Sur fond de chômage, le coworking essaime avec l'envie de "travailler autrement"

  • Des "coworkers" à l'espace Casaco de Malakoff, le 23 septembre 2015
    Des "coworkers" à l'espace Casaco de Malakoff, le 23 septembre 2015 AFP - Florian DAVID
  • Une femme assise dans une chaise longue avec son ordinateur portable à l'espace de coworking Casaco de Malakoff, le 23 septembre 2015
    Une femme assise dans une chaise longue avec son ordinateur portable à l'espace de coworking Casaco de Malakoff, le 23 septembre 2015 AFP - Florian DAVID
  • Des "coworkers" utilisent des post-its lors d'une réunion à l'espace Casaco de Malakoff, le 23 septembre 2015
    Des "coworkers" utilisent des post-its lors d'une réunion à l'espace Casaco de Malakoff, le 23 septembre 2015 AFP - Florian DAVID
  • Une femme regarde des cartes de visite sur un mur à l'espace de coworking "Casaco" de Malakoff, le 23 septembre 2015
    Une femme regarde des cartes de visite sur un mur à l'espace de coworking "Casaco" de Malakoff, le 23 septembre 2015 AFP - Florian DAVID
Publié le , mis à jour
AFP

"Coworking", "fab labs", "hackerspaces", "télécentres": les spécialistes parlent de "tiers lieux" pour identifier ces nouveaux espaces qui réunissent travailleurs indépendants, autoentrepreneurs, artisans ou encore salariés en télétravail.

"Bienvenue dans la maison des possibles": à l'entrée de l'espace de coworking Casaco, à Malakoff (Hauts-de-Seine) le message donne le ton. Depuis le début de la décennie, ces "espaces de travail collaboratifs" essaiment : on en dénombre désormais plus de 300 à travers l'Hexagone. 

"Coworking", "fab labs", "hackerspaces", "télécentres": les spécialistes parlent de "tiers lieux" pour identifier ces nouveaux espaces qui réunissent travailleurs indépendants, autoentrepreneurs, artisans ou encore salariés en télétravail. Certains sont "nomades" et transitent quelques heures par semaine. Les "résidents" ont un bureau attitré.

"C'est avant tout un lieu d'échange social et d'émulation, ouvert sur la ville. On est dans une logique +je donne, je reçois+", résume Aurélien Denaes, "agitateur de la tribu" des 75 adhérents de Casaco. Dans cet espace design de 460 m², ouvert il y a moins d'un an, les "coworkers" disent partager bien plus que des tables de travail et une connexion wi-fi.

"Trentenaires déçus"

Entre le coin café, le potager pour les pauses cigarettes et le sous-sol pour les tournois de ping-pong et les soirées cinéma, flotte un parfum communautaire. Les animateurs des lieux organisent apéros, ateliers cuisine mais aussi sessions de formation et achat de matériel en commun.

Outre des travailleurs indépendants, on y rencontre "des trentenaires déçus de leur première expérience professionnelle, des demandeurs d'emploi qui essayent de monter un projet, des ex-salariés en deuxième partie de carrière lourdés des entreprises", décrit le fondateur de Casaco.

Designers, professionnels de l'immobilier, graphistes, communicants, sophrologue: des diplômés qui "ont envie de travailler autrement et ensemble", insiste Aurélien Denaes.

Mettre l'accent sur le partage

Après une rupture conventionnelle, Anne-Sophie Pasquet, 28 ans, coworkeuse "nomade", a décidé de créer son entreprise de "marketing de réseau", "avec le filet de sécurité du chômage". "Ici, chacun travaille sur son projet mais l'accent est mis sur le partage. Finalement, beaucoup de gens travaillent ensemble car on est toujours potentiellement le client de quelqu'un", dit-elle.

La jeune femme, qui souffrait de la solitude du travail à domicile, se reconnaît dans le message inscrit sur le tableau noir de l'entrée : "Ce que vous n'aurez plus à faire : rester en pyjama jusqu'à 15h, faire trois siestes en moins de 5 heures, tourner en rond, vous décourager".

"Mouvement puissant"

De Paris à Grenoble, en passant par Lille, Alençon ou Belfort, la plupart des villes françaises ont désormais leur "tiers lieu". "C'est un mouvement puissant", né dans le sillage d'un phénomène apparu en 2005 à San Francisco, estime Clément Alteresco, cofondateur du site "Bureaux à partager".

Depuis la naissance du premier espace de coworking français, en 2008 - La Cantine, devenue Numa -, le phénomène connaît un grand succès. "Entre 2012 et 2015 on est passé de 100 à plus de 300 espaces, dont la moitié en Ile-de-France, soit environ 20 000 postes de travail", selon Clément Alteresco. Il faut compter 200 euros mensuels pour une place à temps plein dans un espace en région et jusqu'à 400 à Paris, selon lui.

"Créer son propre emploi"

Le phénomène s'explique par "l'impact des nouvelles technologies bien sûr, les mutations du monde du travail (...) mais aussi les difficultés actuelles, qui font que beaucoup de gens essayent de créer leur propre emploi", analyse Marie-Hélène Féron, de la Fonderie, l'agence publique numérique d'Ile-de-France, qui soutient les créateurs de tiers lieux. 1,5 million d'euros y seront consacrés en 2015, où au moins 40 nouveaux espaces devraient voir le jour.

Dans un récent rapport sur l'impact du numérique sur le travail, le DRH d'Orange, Bruno Mettling, engage les pouvoir publics à "développer les tiers lieux", rappelant le passage du cap du million d'auto-entrepreneurs cet été et le fait que les free-lance représentaient, en 2014, 7% des travailleurs des services (+8,6% sur un an).

Le coworking séduit aussi les grandes entreprises. Renault a créé son "fab lab" (espace où sont mis à disposition des outils, ndlr) pour stimuler la créativité de ses ingénieurs. Et Bouygues et Nexity viennent d'ouvrir des espaces de coworking.

Voir les commentaires
Sur le même sujet
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?