Mujeres : femmes à barbe hispano-garagistes

  • Les Espagnols de Mujeres balancent un rock garage aux forts accents US.
    Les Espagnols de Mujeres balancent un rock garage aux forts accents US.
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Monsieur l’ouïe

Ça canicule à fond ces temps-ci, comment voulez-vous que l’on s’inocule de la musique brûlante à tel point que si vous vous mettez à y danser dessus, vous risquez de fondre presque aussi rapidement qu’un glacier des Alpes pendant le réchauffement climatique ? Réponse : on s’en fout, on est à Barcelone, et en plus durant l’été, la chaude saison. Ça cuit ? Tant mieux, et même, on remonte le thermostat avec Mujeres.

Ce qui en espagnol veut dire «femmes», voilà qui est déjà surprenant quand on a affaire à quatre mecs, dont deux barbus, dont l’unique trip consiste à jouer très fort de la musique sur scène. Très fort, mais avec des vocalises quand même, avec des mélodies, mais avec l’envie totalement transparente de faire transpirer leurs ouailles dans des gesticulations chorégraphiques frisant bon le pogo. Ce groupe catalan de quelque 7 années d’âge, qui a produit plus de cassettes que de CD, balance à toute berzingue un rock garage aux forts accents US, in anglais in le texte, aux influences multiples.

Siliconé-e-s aux amphétamines

Black Lips, et plus loin, de leur aveu même, les Sonics, le Velvet, le 13th Floor Elevator, les Modern Lovers, mais aussi des embruns de punk californien, comme les Ramones en gentil, ou plus surf genre les Beach Boys, mais là en plus méchant. Si on fait du surf dans certains morceaux comme «I wonder», dans d’autres on envoie le bois sous les mêmes tropiques mais en plus garage donc. De Lose control à Radiant border, c’est une galopade d’enfer qui vous attend. Et ces Mujeres sont gonflé-e-s, dopé-e-s sans nul doute, et siliconé-e-s aux amphétamines. Ils ou elles ont eu de plus le culot d’appeler ce premier vrai album «Marathon», alors que c’est bien du sprint musical qu’on vous propose.

C’est la canicule ? Fondez pour de bon, lâchez les watts, suez toutes vos toxines avec ce son énergique et plus efficace qu’un énième régime minceur. Ouaouh, on a l’impression d’être dans un sauna peuplé de parkinsoniens épileptiques en phase terminale. Mais attention, messieurs-dames, ça ne fait pas n’importe, quoi? Du surf, du punk, le soleil, la plage, de bonnes baignades aux alentours de minuit, car même si nous sommes en Espagne, ce n’est pas tout à fait le soleil de Bodega, mais les projos brûlants d’un vieux bolide vintage courant dans les plaines cramées d’un été dantesque.

Bouffée d’air frais

Ça cuit, ça cuit cuit, ça cuit tellement cette musique sous ce climat-là que ça en devient bien bon. Et même les deux, ou trois, morceaux en espagnol dans le texte, je pense à «Vivir sin ti» (vivre sans toi ne rafraîchit qu’à peine l’atmosphère) ou «Galgo diamante» plus sirupeux dans les propos, suffisent à peine à nous donner de l’air. Et finalement, c’est plus simple d’y aller franco (comme on dit chez les Ibères), de mettre le tempo au pas de charge et de se secouer, banane aux lèvres, jusqu’à complète sécheresse du corps. Et même, une fois arrivé au bout de ce Marathon, pas sûr que vous n’irez pas retourner sur la ligne de départ pour vous refaire encore un petit tour. La chaleur, quand c’est très très chaud et quand on le fait exprès, ça vous donne une grande bouffée d’air frais. 

Mujeres, «Marathon», chez Platinum Records/62TV.

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