Merkel demande au Bundestag de voter l'aide à la Grèce pour éviter le chaos

  • La chancelière allemande Angela Merkel et le ministre des Finances Wolfgang Schaüble, au Bundestag à Berlin, le 17 juillet 2015
    La chancelière allemande Angela Merkel et le ministre des Finances Wolfgang Schaüble, au Bundestag à Berlin, le 17 juillet 2015 AFP - Tobias Schwarz
  • La chancelière allemande Angela Merkel et le vice-chancelier Sigmar Gabriel, au Bundestag à Berlin, le 17 juillet 2015
    La chancelière allemande Angela Merkel et le vice-chancelier Sigmar Gabriel, au Bundestag à Berlin, le 17 juillet 2015 AFP - John MacDougall
  • Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schaüble, fait un discours devant le Bundestag, le 17 juillet 2015 à Berlin
    Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schaüble, fait un discours devant le Bundestag, le 17 juillet 2015 à Berlin AFP - Tobias Schwarz
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Centre Presse Aveyron

La chancelière allemande Angela Merkel a demandé vendredi sur un ton inhabituellement dramatique aux députés du Bundestag leur feu vert à un troisième plan de soutien à la Grèce, afin d'éviter le "chaos".

"Il ne fait aucun doute que le résultat de lundi matin est dur pour les gens en Grèce, mais aussi pour les autres" dans la zone euro, a affirmé Mme Merkel devant les parlementaires, qui devaient lui accorder sans problème en milieu de journée un mandat pour négocier ce troisième plan d'aide, de quelque 80 milliards d'euros.

"Je sais que beaucoup d'entre vous ont des doutes et des inquiétudes", a-t-elle dit, au jour de son 61e anniversaire. Mais "nous agirions de manière complètement irresponsable si nous n'essayions pas de prendre cette voie", a-t-elle poursuivi, car "l'option alternative serait le chaos assuré".

Au terme d'environ trois heures de débat, les 631 députés allemands, revenus exprès de vacances pour cette session extraordinaire, devaient décider s'ils donnent ou non leur feu vert pour la négociation d'un troisième plan de soutien à la Grèce, d'un montant de plus de 80 milliards d'euros déjà sujette à doutes et interrogations.

Résultat d'une "dernière tentative" de négociations sans laquelle la Grèce aurait risqué d'être "saignée à blanc", cet accord demande "une solidarité sans précédent" pour les uns et "des exigences sans précédent" pour la Grèce, a reconnu Angela Merkel, dans un discours d'une vingtaine de minutes, suivi d'interventions du vice-chancelier, le social-démocrate Sigmar Gabriel, et du ministre des Finances Wolfgang Schäuble.

- Corde sensible-

Un "oui" de la chambre basse du parlement ne faisait aucun doute. La coalition conservateurs/sociaux-démocrates au pouvoir est assise sur une écrasante majorité (504 sur 631 sièges), et peut même compter sur le soutien d'une partie de l'opposition.

Le grogne dans le camp conservateur de Mme Merkel a toutefois nettement enflé ces dernières semaines, et devrait se traduire par une cinquantaine de "non" parmi les députés CDU/CSU (sur 311). L'opinion publique allemande est elle aussi divisée, un sondage publié vendredi faisant état de 49% d'opposants à une nouvelle aide, et 46% de partisans.

De manière assez inhabituelle, Angela Merkel a joué sur la corde sensible, demandant d'entrée de jeu aux députés de s'imaginer en Allemagne des queues de retraités aux distributeurs bancaires, comme on a pu le voir ces derniers jours en Grèce.

En début de semaine, Athènes s'est mis d'accord dans la douleur avec ses partenaires du bloc monétaire sur le principe d'un troisième plan d'aide, lui accordant plus de 80 milliards d'euros, en échange de réformes draconiennes. Certaines ont déjà été mises sur les rails, en gage de bonne volonté et au prix de fortes tensions politiques en Grèce où le Premier ministre Alexis Tsipras a perdu sa majorité parlementaire et des législatives anticipées sont évoquées.

Alors qu'en début de semaine le soulagement prévalait dans les capitales européennes d'avoir échappé au "Grexit", scénario redouté de sortie de la Grèce de l'euro, ces derniers jours doutes et interrogations ont pris le pas.

« C’est sûr, cet accord n’est pas une garantie pour les années qui viennent, mais il a permis d’éviter le risque de chaos d’une banqueroute grecque", a déclaré le président du Conseil européen Donald Tusk dans un entretien à plusieurs journaux européens.

Le peu d'enthousiasme est flagrant en Grèce où, lors d'un nouveau débat parlementaire nocturne, M. Tsipras a redit qu'il était "en désaccord" avec de nombreux aspects du programme. "Je pense que personne dans cette salle n'est content de l'accord", a affirmé le vice-ministre des Finances Dimitris Mardas, enfonçant le clou.

Les réticences d'Athènes nourrissent les doutes sur "la volonté et la capacité" du gouvernement grec à mettre en oeuvre ce qu'il a promis, exprimés jeudi par exemple par le président de la Banque centrale européenne Mario Draghi.

- et la dette? -

Cela n'a pas empêché la BCE de desserrer la bride pour les banques grecques, fermées depuis le 29 juin, en augmentant le plafond des prêts d'urgence qui les font vivre, ce qui devrait leur permettre de rouvrir lundi.

M. Draghi a également pris fait et cause jeudi pour un allègement de la dette grecque, colossale à plus de 300 milliards d'euros (180% du PIB), rejoignant ainsi la position du Fonds monétaire international (FMI), qui y conditionne sa participation à nouveau plan d'aide.

Les négociations sur ce sujet s'annoncent âpres, Berlin étant catégoriquement opposé à toute réduction de la valeur nominale de la dette.

En attendant, pour parer au plus pressé et notamment un remboursement de 4,2 milliards d'euros à la BCE lundi, l'UE devrait valider vendredi le principe d'un financement d'urgence, sous forme d'un prêt de sept milliards d'euros.

Source : AFP

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