Migrants: après le choc Aylan, des initiatives s'organisent pour les accueillir

  • Manifestation en faveur des migrants, le 20 juin 2015, à Calais à l'occasion de la "journée internationale des réfugiés"
    Manifestation en faveur des migrants, le 20 juin 2015, à Calais à l'occasion de la "journée internationale des réfugiés" AFP/Archives - PHILIPPE HUGUEN
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Centre Presse Aveyron

Après l'électrochoc provoqué par les photos du petit Aylan, les initiatives se multiplient pour faciliter l'accueil des réfugiés, mais la question se pose déjà d'organiser dans la durée cette solidarité qui ne fait pas l'unanimité.

Appel d'élus socialistes à un réseau de "villes solidaires", pétition, mobilisation citoyenne... Les photographies montrant Aylan, un enfant syrien de trois ans trouvé noyé sur une plage turque, semblent avoir déclenché une prise de conscience.

"Nous avons reçu 1.100 propositions en quelques jours", dit Nathanaël Molle, à l'origine du projet "Calm", qui veut mettre en relation réfugiés et familles pouvant les héberger.

Même constat à l'ONG Jésuites Réfugiés Services, qui a reçu entre 40 et 60 propositions d'hébergement depuis le début de la semaine, soit "autant qu'en un an". "Les gens nous disent: +je suis écœuré, je veux pas qu'on puisse dire que les Français ne sont pas accueillants+", raconte le directeur Paul de Montgolfier.

A l'association Revivre, qui aide les Syriens, cet élan de solidarité "a déjà permis de trouver un logement, dans les jours à venir, à une jeune femme qui se serait sinon retrouvée à la rue", assure Sabreen Al Rassace, de l'association.

Sur Facebook, un collectif d'associations appelle à manifester samedi à Paris au mot d'ordre "Pas en notre nom".

Souvent, les appels à la solidarité prennent le terme de "réfugiés" dans son acception large, c'est-à-dire concernant tous les hommes et femmes tentant de gagner l'Europe.

Au niveau politique, plusieurs élus socialistes sont aussi montés au créneau.

Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a lancé jeudi un appel à la "constitution d'un réseau de villes solidaires" qui s'engageraient à accueillir des réfugiés, tandis que le secrétaire du PS et député de Haute-Garonne Christophe Borgel signait avec une dizaine de maires de son département un appel en faveur des réfugiés intitulé "Nous sommes prêts à accueillir".

- 'Transformer la mobilisation en action' -

La maire de Lille Martine Aubry s'est dite prête vendredi à "accueillir une centaine de réfugiés sans difficulté".

A Strasbourg où le maire Roland Ries a appelé à une "mobilisation citoyenne", dans le Lot où six conseillers départementaux souhaitent faire de leur département une "Terre d'accueil d'urgence", les élus socialistes ont été nombreux à relayer cette idée.

Après ? "On essaie de transformer la mobilisation en action, pas forcément héroïque, mais sur la durée", répond M. de Montgolfier.

"Il faut une parole publique forte", sans quoi l'élan "retombera aussi vite qu'un soufflé", prévient Pierre Henry, directeur général de France Terre d'Asile. L'"union nationale autour de l'accueil des réfugiés" passe, selon lui, par des décisions "y compris sur le plan budgétaire", et "qui se déclinent sur tout le territoire".

La sénatrice UDI de l'Orne Nathalie Goulet a ainsi lancé une pétition appelant François Hollande et François Baroin, le président de l'Association des maires de France, à coordonner l'accueil de réfugiés dans des communes. Vendredi, le texte avait reçu plus de 40.000 signatures.

Mais ce type d'initiative fait grincer des dents à droite. François Baroin (Les Républicains) a estimé que la France n'était pas en position d'accueillir "durablement" des réfugiés, et que pour sa part il n'en accueillerait pas davantage à Troyes, dont il est maire.

A Rosans (Hautes-Alpes), la maire a demandé à la préfecture de pouvoir loger deux familles de réfugiés syriens dans des HLM. Face à cette initiative, un collectif "Respectez les Rosanais" a été créé pour demander la tenue d'un référendum.

"On ne demande pas l'avis aux habitants. J'ai reçu plusieurs appels d'habitants écœurés qu'on ne leur demande pas leur avis, en tant que contribuables", a déclaré à l'AFP Julien Leonardelli, secrétaire départemental du FN en Haute-Garonne.

Selon un sondage réalisé jeudi et vendredi, les Français restent majoritairement opposés à l'accueil de réfugiés, malgré la photo d'Aylan: 52% ne sont pas d'accord avec les propos du Premier ministre Manuel Valls jugeant que les migrants qui "fuient la guerre, les persécutions, la torture, les oppressions, doivent être accueillis".

Un autre sondage Ifop pour Atlantico, réalisé aussi jeudi et vendredi, indique également qu'une majorité de Français (51%) sont opposés à l'accueil de nouveaux migrants. Toutefois, ils étaient plus de 60% début juillet, rappelle l'institut qui y voit pour sa part un impact "indéniable" de la photo dans l'opinion.

Source : AFP

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