Du lait aux céréales, l'agriculture française en crise (Infographie)

  • Du lait aux céréales, l'agriculture française en crise (Infographie)
    Du lait aux céréales, l'agriculture française en crise (Infographie)
  • Les agriculteurs manifestent dans les rues de Paris pour protester conte la baisse des prix.
    Les agriculteurs manifestent dans les rues de Paris pour protester conte la baisse des prix. AFP THOMAS SAMSON
Publié le
Centre Presse Aveyron

Lait, porc, boeuf et céréales, les principales filières de l'agriculture française sont en crise, sur fond de guerre des prix dans les supermarchés, aux effets aggravés par la surproduction, l'effondrement des cours mondiaux et l'embargo russe. Les prix du lait noyés par la surproduction Après une embellie en 2014, les prix du lait sont repartis à la baisse depuis décembre, déprimés par la fin des quotas européens en avril, après 30 ans de régulation, ainsi que par l'embargo russe sur les produits agroalimentaires, qui a contribué à engorger le marché européen. En parallèle, la demande chinoise, en pleine croissance depuis 2010, s'est brusquement réduite de moitié.

Fin juillet, les producteurs de lait ont arraché une hausse des prix à l'impact très limité, car elle ne concerne qu'une partie des produits laitiers, que les industriels rechignent à appliquer. La France réclame un soutien de Bruxelles aux producteurs et une revalorisation du prix d'intervention du lait: ce mécanisme de soutien européen, activé en cas d'effondrement des cours, ne se déclenche actuellement que lorsque le prix tombe à 22 centimes le litre. Boeuf: l'impossible hausse des prix Dans l'optique de la fin des quotas, les éleveurs laitiers ont investi pour augmenter leur production et leur cheptel, contribuant à faire baisser les cours du lait. Pour alléger leurs charges, ils ont ensuite envoyé massivement aux abattoirs leurs vaches réformées, faisant encore baisser les prix de la viande bovine payés aux éleveurs, déjà soumis aux exigences de la grande distribution et à la concurrence étrangère.

Du lait aux céréales, l'agriculture française en crise (Infographie)
Du lait aux céréales, l'agriculture française en crise (Infographie)

Le 17 juin, les professionnels s'accordent sur une revalorisation progressive du prix payé aux producteurs, pour leur permettre de couvrir leurs coûts de revient, lors d'une table ronde au ministère de l'Agriculture. Mais un mois plus tard, l'objectif fixé, une augmentation de 5 centimes par kilo et par semaine, n'est toujours pas atteint. Pour le médiateur des relations commerciales agricoles, les abattoirs, en difficulté économique, ont interprété a minima l'accord, tandis que la grande distribution aurait pu être plus "dynamique", même si elle a globalement joué le jeu. Bras de fer sur le porc Les déboires de la filière porcine datent de février 2014, lorsque la Russie décrète un embargo sanitaire sur la viande de porc européenne. Davantage de porc se retrouve sur le marché européen, faisant baisser les prix. L'embargo global sur l'agroalimentaire européen, décidé en août suite à la crise ukrainienne, vient aggraver le phénomène.

A cela s'ajoutent une baisse de la consommation et la concurrence des élevages allemands et espagnols, accusés de "dumping social" par leurs collègues français. En juin dernier, sous l'égide du gouvernement, les professionnels s'engagent à augmenter le prix payé aux éleveurs à environ 1,40 euro le kilo. Mais après des débuts prometteurs, l'application de l'accord tourne au bras de fer début août, lorsque deux acteurs majeurs de l'industrie, la Cooperl et Bigard/Socopa, décident subitement de boycotter le marché du porc breton de Plérin (Côtes d'Armor), où se fixe le prix national de référence. Ils jugent le prix revalorisé trop élevé pour faire face à la concurrence européenne.

Les cotations ont finalement repris le 18 août, mais sans ces deux acheteurs, et le prix peine à atteindre le niveau préconisé par le gouvernement. Céréales et sucre: l'abondance mondiale fait chuter les prix En France et dans le monde entier, la récolte de blé est excellente. Mais l'offre étant assurée, les prix dégringolent: la tonne de blé tendre, dont la France est la première exportatrice européenne, a perdu plus de 40 euros depuis début juillet. Les céréaliers s'attendent donc à une chute de leurs revenus, tout comme les producteurs de betterave, car le prix du sucre a fortement reculé dans l'Union européenne. La France est le 1er producteur mondial de sucre de betterave.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?