Colombie: accord inédit Farc-gouvernement sur une "désescalade" du conflit

  • Les diplomates cubain Rodolfo Benitez (3e à d) et norvégien Dag Nylander (2e à g) au côté du commandant de la guérilla des Farc Ivan Marquez (d) et du chef de la délégation colombienne Humberto de la Calle (g) à La Havane, le 12 juillet 2015
    Les diplomates cubain Rodolfo Benitez (3e à d) et norvégien Dag Nylander (2e à g) au côté du commandant de la guérilla des Farc Ivan Marquez (d) et du chef de la délégation colombienne Humberto de la Calle (g) à La Havane, le 12 juillet 2015 AFP - YAMIL LAGE
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Centre Presse Aveyron

Le gouvernement colombien et la guérilla des Farc ont annoncé dimanche un accord portant sur la désescalade du conflit, qui prévoit une réduction des opérations de l'armée pour la première fois depuis l'ouverture de pourparlers de paix fin 2012.

Dans une allocution à la nation dimanche soir, le président colombien Juan Manuel Santos a salué cette annonce mais a prévenu que l'attitude de la guérilla ces prochains mois conditionnerait la poursuite du dialogue de paix de La Havane.

"Nous serons vigilants sur ce qui a été conclu aujourd'hui, et dans quatre mois à partir de maintenant, en fonction du respect de l'accord par les Farc, je prendrai la décision de dire si nous continuons le processus ou non", a déclaré M. Santos.

L'accord annoncé à La Havane prévoit "un processus de désescalade des actions militaires" colombiennes à partir du 20 juillet, "en réponse à la suspension des actions offensives des Farc" annoncée plus tôt cette semaine, selon un communiqué des délégations des deux parties lu à La Havane par les diplomates norvégien Dag Nylander et cubain Rodolfo Benitez, dont les pays accompagnent les discussions de paix.

Ce processus, qui vise à donner un nouvel élan aux discussions de paix dans un contexte de recrudescence du conflit, prévoit à terme un cessez-le feu de l'armée, une option que le président Juan Manuel Santos a longtemps rejetée, craignant que la rébellion ne la mette à profit pour se renforcer.

Les parties ont "décidé de faire tous les efforts nécessaires pour parvenir sans tarder à la signature d'un accord (de paix) final", et définir "sans délai les termes du cessez-le-feu bilatéral et définitif", indique le texte signé par les délégations du gouvernement et de la rébellion.

M. Santos a insisté sur le fait qu'il ne s'agissait pas en l'état actuel d'un "cessez-le-feu bilatéral". "S'ils suspendent leur offensive contre le pays, nous réduirons aussi les actions militaires", a-t-il précisé.

La rébellion avait ouvert la voie à cet accord mercredi en annonçant une nouvelle trêve unilatérale, prévue sur 30 jours à partir du 20 juillet. Un de ses porte-parole a indiqué à l'AFP que les Farc se donnaient un mois pour examiner son éventuelle prolongation.

Les négociateurs de La Havane se sont aussi mis d'accord pour demander au secrétariat général de l'ONU et à la présidence de l'Union des nations sud-américaines (Unasur) un "accompagnement" pour mener la "surveillance et la vérification" de cette désescalade.

- "Renforcer la confiance" -

Peu après l'annonce de l'accord, le numéro deux des Farc et chef des négociateurs de la rébellion Ivan Marquez a estimé devant la presse qu'il s'agissait là d'un "élan vigoureux, prometteur et plein d'espoir" pour le processus de paix.

Toujours à La Havane, son homologue du gouvernement colombien Humberto de la Calle a ensuite souligné que l'accord visait "à renforcer la confiance des Colombiens" envers le processus de paix, précisant que si le gouvernement allait réduire ses opérations, il n'était pas question pour lui d'abandonner son rôle de protection de la population colombienne.

"Avec ces nouvelles avancées, je vois enfin la lumière au bout du tunnel, et cela me remplit de confiance et d'espoir. Nous atteindrons cette paix qui s'est tant dérobée", a assuré le président Santos dans sa déclaration aux Colombiens.

Principale rébellion du pays avec près de 8.000 combattants selon les autorités, les Farc avaient déjà observé une trêve de cinq mois entre décembre et mai dernier, produisant une véritable accalmie sur le terrain.

Mais la rébellion avait repris les combats dans la foulée d'une série d'offensives de l'armée, générant des craintes au sein de la communauté internationale et des doutes du côté de l'opinion colombienne sur le bien-fondé des pourparlers.

Le 7 juillet, les quatre pays accompagnant le processus de paix - la Norvège, Cuba (pays "garants"), le Chili et le Venezuela (pays "accompagnateurs") - s'étaient émus du regain des hostilités et avaient appelé à une "désescalade urgente" du conflit.

Les négociations de paix de La Havane sont destinées à régler le plus vieux conflit latino-américain, qui a fait officiellement en un demi-siècle quelque 220.000 morts et provoqué le déplacement de six millions de personnes.

Source : AFP

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