"Air cocaïne": les pilotes s'en remettent à la justice française, Paris nie toute implication dans leur fuite

  • les deux pilotes français Jean-Pascal Furet et Victor Bruno Odos, lors d'une audience le 4 février 2014 à Higuey en République Dominicaine
    les deux pilotes français Jean-Pascal Furet et Victor Bruno Odos, lors d'une audience le 4 février 2014 à Higuey en République Dominicaine AFP/Archives - Erika Santelices
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Centre Presse Aveyron

Après leur fuite rocambolesque de la République dominicaine, dans laquelle la France nie toute implication, les deux pilotes d'avion français lourdement condamnés pour trafic de cocaïne affirment vouloir s'en remettre à la justice française.

L'affaire "Air Cocaïne" a pris l'allure d'un scénario de film d'action sous les Tropiques lorsque Pascal Fauret et Bruno Odos ont fui la République dominicaine par bateau puis par avion, via les îles de Saint-Martin et de la Martinique, selon une source proche du dossier, pour rentrer en métropole ce week-end, malgré une interdiction de quitter ce territoire après leur condamnation à vingt ans de prison.

"Nous prenons acte du retour en France de nos deux compatriotes. Leur décision est un acte individuel dans lequel l'Etat n'est nullement impliqué", a déclaré un porte-parole du Quai d'Orsay, peu avant une conférence de presse d'"au moins un des pilotes" à Paris.

L'un de leurs avocats, Jean Reinhart, a demandé à ce que Pascal Fauret, 55 ans, et son copilote, Bruno Odos, 56 ans, tous deux anciens de la Marine nationale reconvertis dans le civil, "puissent être entendus rapidement" par la juge d'instruction chargée à Marseille de l'enquête française, ouverte après l'interception en 2013 d'un avion bourré de cocaïne en République dominicaine. Une dizaine de personnes sont mises en examen notamment pour importation de stupéfiants en bande organisée dans ce volet marseillais, dont les deux pilotes.

"Ils sont en France non pas pour fuir la justice mais pour chercher la justice", a insisté Me Reinhart.

"Leur avocat a pris contact avec la juge d'instruction", a confirmé le parquet de Marseille, qui a promis de prochaines "décisions". Le procureur général de Saint-Domingue doit, lui, s'exprimer mardi.

"Prévenu au dernier moment", le président du comité de soutien aux pilotes, Philippe Heneman, a dit les avoir "vus à Paris", sans préciser la date ou les circonstances de cette rencontre. Les deux hommes, qui souffrent d'un "certain nombre de soucis de santé - problèmes de dents, de dos, et d'audition pour l'un d'entre eux" -, ont "retrouvé leurs épouses et leurs enfants", selon M. Heneman.

- Inquiétudes autour du sort des deux autres Français -

L'affaire remonte à la nuit du 19 au 20 mars 2013, quand la police dominicaine avait intercepté sur le tarmac de l'aéroport de Punta Cana un Falcon 50 avec 26 valises contenant 680 kilos de cocaïne à son bord.

Le 14 août, les pilotes ont été condamnés, avec deux autres Français, le passager Nicolas Pisapia et l'apporteur d'affaires Alain Castany, restés en République dominicaine, à 20 ans de prison par le tribunal de Saint-Domingue. Quatre Dominicains ont écopé de cinq à dix ans de prison.

Les quatre Français, qui ont effectué 15 mois de détention provisoire, avaient comparu libres à leur procès et n'ont cessé de clamer leur innocence, plaidant qu'ils ne savaient pas que de la drogue se trouvait à bord de l'avion. Les pilotes expliquent n'avoir "jamais été auditionnés par les Dominicains" et dénoncent une parodie de justice.

Après leur condamnation, ils sont restés libres dans l'attente de l'examen de leur appel, mais avaient interdiction de quitter la République dominicaine.

Le sort des deux Français restés sur place sous liberté surveillée préoccupe, notamment celui d'Alain Castany, qui risque une amputation après avoir été "fauché par une moto" à Saint-Domingue, selon son avocat et qui a demandé son rapatriement.

"Le départ de Bruno Odos et Pascal Fauret ne peut que polluer toute démarche auprès des autorités dominicaines pour obtenir son rapatriement en France, a expliqué sur Europe 1 son avocat, Karim Beylouni, précisant que son client n'avait pas été "tenu informé de l'entreprise de ces deux pilotes".

Nicolas Pisapia n'a pas non plus été tenu au courant du départ des pilotes, selon son avocat, Julien Pinelli, "et n'avait de toute façon pas les soutiens nécessaires pour mettre en oeuvre une telle entreprise".

Plusieurs personnalités politiques comme les députés Christian Kert (Les Républicains), Jean-Pierre Maggi (PS) ou Sergio Coronado (EELV) craignent également une détérioration" des conditions de vie de Nicolas Pisapia et Alain Castany.

Source : AFP

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