A Tianjin, délicates opérations pour contenir des tonnes de cyanure, craintes de contamination

  • Des véhicules de secours interviennent près de rangées de voitures carbonisées sur le site des explosions de Tianjin, en Chine, le 16 août 2015
    Des véhicules de secours interviennent près de rangées de voitures carbonisées sur le site des explosions de Tianjin, en Chine, le 16 août 2015 AFP
  • Cyanure de sodium
    Cyanure de sodium AFP - A. Leung / G. Roma, gal/bj/sim/abm
  • Site de l'explosion dans la cité portuaire de Tianjin (est de la Chine) le 13 août 2015
    Site de l'explosion dans la cité portuaire de Tianjin (est de la Chine) le 13 août 2015 AFP - STR
  • Manifestation d'habitants de la cité portuaire de Tianjin le 16 août 2015 devant un hôtel ou se déroule une conférence de presse des autorités après les explosions qui ont fait au moins 100 morts
    Manifestation d'habitants de la cité portuaire de Tianjin le 16 août 2015 devant un hôtel ou se déroule une conférence de presse des autorités après les explosions qui ont fait au moins 100 morts AFP - STR
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Centre Presse Aveyron

Les autorités chinoises s'efforçaient lundi de contenir des centaines de tonnes de cyanure hautement toxique sur le site des explosions qui ont fait au moins 114 morts à Tianjin, alors que persistaient les craintes de contamination et que les sinistrés évacués manifestaient leur colère.

"Environ 700 tonnes" de cyanure de sodium étaient stockées dans l'entrepôt où ont éclaté les puissantes déflagrations dans la nuit de mercredi à jeudi, a confirmé He Shushan, le vice-maire de Tianjin.

Des opérations de nettoyage de grande ampleur, "très difficiles et délicates", ont été entreprises, a ajouté M. He lors d'une conférence de presse dans cette métropole située à 140 km de Pékin.

Ces efforts étaient compliqués par la présence à proximité, sur la zone portuaire, de quelque 18.000 conteneurs de fret maritime et par les craintes que des pluies annoncées pour la soirée ne favorisent la propagation dans l'air de cyanure d'hydrogène.

De fait, le cyanure de sodium, qui se présente sous forme de poudre cristalline, libère sous certaines conditions du cyanure d'hydrogène, un "gaz hautement toxique asphyxiant", qui peut s'avérer "rapidement mortel" selon le Centre américain pour le contrôle des maladies.

Les équipes de secours ont construit des barrages de sable et de terre délimitant une zone de 100.000 m2 autour du site pour éviter toute fuite de composants polluants, et elles examinaient des montagnes de conteneurs épars et endommagés pour en retirer les matériaux toxiques, a ajouté He Shushan.

Des analyses d'échantillons d'eau recueillis au plus près du lieu des explosions ont révélé dimanche des niveaux de cyanure 27,4 fois plus élevés que la normale, selon les officiels.

Et du cyanure de sodium a été détecté jusqu'à 1 km de là, mais pas à l'extérieur de la "zone d'isolement" délimitée par les autorités, ont-ils affirmé. Des traces en ont également été décelées dans la mer près du port, selon l'agence Chine nouvelle.

Le groupe français Veolia, spécialiste de la gestion de l'eau, des déchets et de l'énergie, a annoncé qu'il allait traiter une centaine de tonnes d'eaux usées à Tianjin. Des analyses seront menées pour en déterminer la composition, le degré des risques et la nature des éventuels composants toxiques.

Des experts militaires en armes nucléaires, bactériologiques et chimiques ont été déployés tout comme des spécialistes du cyanure de sodium.

- Colère des sinistrés-

Les responsables municipaux continuaient d'assurer que l'air et l'eau dans la ville étaient sans danger, mais les riverains et les familles des victimes exprimaient leur scepticisme.

Environ 150 sinistrés, dont les appartements se trouvaient à seulement 600 mètres du lieu des explosions, ont manifesté lundi pour faire entendre leurs inquiétudes mais aussi réclamer des indemnisations.

Leurs immeubles, désormais inhabitables, ont été soufflés par les déflagrations, qui ont fait voler en éclats les vitres de fenêtres jusqu'à trois kilomètres à la ronde.

"Nous ne pouvons pas rentrer chez nous", a déclaré Wen Jing, qui a fui en pleine nuit avec sa soeur et ses parents l'appartement familial, situé au 33ème étage et "totalement" endommagé.

Le bilan de la catastrophe, actualisé lundi, s'est alourdi à 114 morts, tandis que 70 personnes étaient portées disparues --certaines pouvant néanmoins se trouver parmi la soixantaine de corps encore non identifiés, ont indiqué les autorités. Plus de 700 personnes avaient été hospitalisées.

De son côté, Greenpeace, qui a testé les eaux de surface en quatre endroits de Tianjin, a constaté dimanche que les niveaux de cyanure mesurés n'étaient pas élevés, tout en n'excluant pas la présence d'autres produits dangereux ou la possibilité de contaminations ultérieures.

- Autorités sous pression-

La pression s'accentuait sur les responsables municipaux, soupçonnés de laxisme en raison du feu vert délivré à la construction de cet entrepôt de produits dangereux à moins d'un kilomètre de zones résidentielles existantes, en dépit des normes de sécurités chinoises.

Et selon les Nouvelles de Pékin, ce site n'était de toute façon autorisé à contenir que 24 tonnes de cyanure de sodium.

Or, d'après plusieurs médias chinois--dont le site Sohu et les Nouvelles de Pékin--, l'entreprise propriétaire de l'entrepôt, Rui Hai International Logistics, comptait parmi ses principaux actionnaires le fils d'un ancien chef de la police de Tianjin.

Des procureurs d'Etat ont annoncé dimanche avoir ouvert une enquête pour déterminer s'il y avait eu ou non "des abus de pouvoir ou des fautes par négligence", selon Chine nouvelle.

"Nous devons mener l'enquête, trouver les causes de l'accident et tous ceux qui ont agi illégalement seront sévèrement sanctionnés", a promis le Premier ministre Li Keqiang, qui s'est rendu dimanche à Tianjin.

"La situation est très compliquée, tous sortes de composants chimiques se sont mélangés", a-t-il souligné, répondant à la télévision hongkongaise i-Cable TV.

De façon très inhabituelle, des médias officiels chinois ont dénoncé lundi la piètre communication des responsables municipaux de Tianjin et le manque de transparence du gouvernement local.

"Pendant les premières dizaines d'heures, les autorités municipales n'ont fourni que de très maigres informations", déplorait ainsi le Global Times, quotidien étroitement lié au Parti communiste chinois (PCC).

Et de commenter: "Une réaction trop tardive donne libre cours aux plus folles rumeurs, et cela affaiblit la confiance générale dans les autorités."

Des critiques rares alors que le régime verrouille l'information à chaque grand désastre... et que la censure sur les évènements de Tianjin continuait de battre son plein sur l'internet chinois, supprimant les articles jugés alarmistes et ratissant les réseaux sociaux.

Source : AFP

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