Face à la colère des éleveurs, le gouvernement saisi par l'urgence

  • Des agriculteurs bloquent une route entre Quimper et Brest, le 21 juillet 2015
    Des agriculteurs bloquent une route entre Quimper et Brest, le 21 juillet 2015 AFP - FRED TANNEAU
  • Répartition des emplois de l'élevage, décomposition du prix des aliments et marges des éleveurs et producteurs par produits (lait, viande bovine, porc)
    Répartition des emplois de l'élevage, décomposition du prix des aliments et marges des éleveurs et producteurs par produits (lait, viande bovine, porc) AFP - S.Ramis/T.Saint-Cricq
  • Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, le 21 juillet 2015 à Paris
    Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, le 21 juillet 2015 à Paris AFP - THOMAS SAMSON
  • Des éleveurs lors d'une  opération de blocage routier pour protester contre la faiblesse des prix, le 20 juillet 2015 à Breteville-sur-Odon près de Caen
    Des éleveurs lors d'une opération de blocage routier pour protester contre la faiblesse des prix, le 20 juillet 2015 à Breteville-sur-Odon près de Caen AFP - CHARLY TRIBALLEAU
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Centre Presse Aveyron

Face à la colère des éleveurs qui ont étendu leurs blocages à travers la France, le gouvernement est passé à la vitesse supérieure et prépare un plan d'urgence qui doit être annoncé d'ici mercredi.

C'est François Hollande lui-même, monté en première ligne dans ce dossier, qui a souhaité présenter les mesures en Conseil des ministres.

Afin de faire baisser la tension, croissante sur les barrages établis par des éleveurs de Normandie, le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll s'est rendu à Caen en fin de journée pour y rencontrer les producteurs de lait qui se battent eux aussi pour une revalorisation du prix de leur travail. Dans un premier temps, le ministre avait fixé à jeudi, au ministère, la réunion avec les représentants des agriculteurs.

"On n'était pas là pour négocier" a lâché M. Le Foll après deux heures de réunion, confirmant que des mesures seraient présentées visant notamment "un recalibrage des aides aux exploitations les plus endettées".

"L'ensemble des filières", viande porcine, viande bovine et surtout lait a été évoqué avec les éleveurs normands, principal bassin laitier français, a-t-il insisté.

Mais les éleveurs n'ont pas encore décidé de lever leurs barrages.

"On réfléchit à maintenir les points de blocages et à rassembler les agriculteurs" a prévenu le président de la FDSEA du Calvados Jean-Yves Heurtin à l'issue de la réunion.

A la mi-journée, le Premier ministre Manuel Valls en avait appelé à "la responsabilité de chacun", ciblant en particulier les "industriels" et la "grande distribution", pour qu'ils agissent sur les prix et donnent un coup de pouce aux éleveurs en colère.

- Un rapport très attendu -

Le ministre devait regagner Paris en soirée pour prendre connaissance d'un rapport sur les prix et les marges, très attendu, du médiateur qu'il a désigné et dont la remise a été avancée de 24 heures pour endiguer la crise.

Ce rapport, commandé à l'issue d'une table ronde de la filière bovine le 17 juin, traite spécifiquement des prix de la viande bovine et du rôle des intermédiaires (industrie et distribution).

Il sera scruté de très près par les professionnels et les autorités pour déterminer qui, de la grande distribution ou des industriels des abattoirs, manque à sa parole et refuse d'appliquer des hausses de tarifs convenues.

Ce rapport ne concerne pas les prix du lait. Mais "clairement", a jugé M. Le Foll devant les éleveurs du principal bassin laitier de France, la filière est en crise: "302 à 304 euros la tonne, c'est insuffisant".

Les producteurs réclament "au minimum 30 centimes" par litre de mieux.

Sur le terrain, les éleveurs normands avaient étendu leurs blocages mardi pour la 3e journée de mouvement, bloquant l'accès à Caen, à Evreux, au Mont-Saint-Michel et aux ponts de Normandie et de Tancarville.

Les manifestants ont aussi élevé des barrages sur plusieurs routes ou autoroutes de la région.

Les blocages se sont propagés à la Bretagne, vers Saint-Malo et Brest, au sud-ouest autour de la grotte de Lascaux et en Picardie.

Les éleveurs de Rhône-Alpes s'apprêtaient à rejoindre le mouvement mercredi, prévoyant des barrages filtrants dans la Loire. Pour Jean-Pierre Royannez, président de la FRSEA Rhône-Alpes, la sécheresse vient de plus s'ajouter à la baisse des prix de la viande das la région.

- La sécheresse en plus -

"C'est l'amalgame des deux qui devient dramatique. Les exploitations ont atteint un tel niveau de fragilité que les agriculteurs ne peuvent plus faire face. Avant on avait un peu de trésorerie pour nous aider à passer ces coups-là, mais plus maintenant car on n'a plus de bonnes années" explique-t-il.

Les atermoiements du ministre ont alimenté un tir nourri de critiques de l'opposition, tel Bruno Le Maire (Les Républicains) qui y a vu un signe de "mépris".

Parmi les annonces attendues, le gouvernement pourrait opter pour des mesures de désendettement des exploitations (un milliard d'euros de dettes cumulées selon la FNSEA) en prenant à sa charge une partie des intérêts.

Stéphane Le Foll a estimé récemment que 10% des élevages, ou 22.000 exploitations, étaient au bord du gouffre.

Le patron des Jeunes Agriculteurs (JA), Thomas Diemer, attend "des annonces fortes sur l'endettement et une mise au pas des acteurs de la filière qui ont refusé de s'engager sur les hausses de prix".

"Des mesures d'urgence, c'est pas ça qui va sauver l'élevage", a déjà prévenu Samuel Bidert, secrétaire général adjoint de la FDSEA du Calvados. "On veut des mesures sur le long terme".

Pour Thomas Diemer, "le rapport du médiateur n'est pas une fin en soi mais il va nous aider à cibler plus finement les opérateurs en cause".

Source : AFP

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