Nucléaire iranien: un accord est-il imminent ? "Dieu seul sait"

  • Le secrétaire d'Etat américain John Kerry et le ministre des Affaires étrangères iranien Mohammad Javad Zarif à Genève, où se tiennent les négociations sur le dossier nucléaire, le 30 mai 2015
    Le secrétaire d'Etat américain John Kerry et le ministre des Affaires étrangères iranien Mohammad Javad Zarif à Genève, où se tiennent les négociations sur le dossier nucléaire, le 30 mai 2015 Pool/AFP/Archives - SUSAN WALSH
  • Le Palais Coburg à Vienne, où ont lieu les négociations sur le nucléaire iranien, le 7 juillet 2015
    Le Palais Coburg à Vienne, où ont lieu les négociations sur le nucléaire iranien, le 7 juillet 2015 AFP/Archives - JOE KLAMAR
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Centre Presse Aveyron

Têtes à têtes entre ministres à Vienne, échanges téléphoniques et phrases sibyllines: la négociation sur le nucléaire iranien semblait s'accélérer jeudi, mais "Dieu seul sait" si un accord est possible d'ici vendredi, résumait un négociateur de Téhéran.

Treize jours après la reprise formelle à Vienne des négociations entre les grandes puissances et l'Iran, l'accord apparaissait toujours insaisissable, en dépit des progrès accomplis, que toutes les délégations s'accordent à reconnaître.

Dès le début de la matinée, le ballet diplomatique a repris avec la présence des ministres des Affaires étrangères européens, venus rejoindre les deux grands acteurs du dossier, l'Américain John Kerry et son homologue iranien Mohammad Javad Zarif.

Seuls manquaient à l'appel le Russe Sergueï Lavrov et le Chinois Wang Yi, tous deux présents à Oufa, en Russie, pour le sommet des pays émergents des Brics.

Sommet auquel participe également le président iranien Hassan Rouhani, qui, lors d'une conférence de presse avec Vladimir Poutine, a remercié Moscou "pour ses efforts pour faire avancer la négociation".

Moscou a notamment apporté un soutien de poids aux demandes iraniennes en souhaitant la levée "dès que possible" de l'embargo sur les ventes d'armes à l'Iran, un des points de crispation de la négociation.

Téhéran réclame en effet la levée des restrictions sur les armes et sur son programme balistique. Il s'agit d'une des mesures figurant parmi la série de sanctions adoptées depuis 2006 par le Conseil de sécurité de l'Onu, mais l'Iran argue que cet embargo n'a rien à voir avec le dossier nucléaire.

Les Occidentaux, tout en convenant que chaque pays a droit à avoir un programme militaire conventionnel, jugent toutefois qu'une levée de l'embargo sur les armes maintenant ne pourrait pas passer politiquement, en raison du contexte régional.

Mais, pour Sergueï Lavrov, "l'Iran est impliqué dans la lutte contre l'État islamique", le groupe jihadiste en Syrie et en Irak, "et la levée de l'embargo sur les armes l'aidera à améliorer sa capacité à combattre le terrorisme".

- 'Un jour sans fin' -

A Vienne, le P5+1 (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Russie, Chine, France et Allemagne) s'est réuni en session plénière dans la matinée, avant que les ministres n'enchaînent les entretiens bilatéraux.

"C'est la même chose qu'il y a neuf mois", a plaisanté le Français Laurent Fabius au début de la réunion du P5+1, se référant à une précédente session de négociations à Vienne en novembre dernier, au cours de laquelle une prolongation des pourparlers avait été décidée.

"C'est un jour sans fin", a continué sous les rires l'Américain John Kerry, en référence au film "Groundhog Day" avec Bill Murray, où un homme revit chaque jour la même journée.

Mais même sous les plaisanteries, la tension reste vive dans cette négociation hors norme, aux enjeux multiples, qui était censée se conclure le 30 juin dernier.

Depuis près de deux ans, les grandes puissances et l'Iran recherchent un accord qui se dérobe sans cesse sous leurs pieds, en raison de la complexité technique et de l'importance des enjeux.

La communauté internationale veut placer le programme nucléaire iranien sous étroit contrôle, afin de s'assurer que Téhéran ne cherche pas à se doter de la bombe atomique, en échange d'une levée de sanctions imposées depuis une décennie.

Dans l'idéal, les négociateurs occidentaux souhaiteraient parvenir à un accord au plus tard le 9 juillet à Washington (soit vendredi matin à Vienne compte tenu du décalage horaire), date butoir pour qu'il soit présenté au Congrès américain et examiné dans les trente jours. Au-delà, vacances parlementaires obligent, l'examen du texte serait reporté de deux mois.

Une source iranienne a toutefois estimé qu'un accord était "improbable" dans les heures qui viennent.

Les négociateurs ont un texte sur la table, une centaine de pages dont cinq annexes techniques, mais les choix les plus difficiles restent à faire.

Le président américain Barack Obama a parlé par visioconférence dans la nuit de mercredi à jeudi avec John Kerry, présent à Vienne depuis le 26 juin, et lui a donné ses instructions, a fait savoir la Maison Blanche.

Selon le journal américain en ligne Politico, M. Obama, pour qui un accord avec l'Iran serait un succès diplomatique majeur, aurait estimé la possibilité de réussite à moins de 50%, lors d'un cocktail avec des sénateurs mardi soir.

Source : AFP

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