Aveyron : pourquoi les avocats aveyronnais sont en grève ?

  • Mes Gaudy et Salles : «Nous allons cesser d’accepter de travailler dans ces conditions».
    Mes Gaudy et Salles : «Nous allons cesser d’accepter de travailler dans ces conditions». José A. Torres
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Charles Leduc

Justice. Mobilisées contre la réforme programmée de l’aide juridictionnelle à l’instar des avocats de la quasi-totalité des barreaux de France depuis la semaine dernière, les robes noires du département ont redoublé de colère, lundi

Mobilisées contre la réforme programmée de l’aide juridictionnelle à l’instar des avocats de la quasi-totalité des barreaux de France depuis la semaine dernière, les robes noires du département ont redoublé de colère, lundi. 

En début d’après-midi, beaucoup se sont rassemblées sur les marches du palais de justice de Rodez arborant parfois sur leurs robes des rabats de couleur rouge, pour exprimer leur mécontentement. «Le rabat rouge est un symbole. Nous le portions lors de la marche à laquelle nous avions participé à Paris, il y a un an, pour dénoncer les méfaits de la loi Macron», attaque MMarie-Madeleine Salles, bâtonnière des avocats de l’Aveyron.

Et d’ajouter que ces pièces de tissus écarlates incarnent désormais «des larmes de sang, de colère et d’indignation» répondant aux «violences budgétaires et physiques» dont les avocats font l’objet. La bâtonnière pointe ainsi du doigt les «affrontements» opposant les siens aux forces de l’ordre à Lille, Toulouse ou Boulogne. Mais aussi (et toujours) la réforme de l’aide juridictionnelle (AJ), inscrite au prochain budget de l’État.

Du coup, ce début de semaine se caractérise par un durcissement du mouvement. Alors que deux journées «justice morte» sont programmées aujourd’hui et demain, partout en France, les avocats ont cessé d’intervenir dès hier dans les tribunaux. Et les effets de cette «mobilisation plus importante que lors de la contestation de la réforme de la carte judiciaire» seront palpables jusqu’à mercredi soir : «Toutes les affaires dans lesquelles intervient un avocat seront renvoyées», indique MSalles.

«Paradoxe»

Les avocats espèrent ainsi que le gouvernement reverra sa copie consacrée à la réforme de l’AJ. «L’article 15 de la loi de finances 2016 prévoit une baisse de l’indemnisation pour rétribuer les avocats qui interviennent au titre de l’AJ, comprise entre 30% et 70%»[/CIT], explique la bâtonnière. Et, dans le même temps, «on accroît le plafond de l’aide juridictionnelle en l’augmentant de 100 000 personnes».  «C’est le paradoxe!» lâche-t-elle. De plus, alors que l’État prend aujourd’hui en charge l’indemnisation des avocats, l’article 15 prévoit que la profession finance désormais l’AJ. Accompagnée de l’ancien bâtonnier MeÉlian Gaudy, Marie-Madeleine Salles met l’Exécutif en garde.

Dans un département où l’AJ est assurée «sur la base du volontariat» (la moitié de la soixantaine d’avocats inscrits au barreau peut intervenir à ce titre), «nous allons cesser d’accepter de travailler dans ces conditions. Demain, il n’y aura plus de service public de la justice». Cela, «parce qu’il va être impossible pour les avocats de se maintenir», au regard de ce que prévoit la réforme. Une chose semble certaine: comme le dit la bâtonnière, les avocats sont «déterminés». À quel point ? MeGaudy apporte un élément de réponse: «En 2000-2001, déjà mobilisés pour l’AJ, nous avions tenu de début novembre à mi-janvier».

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