Air France: l'ampleur du plan de restructuration dévoilée lundi aux salariés

  • Des avions d'Air France stationnés sur le tarmac de l'aéroport de Roissy Charles de Gaulle le 18 mars 2015
    Des avions d'Air France stationnés sur le tarmac de l'aéroport de Roissy Charles de Gaulle le 18 mars 2015 AFP/Archives - ERIC PIERMONT
  • Schémas montrant les effectifs d'Air France, la composition de la flotte et les nouvelles mesures de réduction des coûts annoncées Schémas montrant les effectifs d'Air France, la composition de la flotte et les nouvelles mesures de réduction des coûts annoncées
    Schémas montrant les effectifs d'Air France, la composition de la flotte et les nouvelles mesures de réduction des coûts annoncées AFP - K.Tian/S.Malfatto
  • Le PDG d'Air France-KLM Alexandre de Juniac à Paris, le 2 octobre 2015
    Le PDG d'Air France-KLM Alexandre de Juniac à Paris, le 2 octobre 2015 AFP - ERIC PIERMONT
Publié le
Centre Presse Aveyron

Air France doit annoncer lundi à ses personnels les détails de son plan de réduction d'activité qui pourrait entraîner à court terme près de 3.000 suppressions de postes, dont deux tiers au sol, où les salariés sont appelés le même jour à la grève.

L'appel à cesser le travail lancé par trois syndicats (CGT, FO et Unsa) au niveau national, et par la CFDT dans le Sud, ne provoquera "pas de perturbations trop importantes", selon le PDG d'Air France-KLM, Alexandre de Juniac.

La compagnie doit préciser samedi son programme de vols, au vu des déclarations d'intentions déposées par les salariés.

Lundi, la direction communiquera officiellement au Comité central d'entreprise (CCE) sa décision de mettre en œuvre dès 2016 un nouveau plan de restructuration.

La réunion doit démarrer à 09H30 au siège de la compagnie à Roissy. Les représentants du personnel devraient lancer une procédure "d'alerte" sur le futur plan, rejeté par l'ensemble des syndicats. Une large intersyndicale appelle les salariés à manifester à 10H00.

Après "l'échec des négociations" avec les pilotes sur de nouvelles mesures de productivité, les administrateurs du groupe AF-KLM ont tranché jeudi en faveur d'un scénario "alternatif" au plan de productivité et de croissance "Perform 2020".

Si les réductions de coûts grâce au précédent plan devraient lui permettre de renouer avec les bénéfices en 2015, la compagnie tricolore reste prise en tenaille entre la concurrence des compagnies à bas coûts ("low cost") en Europe et celle des compagnies du Golfe sur le long-courrier. Avec ce "plan B", elle espère retrouver des marges d'investissements.

Ses grandes lignes sont connues: une réduction de 10% de l'offre long courrier, de nombreuses suppressions de postes et le report des commandes de Boeing 787.

Plus précisément, Air France retirerait 14 avions d'ici à fin 2017 et fermerait 5 lignes long-courrier, réseau déficitaire à 50% où elle prévoit également de réduire les fréquences de certaines lignes, ont rapporté des participants au conseil d'administration de la compagnie.

- Un plan en "deux phases" -

La direction évalue à 2.900 postes (300 pilotes, 700 hôtesses et stewards et 1.900 emplois au sol) le sureffectif en 2016 et 2017, de même source.

Pour la première fois de son histoire, des départs contraints sont envisagés, notamment chez les navigants et certaines bases au sol.

Mais les licenciements secs se feront "en dernier recours", a promis le patron d'AF-KLM Alexandre de Juniac, qui souhaite "privilégier les départs volontaires", comme la compagnie l'a fait pour supprimer 5.500 postes de 2012 à fin 2014.

L'ampleur du plan dépendra d'une éventuelle reprise des négociations avec les pilotes.

Selon plusieurs sources syndicales, la direction propose un plan en "deux phases" avec le retrait en 2016 de 5 appareils, puis - si les négociations n'aboutissaient pas - la sortie des autres avions. Avec à la clef plusieurs milliers de suppressions de postes supplémentaires, qui porteraient l'addition à 8.000 emplois en moins.

Selon un administrateur salarié, la stratégie de la direction est "très adroite", car elle met "une grosse pression sur le SNPL" (premier syndicat de pilotes), tout en "laissant le temps à la négociation". Le scénario d'"attrition" est une "arme atomique" que la direction agite "tout en espérant ne pas l'appliquer", d'autant plus qu'il fragiliserait les accords de partage d'activité entre Air France et sa consoeur néerlandaise KLM, estime-t-il.

Réduire la flotte serait "un contresens industriel", selon Béatrice Lestic (CFDT) qui redoute, à l'instar d'autres syndicats, qu'Air France ne récupère jamais les parts de marché abandonnées.

Le SNPL, désigné comme coresponsable de la situation par la CFE-CGC et la CFDT, affirme que sa "porte n'est pas fermée". Comme la direction si les syndicats de pilotes reviennent avec "une vraie volonté de discuter", a prévenu M. De Juniac.

Le Premier ministre a appelé à la reprise du dialogue pour "trouver les bonnes solutions pour l'avenir d'Air France" dont l'Etat détient toujours 17,6%. Pour le ministre de l'Economie Emmanuel Macron, les pilotes doivent "prendre leurs responsabilités".

Source : AFP

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?