Eoliennes : ce qu'elles rapportent vraiment aux collectivités du Lévezou

  • Décrié par ses opposants, l’éolien n’a pas que des inconvénients. Il génère notamment d’intéressantes rentrées fiscales pour les collectivités. Une aubaine financière, à l’heure où l’État réduit considérablement ses dotations
    Décrié par ses opposants, l’éolien n’a pas que des inconvénients. Il génère notamment d’intéressantes rentrées fiscales pour les collectivités. Une aubaine financière, à l’heure où l’État réduit considérablement ses dotations José A. Torres
Publié le
Joël Born

Énergie. Si l’éolien peut provoquer des nuisances et des mécontentements, il peut aussi rapporter assez gros aux collectivités locales. Comme c’est le cas sur le Lévezou pour les 29 machines du parc éolien de Salles-Curan.

L’éolien a le vent en poupe. Mais il soulève forcément quelques vents contraires. Récemment le Figaro Magazine publiait un dossier brûlant - «Le scandale» - n’hésitant pas à évoquer des soupçons de corruption... En Aveyron, aussi, le débat fait rage. Régulièrement, des voix s’élèvent pour dénoncer ici les nuisances sonores, là les pollutions visuelles ou la mortalité aviaire (1) qu’amplifieraient les ailes géantes... Et puis, il y a ceux qui préfèrent retenir les aspects positifs de l’éolien.

À l’image de ces élus des territoires ruraux, qui voient dans l’éolien une source de financement particulièrement bienvenue, à l’heure où l’État ferme le robinet de ses dotations. Qu’en est-il réellement sur le terrain ? Nous nous sommes intéressés de plus près à ce que rapporte le parc éolien de Salles-Curan aux collectivités du Lévezou.

Un parc de 29 éoliennes

Le parc éolien de Salles-Curan comprend 29 machines de 3 MW chacune. Depuis 2008, l’ensemble produit de l’électricité pour plus de 70 000 habitants. Chaque éolienne de ce type représente un investissement moyen de 3 M€, dont un tiers profite à l’économie locale. Dans le cas présent, selon les informations recueillies auprès de la FBTP 12, le chantier a mobilisé 10 entreprises aveyronnaises, les trois lots de terrassements, génie civil et génie électrique étant attribués à des groupements d’entreprises locales pour un montant de 9,5 M€.

Près de 1 M€ de fiscalité

Le tableau d’évolution des bases de la taxe professionnelle 2001 à 2009 pour les 10 communes de la communauté de Lévezou-Pareloup est lui aussi parlant. Pour l’ensemble de la communauté, de 2008 à 2009, après la première année d’exploitation du parc éolien, les bases communautaires sont passées de 8,60 M€ à 15,67 M€. Pour la seule commune de Salles-Curan, ces bases fiscales progressent de 1,64 M€ à 8,32 M€.

En 2012, le parc éolien a également généré 950 000€ de taxes, auprès de la commune et de la communauté de communes (68%), du département (32%) et de la région (5%). En 2014, le parc éolien a rapporté 976 576€  de fiscalité : 585 042€ pour la communauté de communes, 315 947€ pour le département, 45 928€ pour la région et 29 658€  pour la commune de Salles-Curan. Cette fiscalité est collectée au travers de la taxe foncière, de l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (Ifer), de la contribution foncière des entreprises (CFE) et de la contribution sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE).

Le loyer annuel, perçu par la commune de Salles-Curan, pour les neuf éoliennes implantées dans les baux communaux, s’élève à 56 967€. Pour la communauté de communes, il convient d’ajouter environ 242 000€  de rentrées fiscales générées par les six machines de Viarouge et les six autres de Canet. Ce qui, au final, représente une manne de l’ordre de 850 000€ pour la communauté, de plus de 95 000€ pour la commune de Salles-Curan.

 «Le seul souci de l’éolien, c'est le bruit»

Même s’il est persuadé que l’éolien lui a coûté sa défaite électorale de 2008, le discours du maire de Salles-Curan, Maurice Combettes, n’a pas varié. «Bien sûr, que je suis favorable à l’éolien. Pour les collectivités locales, c’est une richesse. Pour dégager une telle masse fiscale, il faudrait beaucoup d’entreprises... Le parc de Salles-Curan a bien été étudié. Le seul souci de l’éolien, c’est le bruit, car certaines machines sont plus bruyantes que d’autres. Le reste c’est du blabla...» Selon l’élu sallecuranais, avant 2008, la communauté du Lévezou consacrait, en moyenne, 300 000€ aux travaux de voirie. Aujourd’hui l’enveloppe annuelle est de 1,2 M€. «Sans l’argent de l’éolien, nous ne pourrions pas réaliser certains investissements», martèle le maire.

Piscine couverte, gymnase et fibre optique 

La communauté de communes vient de lancer un projet de piscine couverte pour un investissement de 4 à 6 M€ et la commune de Salles-Curan envisage de construire un gymnase. Un programme pluriannuel de 15 M€ sur 5 ans, financé à hauteur de 9 M€ par la collectivité, pour développer la fibre optique, est également engagé et un projet de chaufferie est à l’étude. «L’an passé, nous avons créé une aire de camping-cars, précise encore le maire. Nous avons totalisé 3500 nuitées et encaissé 34 000€.»

De quoi compenser la baisse des dotations de l’État (27 000€  en 2014). Maurice Combettes évoque aussi les retombées économiques avec la création, à Salles-Curan, du service de maintenance d’EDF Énergies nouvelles. «Ce sont sept emplois permanents et actuellement ils sont une quinzaine.»

«L’éolien se développera. On ne pourra pas passer outre», insiste l’élu, concédant toutefois qu’il aurait fallu éviter le mitage et privilégier les gros projets. Et de conclure sur le prix de revient de l’énergie éolienne devenu, selon lui, inférieur à celui de l’énergie nucléaire... Mais ça, c’est encore un autre débat.

(1) Selon une étude américaine (Erikson) qui fait référence, les immeubles tuent 19 000 fois plus que les éoliennes...

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