Catalogne: ouverture du vote pour un scrutin crucial pour l'Espagne

  • les drapeaux espagnol et catalan devant le siège du gouvernement régional le 26 septembre 2015 à Barcelone
    les drapeaux espagnol et catalan devant le siège du gouvernement régional le 26 septembre 2015 à Barcelone AFP - GERARD JULIEN
  • Élections législatives décisives en Catalogne Élections législatives décisives en Catalogne
    Élections législatives décisives en Catalogne AFP - JM.Cornu-I.deVéricourt / E. San, es/sim
  • Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy lors du dernier meeting de campagne à Barcelone, le 25 septembre 2015
    Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy lors du dernier meeting de campagne à Barcelone, le 25 septembre 2015 AFP - GERARD JULIEN
  • Le président sortant de la Catalogne Arthur Mas lors du dernier meeting de campagne électorale, le 25 septembre 2015 à Barcelone
    Le président sortant de la Catalogne Arthur Mas lors du dernier meeting de campagne électorale, le 25 septembre 2015 à Barcelone AFP - JOSEP LAGO
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Centre Presse Aveyron

Les bureaux de vote ont ouvert dimanche en Catalogne pour un scrutin régional crucial, les électeurs devant se prononcer sur le projet des indépendantistes, décidés à se séparer de l'Espagne en 2017 au plus tard, ont constaté des journalistes de l'AFP.

La principale liste indépendantiste, "Junts pel si" (Ensemble pour le oui), dont la figure de proue est le président catalan sortant Artur Mas, veut lancer le processus de sécession si elle obtient, avec l'autre liste indépendantiste, la majorité absolue au Parlement régional, soit 68 sièges sur 135.

L'ancien président français Nicolas Sarkozy ne s'y est pas trompé. Lorsqu'il s'est déplacé à Barcelone en fin de campagne pour soutenir son "ami", le chef conservateur du gouvernement espagnol Mariano Rajoy, il a assuré que l'Europe a besoin d'une "Espagne unie" en "ces moments difficiles".

Avant lui, le président américain Barack Obama, la chancelière allemande Angela Merkel, le Premier ministre britannique David Cameron ont aussi affiché leur soutien à Madrid.

Un an après l'Ecosse, la Catalogne, qui compte 7,5 millions d'habitants, votera à partir de 09h00 (07h00 GMT) pour choisir ses députés régionaux et dire s'ils doivent lancer la procédure de divorce.

Ses habitants sont très partagés, et pourraient aussi opter pour la prudence, donnant leurs voix à un éparpillement de partis du "non", comme le Parti populaire au pouvoir (PP, droite) , Ciudadanos (centre-droit), les socialistes, l'antilibéral Podemos.

"C'est l'avenir de nos enfants et de nos petits enfants qui est en jeu", a clamé en achevant sa campagne la dirigeante locale du PP Alicia Sanchez Camacho, tandis que Mariano Rajoy, qui s'est déplacé cinq fois, demandait de voter pour le retour à la "normalité".

"Notre peuple est arrivé aux portes de la liberté (...) j'avais promis à mon grand-père qu'un jour nous y arriverions", a lancé avec émotion devant une foule en liesse Oriol Junqueras, le chef du mouvement indépendantiste historique ERC (Gauche républicaine de Catalogne).

- 'Pas l'Ecosse' -

"Ce n'est pas l'Ecosse", souligne l'historien Carlos Andres Gil: "On ne parle pas d'un territoire secondaire pour le pays, mais de la région la plus industrialisée. Et Barcelone a toujours été une capitale bien plus cosmopolite que Madrid".

Si la Catalogne s'en va, elle emporte avec elle un cinquième du PIB de l'Espagne, la quatrième économie de la zone euro, un quart de ses exportations. Sa population a des liens forts avec le reste du pays: trois-quarts des Catalans ont un grand-père d'ailleurs.

Mais, à la faveur de la crise, de la corruption et de médiocres relations avec le pouvoir central, le nationalisme de nombreux Catalans fiers de leur culture a viré à l'indépendantisme.

Il a été alimenté par les personnalités en présence: Mariano Rajoy et la figure de proue du mouvement, le président catalan sortant Artur Mas.

Le premier s'est battu pour faire amender le statut d'autonomie que la Catalogne avait gagné sous le précédent gouvernement socialiste et lui retirer son titre de "nation". Il a eu gain de cause en 2010, quand le Tribunal constitutionnel a décidé que le titre n'avait aucune valeur juridique.

Le second en a fait un casus belli, comme de nombreux Catalans rendus amers par une répartition de l'impôt national injuste selon eux.

Depuis 2012, Artur Mas n'a pas cessé de réclamer un référendum d'autodétermination, semblable à ceux réalisés au Québec ou en Ecosse, sans succès. Après une consultation symbolique le 9 novembre 2014 à laquelle ont participé 2,3 millions de personnes, il a finalement décidé d'avancer les élections régionales, prévues fin 2016.

Il a rassemblé le camp indépendantiste - de la droite à la gauche républicaine, en passant par les associations - dans une seule liste, "Junts pel si", "Ensemble pour le oui", et appelé les électeurs à la choisir et valider son programme: mener la région vers la "liberté" en 2017.

Artur Mas, 59 ans, au pouvoir depuis 2010, assure que son camp ira de l'avant s'il obtient simplement la majorité absolue au parlement régional (68 sièges sur 135), même s'il n'a pas une majorité en voix.

Avec les sièges de l'autre liste indépendantiste, la CUP (extrême gauche), il devrait y arriver, selon les sondages.

Un cas de figure qui mènerait l'Espagne dans une zone de turbulences importante, à trois mois des élections législatives où la droite pourrait perdre sa majorité absolue.

Source : AFP

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