Un Ruthénois au milieu des Pieds Nickelés

Imaginez un instant. Le soir venu, vous vous installez dans votre canapé, en prenant en main la dernière bande dessinée que vous venez d’acquérir. Vous commencez à la lire, vous savourez les retrouvailles avec vos héros préférés quand soudain, votre nom surgit dans des bulles !

C’est ce qui est arrivé à Alain Soubrié, un quadragénaire ruthénois, lorsqu’il s’est mis à feuilleter le dernier album des « Pieds Nickelés ». Au détour d’une page, un personnage lance : « Rendez-vous au 214 boulevard Alain Soubrié à Toronto ». Il en est resté bouche bée, d’autant que l’auteur Jean-Paul Tibéri lui a remis l’ouvrage en main propre, lors du dernier festival de BD de la Fouillade, sans piper mot de sa sympathique manigance.

Une bien belle histoire en fait. Pour bien comprendre, il faut remonter à 2001. Voire un peu avant. Alain Soubrié, après avoir dévoré Astérix, les Schtroumpfs, Tintin et Boule et Bill, comme bon nombre de gamins de sa génération, met la BD de côté. Il y revient quelques années plus tard, en achetant des séries d’album des Pieds Nickelés alors soldés dans les maisons de la presse. Et là, c’est le coup de foudre !

Il ne lâche plus les aventures de Ribouldingue, Croquignol et Filochard. Jusqu’à se constituer un véritable petit trésor. « Les Pieds Nickelés, c’est vraiment la série qui a déclenché ma passion pour la Bande dessinée » explique en effet Alain Soubrié. « J’adore les histoires de ces trois personnages marrants qui montent de petits mauvais coups pas bien méchants ».

Une belle histoire d’amitié

Sa passion est dévorante. Planches originales, figurines, etc. Il est à l’affût de tout. Tel un archéologue, son métier. Et naturellement, il part en quête de rencontrer le dernier auteur en date des « Pieds nickelés », Jean-Paul Tibéri. Il va le rencontrer dans un contexte un brin croquignolet, au printemps 2001.

Il raconte : « Cela faisait un petit moment que je lui courais après dans des salons de la BD. Puis à Ramonville, lors d’une grande bourse d’échanges, j’aperçois un stand avec de nombreuses revues et BD avec les Pieds Nickelés. Il y avait une personne derrière le stand. Je lui explique alors que je commence à désespérer de croiser un jour Tibéri. Et la personne me répond : "vous l’avez devant vous !" On s’est mis à discuter durant plus d’une heure. Puis, comme dans le même temps, j’étais en train d’organiser une expo de BD à la galerie Sainte-Catherine, je l’ai invité à venir à l’inauguration. Sans trop y croire. Eh bien il est venu avec son épouse. »

Le début d’une belle histoire d’amitié. Car depuis, l’historien de la BD et également auteur, entre autres, des « Bibi Fricotin », et Alain Soubrié ne passent pas une année sans se voir au moins une fois. « Jean-Paul, au fil du temps, est un peu devenu mon père adoptif » glisse Alain.

Un comble de bonheur pour ce Ruthénois qui, comme Obélix dans la potion magique, est tombé dans la bande dessinée quand il était petit, grâce notamment à son oncle illustrateur Jacques Dropy. Mais ne fait pas d’effort pour en sortir. Entre le festival de la BD de La Fouillade, où il fait partie des figures incontournables, les BD bien choisies, qu’il n’hésite pas à exposer dans le musée archéologique de Montrozier où il est médiateur, « car cela reste un bon support pédagogique auprès du jeune public », il ne décroche pas des bulles ! « Mais j’ai quand même freiné mon enthousiasme, sourit Alain, car cela me prend beaucoup de place dans les vitrines, et cela me vide le portefeuille ! »

Il va toutefois trouver une place de choix au dernier né des Pieds Nickelés, « Le mystère du crâne de cristal ». Un Bande dessinée qui a désormais une valeur sentimentale considérable pour Alain Soubrié. Sans nul doute son plus beau trésor !