La fragile quiétude retrouvée des migrants sur une ancienne base militaire

  • Des migrants sont accueillis par des bénévoles à Varennes-sur-Allier, le 23 octobre 2015
    Des migrants sont accueillis par des bénévoles à Varennes-sur-Allier, le 23 octobre 2015 AFP - THIERRY ZOCCOLAN
  • Un migrant se repose dans une chambre d'une ancienne base militaire à Varennes-sur-Allier, le 23 octobre 2015
    Un migrant se repose dans une chambre d'une ancienne base militaire à Varennes-sur-Allier, le 23 octobre 2015 AFP - THIERRY ZOCCOLAN
  • Des migrants sont accueillis par le préfet de l'Allier Arnaud Cochet à Varennes-sur-Allier, le 23 octobre 2015
    Des migrants sont accueillis par le préfet de l'Allier Arnaud Cochet à Varennes-sur-Allier, le 23 octobre 2015 AFP - THIERRY ZOCCOLAN
  • Des migrants tout juste arrivés à Varennes-sur-Allier, le 23 octobre 2015
    Des migrants tout juste arrivés à Varennes-sur-Allier, le 23 octobre 2015 AFP - THIERRY ZOCCOLAN
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Centre Presse Aveyron

"C'est la première fois que je me sens bien accueilli en France": entre les murs encore froids d'une ancienne base aérienne de l'Allier, 150 migrants savouraient vendredi leur premiers moments de paix, après avoir été évacués le matin même d'un lycée désaffecté où ils vivaient dans des conditions insalubres.

"On se sent protégé ici", témoigne Ali, 31 ans et originaire du Soudan.

Après avoir travaillé des mois en Egypte, payé 7.000 dollars à un passeur, traversé comme tant d'autres la Méditerranée entassé sur un bateau sans boire ni manger, puis traversé l'Europe à pied, il décompresse, "pour la première fois" depuis son départ de son pays il y a deux ans.

Les yeux grand ouverts, le jeune homme découvre la chambre spartiate qu'il partage avec un autre migrant.

"C'est propre et confortable. Je vais enfin pourvoir dormir pour la première fois depuis des mois", dit-il dans un anglais impeccable en touchant de ses doigts la couette vert tendre qui recouvre son lit.

Plus de 1.300 migrants ont été évacués dans le calme dans la matinée de l'établissement scolaire Jean-Quarré, dernier grand campement installé à Paris après les évacuations sous le métro La Chapelle début juin et près de la gare d'Austerlitz mi-septembre.

"La-bas, j'ai cru devenir fou. Tout le monde tombait malade. Il y avait des bagarres. Je me suis même mis à boire de l'alcool et à fumer pour tenir", raconte ce Soudanais qui dit avoir fui son pays après avoir été torturé en prison et subi des pressions politiques.

- Un peu perdus -

Dans les couloirs de la base, située entre Vichy et Moulins, la vie résonnait à nouveau depuis la fermeture de la base le 30 juin par le ministère de la Défense.

Aidés par une armada de bénévoles parlant parfois difficilement anglais, les migrants originaire de Somalie, d’Érythrée, de Libye et d'Afghanistan, prenaient bruyamment possession de leur chambre, avant de se ruer pour certains sous une douche bien chaude.

Au total, deux cent migrants, volontaires pour venir en Auvergne, seront accueillis pendant un mois dans ces locaux réquisitionnés en urgence par l’État.

"Ils seront invités, soit à accepter l'aide au retour volontaire dans leur pays d'origine, soit à engager des démarches pour se faire délivrer une autorisation provisoire de séjour (..) et devenir ainsi demandeur d'asile", a expliqué devant la presse le préfet de l'Allier, Arnaud Cochet.

Une fois l'autorisation temporaire obtenue, les migrants seront hébergés dans des Centre d'accueil de demandeurs d'asile (Cada) en fonction des places disponibles dans la France entière.

"Moi, je veux rester en France, pas aller en Angleterre ou en Allemagne. J'ai déjà trop souffert et puis c'est beau ici", s'extasie à son tour le Somalien Ahmed Jamal, 22 ans, devant les murs jaunes pâles un peu fanés de la base militaire.

Le temps de leur séjour, les migrants seront accompagnés par l'association locale Viltaïs, qui les aidera dans leurs démarches administratives ainsi que dans leur apprentissage des rudiments du français.

"Pour l'heure, ils sont un peu perdus, cherchent à se reposer. Beaucoup demandent dans quel coin de France ils sont désormais. D'autres sont partis faire leurs aux courses au supermarché d'à côté. Ils n'ont pas compris qu'il seraient nourris ici trois fois par jour",relève de son côté un bénévole de l'association, Xavier de Soultrait.

"On ne peut pas les laisser dehors, comme ça cet hiver. Il fallait faire quelque chose", ajoute le bénévole, avant de répondre aux questions d'un petit groupe de migrants un peu déroutés, serrant dans leurs mains leurs maigres effets.

Source : AFP

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