Un centre d'accueil des ours sauvés de la captivité au coeur des Carpates

  • Des ours dans le centre de Libearty en Roumanie le 26 juin 2015
    Des ours dans le centre de Libearty en Roumanie le 26 juin 2015 AFP/Archives - DANIEL MIHAILESCU
  • Un ourson dans le centre de Libearty en Roumanie, le 6 avril 2015
    Un ourson dans le centre de Libearty en Roumanie, le 6 avril 2015 AFP/Archives - DANIEL MIHAILESCU
  • Des oursons dans le centre de Libearty en Roumanie, le 6 avril 2015
    Des oursons dans le centre de Libearty en Roumanie, le 6 avril 2015 AFP/Archives - DANIEL MIHAILESCU
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Centre Presse Aveyron

Ils ont été enfermés dans des cages, frappés, privés de nourriture : à "Libearty", au coeur des Carpates roumaines, 80 ours sauvés de la captivité se remettent difficilement des mauvais traitements infligés par leurs anciens propriétaires.

"Quand l'heure du repas arrive, Mura se met à danser, elle a toujours peur de ne pas être nourrie si elle ne danse pas", confie à l'AFP Paula Ciotlos, l'un des guides de ce sanctuaire pour ours bruns, le plus vaste du monde, ouvert en 2005 et s'étalant sur 69 hectares.

Après cinq ans passés à "faire le clown" au cirque Globus de Bucarest, Mura avait obstinément refusé de retourner dans l'arène. Le directeur du cirque avait fini par accepter son transfert à "Libearty", un mot créé à partir de "liberté" et "ours" en anglais ("liberty" et "bear").

"La mise en place de cette réserve a été inspirée par Maia", raconte Cristina Lapis, présidente de l'association "Des Millions d'amis" (AMP), à l'origine de ce projet. Traumatisée par les conditions dans lesquelles elle était contrainte de vivre, cette ourse avait commencé à s'automutiler et est morte des suites de ses blessures, ajoute-t-elle.

Les deux premiers locataires de "Libearty" ont été Lidia, baptisée "la blonde" à cause de son pelage châtain doré, et Cristi, un gros ours brun.

Ils avaient auparavant partagé pendant sept ans une cage de cinq mètres carrés adossée à un restaurant, où les touristes s'amusaient à leur donner à boire de la bière. Leurs pattes portent toujours les traces des blessures provoquées par des bris de verre.

- Des histoires 'tristes mais éducatives' -

Tous les ours accueillis dans ce sanctuaire ont une histoire "triste mais éducative", souligne Paula Ciotlos, selon laquelle, en ouvrant le site aux touristes -pas plus de trois heures par jour-, l'association a voulu changer les mentalités.

Un pari réussi à en croire John Hancock, un touriste britannique qui confie "ne plus avoir envie" de voir des animaux au zoo après avoir appris les traumas qu'implique une vie en captivité.

"Ici, c'est l'environnement idéal pour les ours, ils y jouissent de tout ce dont ils ont besoin", dit-il.

Sur le terrain offert par la mairie de Zarnesti, les plantigrades reçoivent de la nourriture une fois par jour et disposent de forêts ombragées ainsi que de plusieurs bassins dont ils profitent pleinement pour se baigner.

Mais ils ne pourront jamais retrouver la vie sauvage à 100% car ils ont perdu en partie leurs instincts et "ne seraient plus capables de survivre seuls dans une forêt, de se battre pour une femelle ou pour de la nourriture", précise la guide.

Deux millions d'euros ont jusqu'ici été investis dans cette réserve, qui a attiré en 2014 près de 21.000 touristes.

La Roumanie compte environ 6.000 ours bruns, soit environ 60% de la population de ces plantigrades en Europe.

Et dans les zones montagneuses, il n'est pas rare que des femelles accompagnées de leurs petits descendent en ville pour chercher de la nourriture dans les poubelles.

- Une 'crèche' pour les oursons orphelins -

Parfois, à la suite d'un accident ou de l'intervention de l'homme, les oursons se retrouvent seuls, séparés de leur mère. C'est pour eux qu'un amoureux des animaux, Leonardo Bereczky, a mis en place une "crèche" dans les monts Hasmas, à 200 km au nord de Zarnesti.

"Un ourson est très fragile et vulnérable jusqu'à l'âge de deux ou trois ans", indique M. Bereczky, selon lequel les petits "orphelins" y sont protégés mais aussi encouragés à se débrouiller seuls, à "travailler pour trouver leur nourriture".

"Il est très important que les oursons grandissent loin des humains" pour retourner à terme à la vie sauvage, dit-il. Jusqu'ici, une centaine d'oursons ont pu être relâchés dans la nature.

D'après Leonardo Bereczky, la principale menace pesant sur les ours vient de la présence envahissante de l'homme dans leur habitat et surtout de l'exploitation des forêts.

Paula Ciotlos y ajoute le souhait de certains de faire des bêtes sauvages des animaux de compagnie.

Elle affirme toutefois que si, dans les années 1990-2000, de nombreux restaurants dans les Carpates exposaient des ours dans des cages pour attirer les touristes, cela est aujourd'hui en train de changer, grâce notamment à une législation plus restrictive. Résultat, "il ne reste plus aujourd'hui en Roumanie qu'une dizaine d'ours en captivité qui attendent d'être sauvés".

Source : AFP

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