Cerf abattu sur l'Aubrac : l'ONF s'explique

  • Le cliché publié sur Facebook a suscité l'indignation de nombreux internautes.
    Le cliché publié sur Facebook a suscité l'indignation de nombreux internautes. Repro CP
Publié le , mis à jour
Centre Presse Aveyron

C'est sans doute le cliché du week-end. Un cerf abattu gisant entre deux adolescents à l'arrière d'un pick-up siglé de l'Office national des forêts (ONF). L'image prise dans la forêt de l'Aubrac a suscité l'émotion sur les réseaux. Une émotion "légitime" concède son auteur, témoin de cette scène, dimanche, dans une zone normalement protégée. 

"C'est quand même douteux d'être invité, sans grand ménagement, à sortir d'une zone dédiée normalement à la tranquillité des cerfs en cette période de brame et de voir un pick-up repartir en nous offrant ce spectacle. D'autant qu'il n'y avait aucune mention de zone interdite", explique le photographe, qui devant le flot de commentaires, parfois peu accorts, préfère garder l'anonymat. 

Reste que pendant quelques heures, deux camps se sont affrontés sur Facebook. Les premiers estimant que l'initiative de cet "amoureux de la nature" comme il se présente, n'engendre qu'une "polémique stérile" quand les autres, plus nombreux, demandaient des comptes à l'ONF.

Contacté par nos soins, l'établissement public a souhaité réagir par la voix de son responsable territorial, Pascal Soriano. 

 

En balade photo aujourd'hui en pleine forêt pour apercevoir le cerf et le ré entendre bramer comme hier soir (un grand...

Posted by Entraygues on samedi 10 octobre 2015

 

Comprenez-vous l'émotion suscitée par ce cliché ?

Une fois encore, je me vois contraint d'éduquer les citoyens. La nature n'est pas ce paradis qu'ils imaginent. Il faut des personnes qui gèrent l'équilibre entre la faune et flore. La régulation des espèces telles que les grands cervidés est nécessaire et fait effectivement partie des missions de l'ONF.

En fonction des populations de cervidés [entre 280 et 350 spécimens sur l'Aubrac, selon la dernière campagne de comptage réalisée le 28 septembre dernier NDLR], nous appliquons un plan de chasse fixé par arrêté préfectoral, dont l'intérêt, je le répète, est de faire en sorte que cette population n'empêche pas le renouvellement de la forêt et de la végétation.   

On peut toutefois s'interroger quand on constate que ce cerf a visiblement été tué dans une zone de quiétude, dont la vocation première est de préserver la tranquillité de l'espèce en période de reproduction...

Ces zones de quiétude ont été validées au plus haut sommet de l'Etat et sont reconduites depuis 1995 pour faire face aux comportements de certains promeneurs qui, soyons clairs, font preuve de comportements irresponsables. Parenthèse mise à part, l'ONF organise le tir d'animaux, de cerfs coiffés en l'occurrence, dans des zones interdites au public pour assurer la sécurité des promeneurs. Nous privilégions également la période du brame pour faciliter l'approche et sélectionner les animaux à tuer. Nous effectuons des tirs sélectifs d'animaux qui peuvent parfois présenter des points de faiblesses ou une moins bonne conformation.

Combien de cerfs sont-ils abattus tous les ans ? 

Pour plus de clarté, précisons que la forêt domaniale l'Aubrac, soit 2600 hectares, est divisée en 3 lots. Le premier lot géré en régie directe par l'ONF représente 700 ha. Deux autres lots sont loués à des adjudicateurs (associations de chasse NDLR). Pour le territoire qui nous concerne nous prélevons moins de 10 têtes par an selon un plan de chasse fixé par l'Etat. Rassurez-vous, il n'y a pas de surchasse !

Des voix s'élèvent cependant pour dénoncer le caractère mercantile de cette démarche ? 

Je n'ai pas honte de la politique commerciale de l'ONF qui, comme bien des établissements, doit équilibrer ses comptes entre recettes et dépenses. Et l'activité chasse fait effectivement partie des recettes. Nous avons, en effet, des clients chasseurs qui souhaitent prélever des trophées. Nous assurons par conséquent des prestations de chasse guidée (1) à leur destination. Je tiens cependant à préciser, que chasseurs ou pas, les prélèvements se feront conformément au plan de chasse validé en préfecture. 

(1) Selon nos informations, la prestation de chasse guidée proposée par l'ONF se décompose entre une taxe d''accompagnement et de prise en charge de l'ordre de 300€ et d'une taxe de tir évaluée en fonction du trophée de l'animal prélevé. Cette taxe peut atteindre 4000€. Sur l'Aubrac, elle dépasse rarement 1500€. 

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