ceci dit, je vois plus Froome même si le tracé ne lui convient pas parfaitement.Thibaut (Pinot) est capable de faire la course avec eux. Mais les battre sur trois semaines, je ne sais pas. Il faut être si régulier. Mais je le lui souhaite. 

  • UN TOUR DE FRANCE TRÈS GIRO

Le profil de cette 102e édition ne favorise-t-elle pas les attaquants ?

Les organisateurs raccourcissent le parcours pour faire des étapes de dingue, pour qu’on parte à bloc, qu’on ne débranche pas. En montagne, ça ne sert à rien de faire 230 bornes, ils l’ont compris. Le Tour s’inspire aussi du Giro. Même si c’est un peu plus petit en terme de course, l’Italie est incroyable pour le spectacle. Tu n’as pas une journée tranquille, il y a toujours quelque chose.

Selon vous, tout va se jouer lors des neuf premiers jours ?

La première semaine, ce sera de la survie, une course à élimination. Ça va se faire par l’arrière, avec des chutes. Mur de Huy, les pavés, Mûr-de-Bretagne, le chrono, c’est piégeux. Ensuite, après un jour de repos, on enchaînera avec la montagne. L’objectif, c’est de garder les cartouches en poche à l’issue de la première semaine.

Avez-vous ciblé des étapes clés ?

Elles le seront toutes ! Mais le Plateau de Beille (12e étape) sera très important.

RODEZ, UN GRAND MOMENT

Et ce sera la veille de l’arrivée à Rodez...

Rodez sera piège, il ne faudra surtout pas perdre de temps. Il n’y aura pas de gros écarts mais il vaut mieux être placé au pied de la côte de Saint-Pierre. L’effort est court dans cette montée, 1’15” environ. Mais après 200 km, ça peut être dur. Si (Peter) Sagan ou (Joaquim) Rodriguez sont en forme, c’est pour eux. Ceci dit, j’ai du mal à croire à un gros coup car l’étape n’est pas très compliquée. C’est vallonné, il y a la côte de Bonnecombe, peut-être du vent sur le Lauragais et la descente de la Mouline où on peut être à 90 km/h, mais ce n’est pas fou. Le lendemain, en revanche, à Mende, ça devrait bagarrer entre les favoris.

Vous y pensez à cette étape ruthénoise, chez vous ?

Il me tarde d’y être car ce sera un grand moment, avec beaucoup du monde. Mais il va se passer tellement de choses lors de la première semaine. Le Tour, c’est nerveux comme aucune autre course au monde donc il faut déjà passer le cap des premiers jours...

Ressentez-vous un engouement plus fort autour de vous que lors de votre premier Tour en 2013 ?

Oui ! Le fait que ça passe à Rodez change aussi les choses. Il y a une semaine, on me demandait quinze fois par jour si j’allais être pris. C’était fou. Il y aura un peu de pression mais à force, je suis habitué. Ce n’est pas comme avant mon premier grand Tour. 

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