Tsipras se lance dans la bataille pour faire adopter en Grèce l'accord de Bruxelles

  • Un graffiti dans une rue d'Athènes montrant un symbole de l'euro sanguinolent, le 14 juillet 2015
    Un graffiti dans une rue d'Athènes montrant un symbole de l'euro sanguinolent, le 14 juillet 2015 AFP - ARIS MESSINIS
  • Présentation des principaux points du plan de secours de la Grèce Présentation des principaux points du plan de secours de la Grèce
    Présentation des principaux points du plan de secours de la Grèce AFP - S. Ramis /P. Pizarro / J. Jacobs
  • Manifestation à Athènes le 13 juillet 2015 contre l'accord  conclu à Bruxelles entre les Européens et les Grecs
    Manifestation à Athènes le 13 juillet 2015 contre l'accord conclu à Bruxelles entre les Européens et les Grecs AFP - LOUISA GOULIAMAKI
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Centre Presse Aveyron

Après avoir éloigné le spectre d'un "Grexit", Alexis Tsipras doit arracher mardi le soutien de son propre camp aux impopulaires mesures exigées par les créanciers, qu'il devra faire adopter par le Parlement au plus tard mercredi.

Le Premier ministre grec, qui pour le journal libéral Kathimerini enchaîne un "sprint à Athènes après un marathon à Bruxelles", doit dans la journée multiplier les consultations avec les membres de son parti, la formation de gauche radicale Syriza.

Pour certains d'entre eux, l'accord trouvé à Bruxelles au terme d'une nuit de négociations est une capitulation face à l'austérité imposée par l'Allemagne, et pourtant rejetée massivement par référendum le 5 juillet.

"Cet accord va passer avec les voix de l'opposition, pas avec celles du peuple", a prévenu le ministre de l'Energie Panagiotis Lafazanis, eurosceptique convaincu.

Mêmes réticences au sein du parti souverainiste des Grecs Indépendants (ANEL), partenaire de coalition minoritaire, qui se réunit mardi autour des projets de réforme dont Bruxelles exige la transcription dans la loi au plus tard mercredi.

Son meneur, le ministre de la Défense Panos Kammenos, a dénoncé mardi un "coup d'Etat au coeur de la zone euro". Mais assuré qu'il voulait "continuer (à gouverner) avec Tsipras".

- Financement d'urgence -

A Bruxelles, les ministres des Finances de la zone euro tentent eux de ficeler mardi un financement d'urgence de la Grèce, le temps qu'un nouveau plan d'aide, le troisième dont elle bénéficierait depuis 2010, soit formellement mis en place.

Le pays est incapable de faire face à ses besoins immédiats, évalués à 12 milliards d'euros d'ici à fin août, dont des remboursements à la Banque centrale européenne et au Fonds monétaire international, face auquel la Grèce a une nouvelle fois fait défaut lundi.

L'Etat grec a néanmoins réussi à s'acquitter du remboursement d'obligations dites "samouraï" auprès de créanciers privés au Japon, qui ont reçu mardi 148 millions d'euros. Une goutte d'eau rapportée au montant total de la dette grecque (près de 312 milliards d'euros, soit 177% du produit intérieur brut du pays).

Le Parlement grec doit inscrire en un temps record dans la loi quelques-unes des contreparties consenties par M. Tsipras lundi à l'aube, en échange de la promesse d'une aide d'entre 82 et 86 milliards d'euros.

Athènes doit ainsi faire adopter en 48 heures une augmentation de TVA et une réforme des retraites, entre autres.

Le feu vert des députés grecs n'est qu'une condition préalable. Il faudra ensuite que les Parlements de plusieurs autres pays se prononcent, dont une commission du Parlement finlandais jeudi et le Bundestag vendredi, avant d'espérer un semblant de normalisation dans un pays asphyxié depuis fin juin par des contrôles de capitaux.

Les banques grecques resteront fermées au moins jusqu'à mercredi, le temps pour la BCE de statuer sur la ligne de crédit d'urgence dont elles bénéficient, bloquée actuellement à 89 milliards d'euros.

- Grève des fonctionnaires -

Si M. Tsipras arrache le veu vert du Parlement grâce aux voix des partis de l'opposition, essentiellement le Pasok (sociaux-démocrates) et Nouvelle Démocratie (conservateurs), il risque de faire imploser son propre gouvernement, avec pour conséquence un remaniement voire, en cas de crise ouverte, de nouvelles élections.

Le jeune Premier ministre pourrait aussi s'aliéner une partie des Grecs, ceux-là même qui l'avaient plébiscité lors du référendum du 5 juillet.

Il sera confronté mercredi, jour du vote, à un appel à la grève du syndicat des fonctionnaires, le premier depuis son arrivée au pouvoir en début d'année.

Et les premières ruptures dans son parti Syriza sont consommées. Le député Dimitris Kodelas a annoncé sa démission du groupe parlementaire après le vote mercredi.

Et le ministre adjoint aux Affaires européennes, élu de Syriza, Nikos Chountis, a déjà démissionné lundi pour rejoindre le Parlement européen.

Lors du vote en fin de semaine dernière qui a autorisé le Premier ministre à négocier un accord sur la base d'un programme de rigueur, sur 139 députés de Syriza, 17 avaient voté contre ou s'étaient abstenus. 15 autres avaient eux cédé, mais fait savoir qu'ils ne voteraient pas de futures lois d'austérité.

Pour calmer les esprits, le ministre de l'Intérieur Nikos Voutsis (Syriza) assurait mardi que le gouvernement allait "supprimer ces mesures (d'austérité) pendant la phase de mise en oeuvre" et qu'il y aurait "des mesures permettant de les annuler" après le vote.

De quoi chauffer encore les esprits en Europe après quinze jours dantesques de négociations et coups d'éclat, entre référendum grec surprise et campagne allemande pour un "Grexit" temporaire.

Les Etats-Unis, que ces déchirements inquiètent, ont voulu croire lundi que l'accord arraché à Bruxelles était "crédible".

Mais mardi l'un des virulents adversaires de Syriza en Europe, le quotidien allemande Bild, ne désarmait pas. "Merkel sauve la Grèce avec notre argent!", s'indignait en Une l'influent journal à grand tirage.

Source : AFP

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