La Turquie promet plus de sécurité, un suspect identifié après l'attentat de Suruç

  • Enterrement de victimes de l'attentat suicide à Suruç, près de la frontière syrienne, le 21 juillet 2015
    Enterrement de victimes de l'attentat suicide à Suruç, près de la frontière syrienne, le 21 juillet 2015 AFP - BULENT KILIC
  • Enterrement de victimes de l'attentat suicide à Suruç, en Turquie, près de la frontière syrienne, le 21 juillet 2015
    Enterrement de victimes de l'attentat suicide à Suruç, en Turquie, près de la frontière syrienne, le 21 juillet 2015 AFP - BULENT KILIC
  • Des militants armés escortent les cercueils de victimes de l'attentat de Suruç, la veille, jusqu'au cimetière Gazi d'Istanbul, le 21 juillet 2015
    Des militants armés escortent les cercueils de victimes de l'attentat de Suruç, la veille, jusqu'au cimetière Gazi d'Istanbul, le 21 juillet 2015 AFP - YASIN AKGUL
  • Devant la presse, le chef de file du principal parti kurde de Turquie, Selahattin Demirtas, pointe du doigt la "responsabilité" du gouvernement dans l'attentat de Suruç, le 21 juillet 2015 à Ankara
    Devant la presse, le chef de file du principal parti kurde de Turquie, Selahattin Demirtas, pointe du doigt la "responsabilité" du gouvernement dans l'attentat de Suruç, le 21 juillet 2015 à Ankara AFP - ADEM ALTAN
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Centre Presse Aveyron

Le gouvernement turc a annoncé mardi de nouvelles mesures de sécurité après l'attentat suicide attribué au groupe Etat islamique (EI) qui a fait au moins 32 morts la veille à Suruç (sud), à la frontière syrienne, affirmant par ailleurs qu'un suspect avait été identifié.

Longtemps épargnée, la Turquie a en effet été tragiquement rattrapée lundi par le conflit qui se déroule depuis plus de quatre ans en Syrie, quand le centre culturel de Suruç a été la cible d'une attaque ayant visé des jeunes proches de la cause kurde désireux de participer à la reconstruction de Kobané. Située non loin de la frontière, cette ville syrienne avait été détruite pendant la bataille qui s'est soldée en janvier par la victoire des Kurdes de Syrie sur l'EI.

Mardi soir, la police a utilisé du gaz lacrymogène et des canons à eau pour disperser les 800 contestataires qui s'étaient rassemblés à Istanbul, scandant des slogans antigouvernementaux, dont "on réclamera des comptes à l'Etat assassin !", a constaté un photographe de l'AFP.

D'autres manifestations contre la politique syrienne du gouvernement ont eu lieu dans la ville de Nusaybin, en majorité peuplée de Kurdes et située à la frontière avec la Syrie.

Au cours d'une cérémonie religieuse poignante dans une mosquée de Gaziantep (sud), non loin de Suruç, familles et proches ont rendu hommage le même jour à 25 des personnes tuées.

Vingt-quatre heures après l'attentat, le bilan officiel s'est alourdi, passant à 32 morts, tandis que, sur la centaine de blessés, 29 étaient encore hospitalisés.

Après s'être rendu au chevet de certains d'entre eux à Sanliurfa, non loin de Suruç, le Premier ministre islamo-conservateur Ahmet Davutoglu a promis que "tout ce qui est nécessaire" serait fait pour arrêter les auteurs de l'attaque et renforcer la sécurité de la Turquie.

"Un suspect a été identifié. Ses éventuels liens à l'étranger ou en Turquie sont en cours de vérification", a en outre annoncé M. Davutoglu à la presse, sans préciser s'il parlait de l'auteur de l'attentat ou d'un de ses complices.

"La probabilité la plus forte est qu'il s'est agi d'un attentat suicide lié à Daech" (acronyme arabe du groupe EI), a-t-il ajouté.

Aucune organisation n'avait encore revendiqué mardi l'attentat de Suruç. Si la piste jihadiste était confirmée, cette attaque serait la première à avoir été commise sur le sol turc depuis l'émergence du groupe radical en Irak et en Syrie il y a plus d'un an.

Selon plusieurs médias turcs, le "kamikaze" présumé est un Turc âgé de 20 ans.

- 'Responsabilité' turque -

Le chef du gouvernement a annoncé pour mercredi un conseil des ministres destiné à discuter un "plan d'action incluant de nouvelles mesures de sécurité à notre frontière". "Nous ne pouvons pas tolérer que des conflits extérieurs s'invitent en Turquie", a-t-il dit.

Depuis des mois, les alliés de la Turquie l'accusent régulièrement de ne pas en faire assez pour lutter contre le groupe EI, voire de discrètement le soutenir.

M. Davutoglu a une nouvelle fois réfuté ces allégations mardi, assurant que le régime actuel n'avait "jamais entretenu de liens directs ou indirects" avec un groupe "terroriste".

Ces dernières semaines, la police turque a réalisé une série d'opérations ayant directement visé, pour la première fois, les filières de recrutement qui opèrent en Turquie et permettent le passage illégal vers la Syrie des "recrues" de l'EI.

"Cette attaque terroriste (...) est un acte de représailles contre l'engagement de la Turquie dans la lutte antiterroriste", a écrit le quotidien Sabah, proche du gouvernement.

A l'inverse, d'autres voix ont mis en cause la politique "complaisante" d'Ankara vis-à-vis des organisations radicales en guerre contre le régime de Damas et accusé le gouvernement de ne pas avoir pris la mesure de la menace jihadiste.

Devant la presse, le chef de file du principal parti kurde de Turquie, Selahattin Demirtas, a mis en exergue la "responsabilité", selon lui, du gouvernement dans l'attentat.

Le quotidien Hürriyet a révélé mardi que les services de sécurité avaient récemment livré au gouvernement les noms de sept membres présumés de l'EI susceptibles de commettre un attentat sur le territoire turc.

Comme de nombreux autres analystes, Nihat Ali Ozcan, du centre d'études Tepav d'Ankara, a vu dans l'attentat de Suruç "le déplacement sur le sol turc" de la guerre que se livrent en Syrie les milices kurdes et les jihadistes. "Cette attaque pourrait déclencher des conflits idéologiques, ethniques et politiques en Turquie", a-t-il dit à l'AFP.

Bien que membre de la coalition antijihadiste, la Turquie s'est jusque-là refusée à intervenir militairement contre le groupe EI. Son refus avait provoqué de violentes émeutes prokurdes dans le sud-est en octobre.

Ankara a exprimé à plusieurs reprises sa crainte de voir émerger en Syrie une région autonome tenue par les milices kurdes proches du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui mène la rébellion en Turquie depuis 1984.

Source : AFP

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