Déboutées aux prud'hommes, les "dames pipi" parisiennes poursuivent leur combat

  • Le Secrétaire général du syndicat FO, Jean-Claude Mailly (g), lors d'une manifestation devant les toilettes publiques de Montmartre à Paris pour défendre les "dames pipi", le 20 août 2015
    Le Secrétaire général du syndicat FO, Jean-Claude Mailly (g), lors d'une manifestation devant les toilettes publiques de Montmartre à Paris pour défendre les "dames pipi", le 20 août 2015 AFP/Archives - Sylvie Husson
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Centre Presse Aveyron

Touchées mais pas coulées. Les médiatiques "dames pipi" des monuments parisiens ont perdu mardi une manche dans le combat judiciaire les opposant au nouveau gestionnaire de plusieurs toilettes qui refuse de les reprendre, mais feront appel du jugement des prud'hommes.

Qualifiant de "profondément choquant et agaçant" le sort réservé aux plaignantes, la mairie de Paris s'est immédiatement engagée à les accompagner "vers une solution professionnelle stable", y compris par leur "intégration dans les effectifs de la ville" si nécessaire.

Onze salariées, souvent âgées et comptant de 12 à 32 ans d'ancienneté, se sont retrouvées sur la touche depuis le changement de la société gestionnaire de plusieurs toilettes de hauts lieux touristiques parisiens (Sacré-Coeur, Notre-Dame, Place de l'Étoile...) où elles travaillaient.

Sarivo PointWC, filiale du groupe néerlandais 2theloo qui a remporté l'appel d'offres lancé par la mairie de Paris, refuse de les reprendre et l'ancien gestionnaire, Stem, de les payer. Neuf salariées ont saisi la justice.

Le conseil de prud'hommes de Paris a débouté mardi six d'entre elles de leur procédure d'urgence, en estimant "qu'il n'y a pas lieu à référé", a indiqué à l'AFP l'avocat de Sarivo PointWC, Paul Coëffard.

Immédiatement, l'avocat des préposées aux toilettes a indiqué qu'il ferait appel.

"Nous allons même solliciter l'autorisation d'assigner en appel à jour fixe (...) pour que l'affaire soit examinée le plus rapidement possible", pourquoi pas "dans quelques semaines", a dit Me Fiodor Rilov.

"Déçu" par ce jugement, le syndicat Force ouvrière qui soutient les six employées, évoque l'urgence de la situation. "Il faut maintenant qu'on trouve le moyen de maintenir leur salaire jusqu'à la décision" au fond, a dit Hortense Betare (FO).

Non reprises et pas non plus licenciées, elles ne peuvent en effet pas prétendre à une indemnité chômage.

- "Moral très bas" -

"On a le moral très bas", a réagi auprès de l'AFP Mahliya Fiokouna, 45 ans, la plus jeune des employées concernées.

Alors "si la mairie nous embauche, ce serait une grande satisfaction pour nous car la seule chose que l'on veut c'est travailler, on ne veut pas s'inscrire au chômage", explique-t-elle. Seule avec trois enfants en bas âge, elle dit avoir "épuisé toutes ses économies".

Sarivo PointWC refuse d'appliquer la convention du secteur de la propreté, dont l'article 7 prévoit la reprise automatique des salariés.

La société fait valoir que son activité principale "ne relève pas de la propreté" mais consiste en "l'exploitation commerciale de sites".

Le jugement des prud'hommes de Paris "conforte la position qui est la nôtre depuis le début", a commenté pour l'AFP Me Coëffard. Selon lui, il n'était pas possible en référé de statuer sur la convention collective dont dépend une entreprise.

"C'est maintenant à Stem (l'ancien employeur) d'en tirer les conséquences", conclut-il.

Pour Force ouvrière, la responsabilité incombe également à la mairie de Paris, puisque "c'est le flou juridique dans l'appel d'offres" qui est selon elle à l'origine du litige.

La mairie de Paris avait promis à l'audience qu'elle trouverait "une solution" pour "qu'aucune salariée ne reste sur le carreau", elle a précisé mardi ses engagements.

La ville "accompagnera" les onze salariées "vers une solution professionnelle stable", y compris par leur "intégration dans les effectifs de la ville" si nécessaire, a annoncé à l'AFP Emmanuel Grégoire, adjoint (PS) à la Mairie de Paris chargé notamment des ressources humaines et des services publics.

"Si on part sur un procès sur le fond, il est évident qu'on ne va pas attendre trois, quatre ans, pour leur trouver une solution", a précisé l'élu, en rappelant néanmoins que ce n'est pas à la mairie de Paris "de suppléer les défauts de responsabilité des opérateurs privés".

La décision concernant les trois autres dossiers versés aux prud'hommes sera connue le 28 octobre.

Source : AFP

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