Syrie: Obama prêt à travailler avec Moscou et Téhéran

  • Le président américain Barack Obama à la tribune de l'ONU à New York, le 28 septembre 2015
    Le président américain Barack Obama à la tribune de l'ONU à New York, le 28 septembre 2015 AFP - Kena Betancur
  • L'ambassadeur syrien à l'ONU, Bashar Ja'afari, lors du discours de Barack Obama lors de l'assemblée générale à New York, le 28 septembre 2015
    L'ambassadeur syrien à l'ONU, Bashar Ja'afari, lors du discours de Barack Obama lors de l'assemblée générale à New York, le 28 septembre 2015 AFP - Don Emmert
  • Carte de la Syrie et de l'Irak, des territoires contrôlés par le groupe de l'EI et autres forces au 31 août 2015
    Carte de la Syrie et de l'Irak, des territoires contrôlés par le groupe de l'EI et autres forces au 31 août 2015 AFP - S. Ramis / J. Jacobsen
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Centre Presse Aveyron

Barack Obama a affirmé lundi à New York être prêt à travailler sur une issue au conflit syrien avec la Russie et l'Iran, tout en dénonçant avec force le soutien de Moscou au "tyran" Bachar al-Assad.

Le président américain doit retrouver en fin d'après-midi son homologue russe Vladimir Poutine, qui s'est spectaculairement replacé au centre des débats, pour leur première rencontre officielle depuis plus de deux ans.

"Les Etats-Unis sont prêts à travailler avec tous les pays, y compris la Russie et l’Iran (soutiens du régime de Bachar al-Assad, NDLR), pour résoudre le conflit", a lancé M. Obama devant l'Assemblée générale de l'ONU, dans un discours centré sur les vertus de la diplomatie, exemples de l'Iran et de Cuba à l'appui.

"Mais nous devons reconnaître qu’après tant de sang versé et de carnages, il ne peut y avoir un retour au statu quo d'avant la guerre", a-t-il ajouté.

Dans une référence claire à Moscou, M. Obama a dénoncé avec force la logique consistant à soutenir "des tyrans" comme Bachar al-Assad sous prétexte que l'alternative "serait pire".

M. Obama est cependant resté évasif sur un point central des discussions à venir: la place qui pourrait être accordée au président syrien dans un éventuel processus de transition politique.

Exploitant les tergiversations occidentales sur ce thème, Moscou martèle que soutenir Bachar al-Assad est le seul moyen de mettre un terme à une guerre qui a déjà fait plus de 240.000 morts.

Dimanche, le président iranien Hassan Rohani a lui aussi jugé que le régime de Damas devait rester en place pour combattre les jihadistes ultra-radicaux de l'Etat islamique (EI), présents en Syrie comme en Irak. "Si on retire le gouvernement syrien de l'équation, les terroristes entreront dans Damas", a-t-il prédit.

Les Etats-Unis réclament depuis des années le départ du président syrien. Mais ils ont récemment assoupli leur position: il y a une semaine, le secrétaire d'Etat John Kerry concédait que le calendrier de la sortie de M. Assad était négociable.

Tenu à l'écart par l'Occident en raison du conflit ukrainien, M. Poutine est revenu en force au sujet de la Syrie, déchirée par la guerre civile depuis quatre ans et demi.

Au moment où la Russie augmentait sensiblement sa présence militaire en Syrie, déployant des troupes et des avions dans un des fiefs du régime, il a annoncé qu'il cherchait à mettre en place avec les pays de la région "une plateforme commune" contre les jihadistes ultra-radicaux du groupe Etat islamique (EI).

Prise de court par l'offensive diplomatique russe, la Maison Blanche affirme qu'il serait "irresponsable" de ne pas tenter la carte du dialogue avec le chef du Kremlin, et revendique avec ce dernier une approche au cas par cas.

"Nous observons les actes, pas seulement les mots", souligne Ben Rhodes, proche conseiller de M. Obama. "Sur l'Ukraine, les actes ont rarement suivi les mots. Mais sur le dossier nucléaire iranien, la Russie a tenu ses engagements et joué un rôle constructif".

- Rencontre "malencontreuse" -

Washington ainsi qu'une soixantaine de pays européens et arabes sunnites pilotent depuis un an une coalition militaire qui frappe des bastions de l'EI en Syrie et en Irak.

Mais toutes ces opérations militaires n'ont pas empêché l'organisation jihadiste de consolider ses positions, ni ruiné son pouvoir d'attraction: près de 30.000 jihadistes étrangers se sont rendus en Syrie et en Irak depuis 2011, selon des responsables du renseignement américain cités par le New York Times.

Quelle sera la tonalité de la rencontre entre MM. Obama et Poutine, prévue à 17H00 (21H00 GMT)?

"Je ne m'attends pas à une hostilité déclarée", répond Josh Earnest, porte-parole du président américain. "Mais il y a des sujets sérieux que les Etats-Unis et la Russie doivent aborder", ajoute-t-il.

Pour l'influent sénateur républicain John McCain, cette rencontre est "malencontreuse". "Elle fait le jeu de Poutine en mettant fin à son isolement sur la scène internationale", a-t-il estimé. "Elle légitime le comportement déstabilisateur de Poutine, du démembrement de l’Ukraine à son soutien à Bachar al-Assad en Syrie".

Cette journée d'intense activité diplomatique à New York sera aussi marquée par le discours du président iranien Hassan Rohani à la tribune de l'ONU, son premier depuis la conclusion en juillet à Vienne d'un accord sur le programme nucléaire de Téhéran.

Ce dernier a évoqué pour la première fois un possible échange de prisonniers avec Washington, qui verrait la libération d'Iraniens détenus aux Etats-Unis contre celle d'Américains incarcérés en Iran, dont un journaliste du Washington Post.

Le président François Hollande s'exprimera lui aussi devant les dirigeants du monde entier, au lendemain de la première frappe française contre un camp d'entraînement de jihadistes de l'EI près de Deir Ezzor, dans l'est de la Syrie.

Source : AFP

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