Stéphane Huet: «Je n’étais pas assez mature... »

  • Stéphane Huet a remporté la première édition à Rodez en 1995.
    Stéphane Huet a remporté la première édition à Rodez en 1995. Archives JLB
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Mathieu Roualdés

Internationaux Rodez-Aveyron à Vabre. Rencontre avec le premier vainqueur des Internationaux à Vabre, Stéphane Huet, désormais entraîneur fédéral chez les filles. 

C’est bien connu, les victoires ne s’oublient pas. Qu’elles soient sur le central de Roland-Garros face à un certain Ivan Lendl ou bien loin de toute effervescence, à Rodez. Si on lui rappelle souvent la première, Stéphane Huet n’en a pas pour autant omis la seconde glanée deux ans après son plus grand exploit. Pourtant, pas moins de 20 ans ont passé ! Désormais entraîneur fédéral chez les filles, le premier vainqueur des Internationaux à Vabre, âgé alors de 24 ans et tête de série n° 7 de ce qui s’appelait le Master du circuit satellite de développement France V, s’est souvenu de ce moment fort de 1995. Et il revient aussi sur sa carrière.

Vingt ans après, quels souvenirs conservez-vous de votre victoire à Rodez ?

J’avais battu Grégory Carraz en finale. À l’époque, c’était le grand espoir du tennis français, alors je ne peux pas oublier ! Puis, même si c’était sa première édition, le tournoi de Rodez comptait dans le circuit. Je me souviens également de la quiétude ambiante. C’est rare mais les conditions étaient idéales. On pouvait penser qu’au tennis. Sans être péjoratif, il n’y avait pas beaucoup de distractions à Rodez...

Deux ans auparavant, vous aviez réalisé un incroyable exploit en battant Ivan Lendl au 1er tour de Roland-Garros alors que vous sortiez des qualifications (294mondial)! Comment, après cela, se retrouve-t-on au modeste tournoi de Rodez ?

Tout simplement car après cet exploit, il n’y a pas eu de progression de ma part. Je n’avais pas le niveau pour jouer les compétitions majeures. Alors, je devais batailler dans les petits tournois pour gagner des points à l’ATP. Et Rodez offrait cette opportunité.

Ce fameux succès face à Ivan Lendl (3/6 7/5 6/0 7/6), comment le voyez-vous aujourd’hui ?

On m’en parle encore quelques fois. C’est une grande fierté et ce sont des moments incroyables à vivre. Car tu rentres sur le court pour ne pas prendre une fessée et finalement tu réalises un exploit retentissant! J’étais sur un petit nuage ce jour-là.

L’avez-vous recroisé depuis?

Non, jamais. C’était quelqu’un de très froid et on ne faisait pas partie du même monde. Il était une star alors que moi j’étais un petit joueur tout juste en devenir.

Pourquoi cette victoire est restée sans suite ?

Car je n’étais pas prêt mentalement, je n’étais pas assez mature. Une carrière se construit énormément à côté du tennis, et moi je n’avais pas la stabilité de ce côté-là avec des problèmes familiaux... Tous les grands champions ont un cadre de vie, un équilibre, une structure autour d’eux... Moi, je ne l’avais pas.

Avez-vous le sentiment d’être passé à côté de quelque chose ?

Non! On a chacun notre parcours et il ne faut pas vivre dans les regrets. Je ne veux pas retourner en arrière. J’ai appris à vivre dans le présent et ma carrière a été belle. Car, outre le succès face à Lendl, j’ai également joué plus de quatre heures sur le court central de l’US Open face à Todd Martin, j’ai aussi battu Lleyton Hewitt, même s’il était encore tout jeune... Bref, je ne garde que les bons souvenirs.

Que diriez-vous au futur vainqueur du tournoi de Rodez aujourd’hui ?

Qu’il continue de rêver, de prendre du plaisir. Car malheureusement, aujourd’hui, les jeunes ne rêvent plus. Je trouve qu’ils tirent tout le temps la «tronche» hors des courts. Ils manquent d’âme. Il faut prendre conscience que tennisman, c’est un beau métier. On n’est pas à plaindre. Surtout dans la conjoncture actuelle... 

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