Fièvre catarrhale: moral en berne au marché de Laissac

  • Un tiers des apports en moins hier matin au marché hebdomadaire.
    Un tiers des apports en moins hier matin au marché hebdomadaire. Christophe Cathala
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Christophe Cathala

Elevage. Auvergne, Limousin, Lozère et Nord-Aveyron sont sous étroite surveillance pour éviter la propagation de la maladie. Le deuxième marché de France aux bovins en supporte les conséquences.

Des visages sombres à peine éclairés de sourires en coin, des mines tendues sous des bras levés au ciel... Par petits groupes, négociants et éleveurs enchaînent des conversations animées, des déplacements pressés d’un box à l’autre: les discussions ne portent que sur cette nouvelle crise «qu’il faut encore supporter dans un contexte tellement fragile» et sur la farouche volonté de vendre ce qui peut l’être. Moral en berne, donc, hier matin au marché hebdomadaire de Laissac où, depuis la cabine juchée sous les toits, on perçoit d’un regard l’étendue du problème: «À peine plus de 400bêtes, il en manque mille par rapport à un mardi normal, résume Yves Boyer, directeur du marché. Les bovins ne sont pas seuls concernés, c’est la même chute pour le marché aux ovins.»

"Un vrai bazar"

Un tiers des apports en moins cette semaine, la fièvre catarrhale déclarée en début de mois dans l’Allier n’en finit pas d’étendre son influence et le «périmètre de surveillance» établi par l’administration, mesure de précaution pour empêcher la propagation de la «maladie de la langue bleue», gagne du terrain. Si elle n’est pas transmissible à l’homme, elle trouble nécessairement les marchés déjà fragilisés par une crise économique de l’élevage qui s’incruste depuis plusieurs mois déjà. «Pour les gros broutards, c’est un vrai bazar», lâche un éleveur en évoquant la mise en quarantaine imposée par le marché turc.

"Comment je vais m'en sortir ?"

Un autre essaye, en fin de marché, de convaincre un négociant d’emporter un lot, ou même juste deux ou trois veaux en poussant un argument de fin de marché: «Je te brade la bête à 400 euros».«Je ne peux pas, j’en ai déjà plein sur les bras», s’entend-il répondre avant de lâcher entre ses dents: «Et moi, comment je vais m’en sortir?» Éleveurs et négociants ont pris l’habitude de rester philosophes au fil des crises sanitaires et économiques. Ce qui plombe un peu les résistances aujourd’hui, c’est le manque de lisibilité de la situation à court terme. «Elle évolue chaque semaine, ça peut s’améliorer comme s’aggraver, confie un éleveur de la haute vallée de l’Aveyron. On n’a pas pu prévoir en amont, maintenant il faut tout vacciner au plus vite». Une campagne se prépare d’ores et déjà à ce sujet. Pour l’heure, le marché de Laissac navigue à vue.

Pas de problème de santé publique

La fièvre catarrhale ovine (FCO, qui concerne aussi les bovins), appelée aussi «maladie de la langue bleue» transmise par des moucherons piqueurs n’est absolument pas transmissible à l’homme. Cette crise sanitaire ne concerne en rien la santé publique, il n’y a aucun risque à manger de la viande ni à boire du lait. Le problème est uniquement économique: les animaux infectés ne peuvent circuler au risque de propager cette maladie virale. Or de nombreux éleveurs font, l’été, pâturer leurs vaches en estive jusque dans l’Allier, et il va falloir les ramener en Aveyron dans les prochaines semaines...

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