L'AIEA, les yeux et les oreilles de la communauté internationale en Iran

  • Yukiya Amano, directeur général de l'AIEA au siège à Vienne, le 29 novembre 2013
    Yukiya Amano, directeur général de l'AIEA au siège à Vienne, le 29 novembre 2013 AFP/Archives - Alexander Klein
  • Des inspecteurs de l'AIEA (2e et 3e g) sur le site nucléaire de Natanz au sud de Téhéran le 20 janvier 2014
    Des inspecteurs de l'AIEA (2e et 3e g) sur le site nucléaire de Natanz au sud de Téhéran le 20 janvier 2014 IRNA/AFP - Kazem Ghane
  • Accord sur le nucléaire iranien
    Accord sur le nucléaire iranien AFP - P.Pizarro/S.Huet/T.Saint-Cricq
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Centre Presse Aveyron

A l'Agence internationale de l'énergie atomique, on l'appelle "le cachot". C'est une pièce encombrée, cachée dans les sous-sols de l'agence internationale à Vienne, et elle contient le matériel utilisé par les inspecteurs pour vérifier que les pays respectent leurs obligations nucléaires.

Ici sont entreposés des équipements ultraperfectionnés qui vont permettre aux agents de l'institution onusienne de vérifier que l'Iran se plie bien aux engagements pris dans le cadre de l'accord historique conclu mardi à Vienne avec les grandes puissances.

Fixées sur un des murs du "cachot", que l'AFP a pu visiter, des caméras encastrées dans des boites métallisées bleues permettent d'enregistrer les images des sites nucléaires iraniens inspectés par l'AIEA.

Ces caméras ne se trouvent pas sur le marché, elles ont été fabriquées spécialement pour l'agence. Et les images qu'elles enregistrent, tout comme les scellés électroniques qui peuvent être apposés sur les équipements nucléaires, sont infalsifiables.

D'autres gadgets hautement sophistiqués, certains flambant neufs, mesurent par exemple le taux d'hexafluoride d'uranium (sous forme de gaz)dans les centrifugeuses. Ce dernier, enrichi à haute dose, permet de fabriquer une bombe atomique.

Au sortir du cachot, on songe qu'effectivement, l'AIEA sera bien, comme l'a dit son directeur général Yukiya Amano, "les yeux et les oreilles de la communauté internationale" en Iran.

- Inspections renforcées -

Mais tous ces équipements ultrasophistiqués ne seraient rien sans les ressources humaines.

Actuellement, l'AIEA, qui a déjà un accès aux sites nucléaires iraniens, déploie 4 à 10 inspecteurs par jour sur le terrain.

Mais après la signature de l'accord, l'agence va voir sa charge de travail augmenter, puisqu'elle devra inspecter aussi d'autres sites.

Ceci inclut des sites militaires, où l'Iran pourrait avoir mené des expériences conventionnelles susceptibles de s'appliquer à un programme nucléaire.

L'une des principales missions de l'AIEA est en effet de faire la lumière sur la possible dimension militaire (PMD) du programme nucléaire iranien.

Téhéran, qui l'a toujours démenti, est soupçonné d'avoir mené des recherches clandestines jusqu'en 2003, et peut-être au-delà, pour un programme nucléaire militaire.

L'AIEA veut avoir accès aux scientifiques, documents et sites soupçonnés d'être liés à ces recherches.

"On ne va pas jouer les cow-boys comme on l'a fait en Irak et aller regarder au-dessous du lit, ni réclamer une confession aux Iraniens, mais il faut que l'on fasse la lumière sur le passé pour avoir confiance en l'avenir", explique un diplomate occidental.

L'AIEA va également s'occuper des centrifugeuses, ces machines qui servent à enrichir l'uranium. Au terme de l'accord, Téhéran a accepté de diminuer drastiquement le nombre de ses centrifugeuses, et de les placer sous les scellés de l'AIEA.

L'agence onusienne devra aussi vérifier la réduction du stock iranien d'uranium faiblement enrichi et la transformation du réacteur d'Arak.

- Hôpitaux, sites militaires... -

Selon Thomas Shea, un ancien inspecteur, l'AIEA devra peut être aussi s'appuyer sur les services secrets étrangers, ou les dissidents iraniens.

"Si Téhéran voulait de nouveau disposer d'équipements clandestins, il pourrait essayer de les dissimuler dans des sites industriels, des hôpitaux, des centres commerciaux ou sur des bases militaires", a estimé M. Shea dans un rapport pour l'Association américaine de Contrôle des armes.

L'AIEA, fondée en 1957 par l'Assemblée générale des Nations unies pour encourager le développement de l'énergie atomique à des fins pacifiques, lauréate du prix Nobel de la paix en 2005, est aussi considérée par certains en Iran comme un nid d'espions et une agence partiale.

Les relations avec Téhéran se sont cependant améliorées depuis deux ans, selon une source diplomatique.

La mise en œuvre de l'accord représentera "un gros effort global pour l'institution", dont le budget annuel est de 350 millions d'euros, selon une source diplomatique.

"Il s'agira de la plus importante opération de l'AIEA" et les besoins en hommes, financements et matériels seront conséquents, avait averti au mois de mai M. Amano, rappelant que la mise en la mise en œuvre de l'accord intermédiaire conclu en novembre 2013 entre Téhéran et les grandes puissances a coûté 1 million d'euros par mois.

Source : AFP

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