Crise porcine: Bigard et Cooperl boudent la réunion de la filière

  • Le ministre de l'Agriculture, Stephane Le Foll (2ème à gauche) participe à une réunion avec les représentants du Marché du porc breton, le 17 août 2015 au ministère de l'Agriculture à Paris
    Le ministre de l'Agriculture, Stephane Le Foll (2ème à gauche) participe à une réunion avec les représentants du Marché du porc breton, le 17 août 2015 au ministère de l'Agriculture à Paris AFP - PATRICK KOVARIK
  • Inquiètude des professionnels de la filière porcine, le 14 août 2015 à Plérin, lieu de cotation du marché du porc breton
    Inquiètude des professionnels de la filière porcine, le 14 août 2015 à Plérin, lieu de cotation du marché du porc breton AFP - FRED TANNEAU
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Centre Presse Aveyron

Une réunion de la filière porcine a débuté lundi au ministère de l'Agriculture pour tenter de résoudre la crise du Marché du porc breton, mais sans grand espoir de succès en l'absence de Cooperl et Bigard, les deux acheteurs à l'origine du bras de fer avec les éleveurs.

Cette table ronde, qui a démarré à 15H00, rassemble les représentants des éleveurs et les responsables du MPB -- où s'établit le prix de référence national de la viande de porc -- autour du ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll.

L'objectif est de permettre la reprise de la cotation, interrompue depuis lundi dernier, après la décision de Bigard et la coopérative Cooperl, deux des principaux acheteurs du MPB, de ne pas se présenter aux séances du marché. Cependant, les deux entreprises d'abattage et de transformation ont boudé la réunion, selon le ministère.

Dès lundi midi, à l'issue d'une réunion des syndicats agricoles des principales régions productrices de porc à Rennes (FRSEA, FDSEA, Jeunes agriculteurs), Le président de la FRSEA de Basse Normandie, Pascal Ferey, a exigé que les cotations reprennent dès mardi au MPB.

Les syndicats agricoles demandent aussi l'intervention de l’État de façon à pouvoir continuer "à abattre des cochons en plus grand nombre et à les stocker avant de pouvoir les vendre".

"Il faut aujourd'hui sécuriser les producteurs qui fournissent le marché au cadran et éviter que des animaux ne restent sans acheteurs dans les exploitations", ont expliqué à l'AFP des sources du ministère, à propos de la rencontre, tout en soulignant qu'il y aura d'autres réunions car la filière "nécessite des réformes structurelles profondes".

Le sujet a également été abordé lors d'une entrevue entre le président François Hollande et M. Le Foll à la mi-journée.

Le président de la FNSEA Xavier Beulin a appelé lundi M. Le Foll à intervenir auprès de l'Union européenne car celle-ci "a des moyens (...) pour intervenir en cas de crise et la crise est profonde".

Vendredi, le président du MPB Daniel Picart, avait estimé que la "table ronde (allait) décider de la vie ou de la survie du Marché du porc breton, et (...) de la filière porcine".

Après plusieurs actions coup de poing d'éleveurs, le gouvernement avait à la mi-juin préconisé un prix d'achat du porc de 1,40 euro/kg (la moyenne du coût de production), un prix finalement atteint le 23 juillet au MPB de Plérin (Côtes-d'Armor).

Mais ce niveau, "le plus élevé d'Europe", selon le syndicat des industriels de la viande (SNIV-SNCP), n'est pas du goût des entreprises de découpe et de transformation, confrontées à l'export à des distorsions de concurrence liées à des disparités dans les charges sociales et normes environnementales selon les pays.

- 'Un prix de marché libre' -

Sur le marché européen, déstabilisé par l'embargo russe depuis plus d'un an, l'Allemagne propose ainsi du porc moins cher de 28 centimes au kilo par rapport au cours français, et les Pays-Bas 38 centimes moins cher, selon la Cooperl, leader en France sur le marché du porc et qui exporte 35% de sa production.

La coopérative, qui représente 19% des achats au MPB, refuse de financer "un cours +politique+ pour soutenir la production porcine française". Elle voudrait "un retour à un prix de marché libre" dicté par l'offre et la demande.

Bigard/Socopa, leader du marché de la viande en France, qui représente 7% des achats au MPB, est sur la même longueur d'onde.

Tous deux rencontreront le ministre de l'Agriculture mardi et mercredi, "afin d'aborder des questions de court terme, dont celle de l'exportation, mais aussi les perspectives pour ces deux entreprises majeures dans le domaine du porc", selon le ministère.

Ce dernier a prévu deux autres réunions: l'une fin août "sur la rénovation des relations commerciales dans la filière porcine" avec l'ensemble des acteurs pour "envisager des pistes de commercialisation plus sécurisantes". L'autre début septembre avec les professionnels et la distribution "afin de travailler sur les modalités pratiques de mise en œuvre des promotions de septembre".

Au niveau politique, ces mesures ne convainquent pas. Thierry Mariani (Les Républicains), a estimé lundi que le gouvernement a été "dépassé" et "n'a pas su anticiper" la crise de la filière porcine, tandis que pour Yves Jégo (UDI) le gouvernement "tourne autour du pot".

Les syndicalistes n'ont annoncé lundi aucune action des agriculteurs, cependant, "s'il n'y a pas de résultat concret ce soir, il y a de fortes chances que des tracteurs sortent", a assuré M. Ferey.

M. Beulin a lui annoncé un rassemblement des éleveurs à Paris le 3 septembre. Une autre mobilisation est prévue le 7 septembre à Bruxelles, le jour de la réunion du Conseil européen de l'agriculture.

Source : AFP

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